“…La médecine excelle moins dans le traitement de l’intox que l’intoxication !”
Président du Pati Jeunesse Alternance et une des personnalités les plus en vue dans le social au Mali, Hamady Sangaré dit Zé la solution se fait pourtant discret au plan politique, mais les réseaux sociaux le rappellent au bon souvenir des populations. Pourquoi cette posture ? Hamady Sangaré qui vit bien au Mali, contrairement à des rumeurs qu’il dément d’ailleurs dans cet entretien, s’en explique, non sans cette concision dans la précision qui le caractérise. Entretien !
Aujourd’hui-Mali : A part les réseaux sociaux, on ne vous voit presque pas dans des activités publiques. Pourquoi ?
Hamady Sangaré : Disons juste que la situation actuelle au pays est assez trouble pour qu’on y mène des activités politiques telles que vous imaginez. Tout de même, je participe, çà et là, à quelques activités qui sont plus sociales que politiques. Je pense d’ailleurs que c’est le cas pour beaucoup de politiques qui se limitent à garder le contact avec les militants ou à élaborer des stratégies pour les échéances à venir. J’écris assez souvent sur les réseaux sociaux car j’appartiens à beaucoup de groupes WhatsApp dans lesquels j’interagis par rapport aux problèmes de l’heure. Ces interventions sont très souvent du goût des lecteurs car elles sont teintes d’un certain réalisme. Alors, contre toute attente de ma part, les lecteurs se les partagent. Je pense ainsi contribuer à partager ma vision socio-politique du pays sans complaisance.
Ce qui nous amène à cette précision : Hamady Sangaré vit-il actuellement au Mali ou à l’étranger ?
Je suis, bien entendu, à Bamako où je réside, même si les affaires ou le social m’amènent à voyager assez souvent. Tous ceux-là, qui me connaissent, savent que je travaille à l’international et que mes voyages sont fréquents et parfois soudains. Comme on ne peut voyager du Mali pour l’étranger de nos jours, sans que des esprits malicieux y voient une fuite hors du territoire, des rumeurs sans fondement n’ont jamais cessé de courir me concernant. Je suis au Mali que j’adore plus que partout ailleurs et il n’y a aucune raison que je fuis de mon pays, péremptoire !
On a lu, sur Facebook, ce que j’appelle votre cri de cœur. Qu’en est-il bien exactement ?
Mon cri de cœur dans ma dernière publication concerne les monstrueux et répétitifs appels au meurtre dans le Mali d’aujourd’hui. Je trouve que ces attitudes, nouvelles et abjectes, ne sont pas supportables dans un pays comme le Mali où la morale religieuse et la cohésion sociale l’ont toujours emporté sur tout.
Aujourd’hui, pour de simples divergences de vues sur la vie politique, ceux qui ont de tout le temps vécu ensemble, en viennent à être, non pas des adversaires, mais des ennemis jurés prêts à croiser le fer ou à se vouer aux gémonies. Comment comprendre que de simples citoyens, sans qualification aucune, révoquent à d’autres qui ont parfois blanchi sous le harnais dans la défense de la patrie, la citoyenneté qui est un statut juridique ? De nouveaux et pseudo justiciers adoubés par des mercenaires du net, innovent le vocabulaire de la plèbe par des mots comme apatrides, traîtres, collabos, laquais, souverainistes et j’en passe.
J’ai donc jugé nécessaire de dénoncer ces pratiques nouvelles qui peuvent constituer des ingrédients pour une fracture sociale, voire une guerre civile.
En tant qu’acteur politique, puisque vous êtes chef de parti, quel message lancez-vous aux autorités de la Transition ?
En tant que président de parti, j’invite les autorités politiques et la justice malienne à sévir contre toutes ces violences verbales ou physiques pour rendre l’environnement socio-politique plus vivable. La diversité ethnique ou culturelle n’a jamais constitué d’entrave à notre cohésion sociale légendaire. On ne peut alors laisser la politique nous diviser autant. Les autorités doivent accentuer les efforts de sensibilisation pour réunir les filles et fils de ce pays autour de l’idéal Mali, comme dans sa devise “un peuple, un but, une foi“.
Et quel message aux populations ?
J’invite les populations à se méfier des risques de la désinformation qui est la source principale de la haine et de l’inimitié dans ce pays.
La prolifération des radios libres ne respectant aucune déontologie, les mercenaires du net cachés derrière de faux profils, les vidéomans passionnés mais moins rationnels, sont ceux-là qui ont rendu le climat socio-politique délétère au Mali.
Les populations doivent arrêter de boire, sans discernement et au petit bonheur, tout ce qu’on leur raconte. De nos jours, le peuple malien, dans tous ses compartiments, vit plus d’informations que de d’aliments. Il faut alors que l’information soit plus saine et comestible car la médecine excelle moins dans le traitement de l’intox que l’intoxication !
Réalisé par Amadou B. NIANG