Hamadoun Konaté, ministre de la solidarité et de l’action humanitaire : « Notre pays a tenu bon grâce à notre solidarité agissante »

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Hamadoun Konaté
Hamadoun Konaté, ministre de la solidarité, de l’aide humanitaire

Dans cette interview, l’un des ministres les plus côtés du gouvernement-que sa modestie en souffre-fait une démonstration hardie de sa philosophie de l’action dont la consécration reste le seul bonheur des Maliens.

Le Prétoire : Pourquoi un Ministère de la solidarité, de l’action humanitaire et de la reconstruction du nord?

Hamadoun Konaté : C’est une volonté forte du Président de la République de faire de l’action humanitaire une priorité dans le souci d’éviter  des pertes en vies humaines, des  souffrances engendrées par des catastrophes naturelles et anthropiques, des épidémies ou des conflits.

La solidarité ne doit-elle pas être un acte de tous les jours et pas seulement en octobre ?

Dans mon discours de lancement du mois de la solidarité, j’en ai fait cas. C’est pour vous dire que c’est une action permanente de tous les jours qui fait partie de nos valeurs culturelles. Notre pays a tenu bon aux moments des grandes crises, de cherté de la vie, des flambées de prix sur le marché, cela grâce à notre solidarité agissante.

Quelles sont les actions menées à la tête du département depuis votre arrivée notamment en termes de solidarité, d’action humanitaire et de reconstruction du nord?

Dans le cadre du renforcement institutionnel, on note l’existence de nombreux acteurs nationaux et internationaux dans la mise en œuvre des réponses humanitaire, ainsi que l’élaboration d’une politique nationale de l’action humanitaire pour servir de référentiel à la coordination et à la mise en œuvre des actions humanitaires. Des actions de plaidoyer sur les réponses à apporter à la situation humanitaire ont été réalisées par le département ministériel et la coordination humanitaire des Nations Unies auprès des organisations internationales et sous-régionales des représentations diplomatiques des Pays (Afrique du Sud, Algérie). Elles ont permis la mobilisation de ressources financières et l’acquisition des vivres et des non-vivres et la réactivation du dossier d’installation des entrepôts humanitaires de la Cedeao au Mali. Concernant le volet planification, les actions réalisées ont porté sur  le Plan d’action 2014 pour la préparation aux inondations, l’élaboration du plan d’action humanitaire, la stratégie nationale pour l’encadrement, le retour et la réinsertion socio-économique des PDI, des rapatriés et des réfugiés. Concernant le volet intervention opérationnelle, les actions réalisées ont porté sur la mise en œuvre d’un programme d’urgence axé sur l’amélioration de la desserte en électricité par l’énergie solaire, la réparation des dégâts causés sur les infrastructures de santé et de l’éducation qui combineront une intervention d’entrepreneurs locaux et une utilisation des jeunes sous la forme de chantier à Haute Intensité de Main d’œuvre (Himo),de même que le soutien à la mobilisation des femmes pour la consolidation de la paix. On peut également noter  le renforcement de la collecte et de la compilation des données sur les personnes déplacées internes (PDIs) avec les acteurs humanitaires (OIM et Unhcr), pour le suivi des mouvements et les besoins des PDIs, l’assistance aux populations victimes de catastrophes naturelles et anthropique par la fourniture des vivres et non vivres et l’octroi des frais de location. Il en est de même de la mise en œuvre d’un programme de distribution des vivres aux populations des zones du Nord et celles identifiées vulnérables à l’insécurité alimentaire , la facilitation du retour des personnes déplacées internes (PDIs) avec l’appui des partenaires humanitaires ,l’organisation des visites d’échanges et l’évaluation des besoins avec les populations restées sur place dans les zones du Nord, sans oublier l’accueil et l’encadrement des maliens rapatriés des pays Africains avec les signatures d’un Accord Tripartite Gouvernement-Unhcr – Niger pour la facilitation du retour des refugiés vivant au Niger et au Burkina Faso. Par rapport au volet Renforcement des capacités nationales, il ya eu la formation d’une trentaine  de responsables nationaux des niveaux central et régional sur la réponse aux urgences et aux catastrophes, l’assistance technique aux Directions Nationales et Régionales du Développement Social et de l’Economie Solidaire (Drdses) des zones du Nord par la mise à disposition des experts de la Cedeao. Le volet Coordination s’est renforcé avec la mise en place d’une rencontre hebdomadaire Msahrn et Coordination Humanitaire du Système des Nations Unies pour le suivi des actions et les orientations stratégiques.

