Hamalla Haïdara, Maire de la Commune Urbaine de Kati :«J’invite tout le monde au travail et qu’on arrête avec les discours creux»

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Grand démocrate au parcours atypique et acteur clé de l’histoire politique dans la ville de Kati, Hamalla Haïdara alias «Grand H», connu pour sa loyauté et son caractère légaliste, aura refusé, à trois reprises, le poste de Maire. Après 30 années de carrière politique aussi longue que riche, «Grand H» s’est forgé une solide réputation. Le 6 juin 2009, il a été élu à la tête du Conseil communal avec une majorité absolue face au Maire sortant, Yoro Ouologuem. Nous nous sommes entretenus avec lui sur l’actualité de Kati et du Mali, dans le cadre du lancement du N°00 de votre Bimensuel «Le Katois». Lisez !

Le Katois : Vous êtes aux affaires depuis le 6 juin 2009. Quel bilan tirez-vous à mi-chemin de votre mandat?

Hamalla Haïdara : Il est trop tôt de tirer un bilan, mais nous avons fait quelques réalisations qui augurent de meilleurs espoirs pour le développement futur et durable de la Commune de Kati. D’abord, nous avons rénové et pavé, grâce à l’implication personnelle du Président de la République , Amadou Toumani Touré et l’Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (APEJ), le marché de Kati. Ensuite, l’ancien abattoir n’est qu’un mauvais souvenir pour la population de Malibougou et les bouchers qui occupent déjà les nouveaux locaux aménagés. L’absence de la Protection civile était un véritable casse-tête pour la ville de Kati qui compte environ 200 000 habitants. Aujourd’hui, Kati dispose d’un poste de secours de la Protection civile (Sapeurs pompiers). En souvenir et en reconnaissance à ceux qui se sont battus pour l’indépendance, nous avons décidé de les immortaliser à l’occasion de la célébration des festivités marquant le Cinquantenaire de notre pays. Des rues, à travers la ville, ont été baptisées en leurs noms. Dans le cadre de l’assainissement, nous avons signé un accord avec l’entreprise Hamidou Kéïta qui s’occupe du nettoyage et du balayage des 5 km de goudron offerts par ATT. Sans la propreté, nous ne pouvons pas parler de santé. Avec la coopération entre la ville de Kati et son homologue allemande, nous avons lancé l’opération «Centrale d’énergie solaire» qui a commencé avec la Mairie. Elle sera étendue à d’autres quartiers, mais les techniciens allemands reviendront bientôt pour commencer les travaux d’installation pour le quartier de Hérémakono.

Dans le cadre du rapprochement de la Mairie aux usagers, nous avons construit trois Centres d’Etat Civil Secondaire qui sont tous opérationnels. Cet acte dénote la volonté de décentralisation et de la promotion féminine par les plus hautes autorités. Le personnel des trois Centres (Sananfara, Coco et Malibougou) est essentiellement constitué de femmes. Je pense qu’il ne faut pas qu’on fasse seulement des discours, il faut qu’on aille aux choses concrètes et c’est dans ce cadre que nous avons décidé de confier celui de Coco à une femme élue, Nènè Sanganré. Derrière le Centre de Santé de Référence Moussa Diakité, la salle de spectacle, tant réclamée par la population, est quasiment en finition. Même si elle paraît petite, mais un tient, vaut mieux que deux tu auras. Kati en avait tellement besoin et elle sera inaugurée dans quelques mois.

A la Mission , il n’y avait pas d’école publique ; nous sommes en train de construire trois classes avec un magasin et une Direction. Aussi, nous avons désenclavé la Mission II et nous avons tout gratté derrière les rails pour la rendre accessible. Le mois prochain, le projet de pisciculture sera lancé. Sept étangs ont été construits à cet effet et ils vont accueillir les alevins, c’est-à-dire, les petits poissons. Certes, nous ne disposons pas du fleuve Niger, ni du fleuve Sénégal, mais à travers ce programme de culture de poissons, nous sortirons de la tutelle de Bamako. On ne peut pas aspirer à un développement durable sans de telles initiatives. Nous avons également construit quatre hangars dans les marchés des quartiers de Coco, Sananfara et Malibougou. Ce n’est qu’un début, nous allons continuer progressivement avec les marchés d’autres quartiers. Sur le plan sanitaire, le CSCOM de Sananfara est fini et il a été équipé en matériels et en médicaments.