On imagine que d’importantes ressources ont été mobilisées à cet effet qu’en diriez-vous ?

800,000 USD ont été octroyés par l’Union Africaine et la Cedeao pour couvrir les besoins alimentaires des populations en situation de précarité ; 264 millions USD ont été mobilisés au compte de l’Appel Consolidé en 2013 et 568 millions USD programmés pour le Plan de Réponse Stratégique des Nations Unies au Mali pour 2014. Un système de solidarité nationale a été mis en place pour la participation du secteur privé dans les réponses humanitaires. A cela , il faut ajouter le financement du plan d’intervention d’urgence par le Gouvernement d’un montant de 2 milliards pour la desserte des grandes agglomérations en électricité, la reconstruction et l’équipement des services sociaux de base.De même que la signature d’un protocole d’accord  de 350.000.000 F CFA entre le Ministère de la Solidarité, de l’Action Humanitaire et de la Reconstruction du Nord et l’Ecobank pour accompagner les activités de réinsertion des déplacés de retour, participant du coup au relèvement économique des régions Nord.

Un million de dollar US a été mobilisé par le Msahrn et l’OIM auprès de l’Ambassade du Japon pour le relèvement précoce et  l’assistance à la stabilisation des communautés dans les zones de retour des régions de Tombouctou, Gao et Mopti.

Qu’en est-il de la sécurité alimentaire  et de la gestion des catastrophes naturelles et anthropique?

Plus de 2.000 tonnes de céréales ont été pré-positionnées dans les régions de Mopti, Gao, Kidal, Tombouctou pour contribuer à l’amélioration de la situation nutritionnelle des familles vulnérables ou de retour ;Plus de 2 millions de personnes en situation d’urgence alimentaire en 2013 ont reçus des vivres par les acteurs humanitaires internationaux et le Msahrn. En ce qui concerne les catastrophes , 210 rescapés du naufrage de Koubi ont été pris en charge et encadrés pour leur retour dans les zones de résidence , plus de 2.000 maliens rapatriés de la République Centrafricaine  ont été pris en charge (Accueil, couverture sanitaire et retour dans leur lieu d’origine) ,l’assistance à 12.127 personnes victimes des inondations (Prise en charge des loyers trimestriels des familles sinistrées, distribution de vivres et non vivres,). Ont peut noter la prise en charge médicale de 5750 personnes indigentes à travers l’Agence Nationale d’assistance Médicale et les Services du développement Social, de 10 personnes victimes de Brulures à Kabala et de 8 civils blessés de Guerre et l’appui en vivres, en médicaments et divers produits et matériel au Service Social des armées.Un appui  a été fait aux otages de Kidal (mai 2014) pour la prise en charge psychologique et mentale des rescapés de la guerre. Quel sont les efforts fournis en termes de services sociaux de Base ?

Il ya eu l’installation de 226 lampadaires solaires dans les villes de Tombouctou, Douentza, Gao, Ansongo, Bourem et Baria, l’appui à la rénovation et à l’équipement des établissements scolaires et des formations sanitaires dans les zones du Nord , la mise en œuvre des projets de filets sociaux aux populations vulnérables sur l’ensemble du pays (Banque mondiale et echo) , la réparation de motopompes au profit de certaines exploitations familiales (50 ménages) de Tombouctou et Gao (crédits délégués aux Directeur Régional du Budget

Quel est le mode de gestion de l’aide humanitaire et comment arrive-t-elle aux populations cibles ?            

La transparence est de mise dans la gestion de l’action humanitaire (reportage des actions).La fonctionnalité des bases de données pour le suivi des mouvements des PDIs et des rapatriés et  l’implication des communautés dans la gestion de l’action humanitaire  sont autant de mesures  permettant de mieux contrôler cette aide. L’économie solidaire est une gageure, que fait le département dans ce jeu ?            

Loin d’être un jeu, c’est plutôt un enjeu de taille car ce secteur est un grand pourvoyeur d’emplois et c’est pourquoi le département a élaboré dans une approche très participative avec les différents partenaires, un document de politique nationale d’économie sociale et solidaire et son plan d’actions pour plus de 28 milliards de Francs CFA validé le 09 octobre 2014 en Conseil des Ministres. Cette mise en œuvre contribuera a créé des richesses en vue de la relance de l’économie locale en renforçant la capacité contributive des populations en matière de mutuelles, coopératives et associations gestionnaires. Il va s’en dire que tous les indicateurs de développement humain durable connaîtront des améliorations en passant inéluctablement par ceux de la santé pour le taux de contact en terme de couverture de santé par les mutuelles de santé et la couverture du secteur informel et ou agricole.

Qu’en est il du retour des refugiés ?               

Plus de 21.000 refugiés sont retournés dans leur lieu de résidence sur la base du volontariat et le Gouvernement a procédé au remboursement des frais de transport d’un montant de156.000.000 F CFA ,Plus de 196 000 personnes déplacées internes sont retournées à Tombouctou et Gao.

Les autorités connaissent- elles leur état, leur nombre, leurs conditions de vie ? Les autorités maitrisent la situation de l’ensemble des mouvements des PDI et des refugiés. Tout retour de ces populations est encadré par les services techniques de mon département appuyés par les partenaires internationaux. Pour conforter tout cela, il ya eu des signatures d’accords cadres Etat Malien, Unchr et pays hôtes pour faciliter le retour organisé des maliens refugiés.

Qu’est-ce qui a motivé le gouvernement à instituer le régime de l’assurance maladie obligatoire au Mali et que compte t-il faire pour pérenniser ses actions?

Le propre de l’assurance maladie c’est permettre aux assurés d’accéder aux soins de santé dans les meilleures conditions et à peu de frais. L’AMO a été institué depuis 2009 pour lever la barrière financière chez les fonctionnaires, travailleurs, retraités, députés et leurs ayants droit quant à leur accès aux soins de santé. Elle permet de raffermir la solidarité entre les assurés de garantir l’égalité entre eux quant à leur prise en charge en cas de maladie.Déjà le fait qu’une loi soit instituée pour développer l’AMO constitue une volonté politique incontestable. Malgré les difficultés que nous avons connues au démarrage, le Gouvernement, les prestataires et les partenaires sociaux s’investissent tous les jours pour raffermir la mise en œuvre de cette importante réforme. L’amélioration de la gestion technique, administrative et financière de la Canam sera au cœur des préoccupations afin d’améliorer sans cesse la qualité des services rendus aux assurés.

La pyramide du système sanitaire repose encore entièrement sur les centres de santé communautaire ; l’application n’est pas encore effective à ce niveau. Que compte faire l’Etat afin que l’AMO soit une réalité dans les Cscom ?

En fait, pratiquement toutes les Asaco sont conventionnées dans le cadre de l’AMO. En général les Cscom situés dans les grandes agglomérations offrent effectivement les services dans le cadre de l’AMO. Un programme de relance est en cours entre la Fenascom, les administrations de la santé et la Canam pour amener les Cscom qui n’ont pas encore démarré les prestations à le faire le plus tôt possible.

Quel message avez-vous à lancer à l’endroit des assurés, mais aussi ceux qui sont toujours réticents à adhérer à l’AMO ?                     

L’AMO, il faut s’en réjouir, se porte de mieux en mieux. Et nous nous invertissons au quotidien pour l’amélioration de la qualité des services rendus aux assurés et cela en rapport avec les prescripteurs, les pharmaciens, les laboratoires et les partenaires sociaux. L’appel que j’ai à lancer est d’abord à l’endroit des employeurs qui ont de part la loi, le devoir d’affilier leurs travailleurs. Ensuite, compte tenu des conditions de démarrage, nous en appelons également à la diligence des travailleurs pour qu’au cas où leur affiliation n’est pas faite déjà par l’employeur, qu’ils le fassent eux même comme le prévoit la loi.

Réalisée par Amadou SANGHO

 

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