Monsieur le maire, vous venez d’évoquer plusieurs réalisations importantes. Quels sont, aujourd’hui, les chantiers qui vous tiennent à cœur et que vous comptez réaliser avant la fin de votre mandant ?

Parmi les grands chantiers, il y a les 6 classes construites par l’Association Sabougnouma dirigée par le 2ème Adjoint, Boubacar Traoré alias «Bouba». Sabougnouma a aussi construit la Maison Auto Promotion des Femmes et elle est déjà opérationnelle. C’est le lieu de les remercier. Aussi nous sommes à pied d’œuvre pour doter la ville d’infrastructures sportives digne de ce nom. Je ne suis pas sportif, mais il est inacceptable que les deux terrains (le Stade municipal Vincent Traoré et celui de Coco Plateau) ne soient pas gazonnés. Nous nous déploierons pour refaire ces stades. Il y a plusieurs autres chantiers à bâtir que nous n’évoqueront pas aujourd’hui et qui constituent des défis majeurs pour moi et mon équipe.

Comment se portent le jumelage et la coopération internationale entre la ville de Kati et ses partenaires ?

C’est vrai que le jumelage entre Kati et ses villes sœurs avait pris un coup au moral, mais la situation se normalise petit à petit. Aujourd’hui, nous avons un jumelage exemplaire avec les villes de Puteaux et de St-Sébastien. La ville de Puteaux vient, d’ailleurs, de nous octroyer deux camions bennes collecteurs pour l’évacuation des ordures. Les Allemands aussi font ce qu’ils peuvent. Ils vont bientôt construire la Maison des femmes à Farada et rénover et équiper le jardin de Noumorila, à côté de la Mairie. Donc , la coopération et le jumelage se portent très bien aujourd’hui.

Quel appel lancez-vous à la population de Kati ?

Chacun de nous est appelé à jouer sa participation pour aspirer à un développement durable de la ville de Kati. Cela passe, forcément, par le paiement des taxes et impôts ainsi que la TDRL. Un citoyen qui ne s’acquitte pas de ses impôts n’est pas un bon citoyen et il n’a pas droit à la parole. Aujourd’hui, sans exception, tout le monde doit contribuer au développement de la ville de Kati. Il n’y a pas que les élus municipaux seulement. Sans nous, personne ne viendra développer la ville de Kati à notre place. Donc, j’invite tout le monde au travail et qu’on arrête avec les discours creux.

Sur un autre plan, que pensez-vous de la nouvelle reforme institutionnelle que le Mali s’apprête à adopter à l’issue d’un referendum prévu avant fin 2011 ?

La Constitution malienne avait besoin d’une cure de jouvence et de faire peau neuve. On n’a pas touché à certains articles, notamment, la mandature du président de la République. Elle est toujours maintenue à deux mandats de cinq ans. On a aussi procédé à de nouveaux découpages avec la création de nouveaux régions et cercles. Je pense que c’est une bonne chose, mais il faudrait qu’on tienne compte du caractère ethnique et qu’on ne fasse pas un découpage abusif au gré des politiciens. C’est très important.

Qu’est-ce-que vous pensez de cette initiative de création d’un bimensuel dénommé : «Le Katois» ?

C’est une très bonne initiative qui mérite d’être soutenue et appuyée par la population de Kati dans sa globalité. Ce sera une tribune d’expression et d’information. Kati compte environ 200 000 habitants et il n’y a pas de journal à Kati. C’est incompréhensible, car de surcroît, Kati constitue un vivier important d’intellectuels au Mali. Pour réussir, il faut vraiment oser pour ne pas rester à l’état statique. J’en suis sûr, ce Journal contribuera à développer la lecture chez les jeunes. Je souhaite bon vent au Bimensuel «Le Katois». Notre soutien ne lui fera pas défaut !

Réalisé par Mamadou DIALLO «Mass»

Le Katois

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