Le projet artistique et culturel dénommé “Pinceaux de l’intégration” conduit par le Centre Soleil d’Afrique de Bamako, en collaboration avec la Galerie Medina et l’Atelier Afrique en couleurs du Burkina Faso, est un tremplin pour les artistes maliens et burkinabè qui collaborent et créent au nom de l’intégration entre les deux pays. Afin d’en savoir plus, nous nous sommes entretenus avec le directeur du centre Soleil d’Afrique, Hama Goro, qui dirige le projet. Après avoir fait l’état des lieux, il nous révèle que le projet entame une caravane du 5 au 20 juin, mais elle sera virtuelle à cause de la pandémie de Covid19.
Aujourd’hui-Mali : Bonjour, présentez-nous le Centre Soleil d’Afrique
Hama Goro : Le centre Soleil d’Afrique est un centre artistique et culturel créé en 1999. Il a pour but de promouvoir les arts visuels et multimédias au Mali. Qui parle de la promotion des arts, parle de la promotion des artistes, notamment les jeunes. Le Centre œuvre pour l’amélioration des conditions de vie des artistes maliens. Nous avons été motivés à créer ce centre parce que nous avions remarqué qu’il y avait beaucoup de jeunes talents artistiques au Mali, notamment ceux sortant de l’Institut national des arts (Ina) mais qui n’étaient même pas connus au Mali à plus forte raison sur le plan international. Il fallait un espace où ces jeunes pouvaient se retrouver pour perfectionner leur savoir-faire ne termes de création artistique. Et aujourd’hui, je crois que nous avons fait du chemin car le Centre est devenu un espace de promotion pour les arts visuels maliens.
Pouvez-vous nous parler du projet “Pinceaux de l’intégration” ?
Au Centre Soleil, nous étions en train d’élaborer un projet sous-régional quand nous avons appris le lancement d’un appel à candidature lancé par Culture at Work Africa et nous avons tout de suite postulé avec notre projet sous-régional dont la candidature a été retenue. Nous l’avons nommé “Les Pinceaux de l’intégration”. Le projet est porté par le Centre Soleil d’Afrique en collaboration avec la Galerie Médina et l’atelier Afrique en couleurs du Burkina Faso. Les Pinceaux de l’intégration visent à consolider les liens socio-culturels entre les deux pays. Le projet réunit des artistes maliens et burkinabè autour de l’art et des problématiques communes aux deux pays.
Nos pays partagent beaucoup de choses à savoir la culture, la frontière et aujourd’hui nous sommes confrontés à l’insécurité. Afin donc de contribuer à la stabilité de nos deux pays, nous, artistes, avons décidé de nous servir de nos pinceaux pour la consolidation de la paix. Nous avons pensé que le dialogue interculturel nous permet de nous connaitre car plus nous tissons des liens d’amitié plus nous nous rapprochons les uns des autres. Le projet Pinceaux de l’intégration vise à raffermir les liens d’amitié et de fraternité entre le Mali et le Burkina Faso par les arts.
Quelles sont les activités phares du projet ?
Ce projet est dédié à l’intégration. Nous avons des ateliers de créations avec les artistes maliens et burkinabé. A la suite des résidences de créations, nous allons organiser des expositions dans les deux pays. Nous avons démarré le projet depuis décembre 2018. Nous avons eu à tenir un symposium ici à Bamako en décembre dernier dans le cadre de la 12e édition des rencontres de la photographie avec les artistes du Burkina venus s’associer à ceux du Mali. C’est le lieu de remercier nos différents partenaires, notamment l’Union européenne et l’Ambassade du Burkina au Mali qui nous ont beaucoup épaulé dans ces projets. Cette rencontre fut une réussite en termes d’échanges et de dialogue interculturel entre les deux pays.
L’apparition de la pandémie à coronavirus a sans doute impacté le projet. Quelle alternative comptez-vous adapter pour sa suite ?
Effectivement, on devait organiser au mois de mars une caravane qui devait débuter au Burkina et venir au Mali. Elle allait réunir trois villes du Burkina et trois villes du Mali. Pour ce faire, nous étions en train de réfléchir à sa réalisation, notamment avec les instances de sécurité des deux pays. On avait déjà trouvé une formule, mais avec l’apparition de la pandémie du coronavirus, nous avons été obligés de tout arrêter. Cependant, vu que la pandémie se prolonge, nous avons décidé de réaliser notre projet de caravane autrement, c’est-à-dire on va le faire en ligne. Nous avons trouvé une nouvelle formule et l’activité a été rebaptisée Caravane virtuelle qui regroupe 20 artistes dont 10 artistes de chacun des deux pays.
Ces 20 artistes sélectionnés vont recevoir des fonds pour faire des créations à domicile. Ce serait aussi une manière pour nous de leur venir en aide en cette période difficile. Les ateliers de création s’étalent sur deux semaines (du 5 au 20 juin prochain). Pendant cette période de créations, nous avons une équipe de photographes et de vidéastes qui feront le tour chez les artistes en création au Mali et au Burkina pour faire des photos et des interviews vidéo avec eux afin qu’on sache ce qu’ils sont en train de faire pendant ces deux semaines. Ces vidéos et photos seront publiées sur nos plateformes de communication et sur les réseaux sociaux.
Au terme de ces ateliers, nous espérons pouvoir organiser, avec l’évolution de la situation de la Covid-19, une restitution de ces ateliers qui sera suivie d’une exposition à Bamako, notamment à la Galerie Médina.
À la lecture de la liste des artistes participants, nous constatons que le projet Les Pinceaux de l’intégration a plus misé sur le genre féminin. Pourquoi ?
Effectivement ! C’est parce que nous avons remarqué qu’il y a beaucoup plus d’hommes qui s’intéressent aux arts visuels que de femmes. Nous avons donc décidé, à travers ce projet, de donner plus de chance aux femmes afin de les encourager et d’inciter d’autres jeunes filles à s’intéresser au métier des arts visuels qui est un métier tout comme les autres, dans lequel les femmes peuvent faire des belles choses autant que les hommes. Nous essayons, dans nos activités, de donner la chance aux femmes.
Comment vivent les arts en cette période de crise sanitaire mondiale ?
Comme tous les autres, le secteur artistique est lui aussi touché. Il n’y a plus d’expositions, pas de festivals ni de rencontres artistiques.
Les artistes n’exposent plus à plus forte raison vendre. Il n’y a plus d’activités lucratives pour les artistes. Mais les artistes que nous sommes essayons d’avoir des initiatives alternatives pour pouvoir continuer à animer notre secteur à travers des créations à domicile qui, nous espérons, pourront être exposées dans les mois à venir.
Quel est votre regard sur l’art malien en particulier et l’art africain en général ?
Je dirais que l’art est universel, mais je trouve que les artistes africains sont en train de s’illustrer sur le plan mondial. Au Mali, nous avons une nouvelle génération qui émerge et qui est en train de booster les arts dans notre pays.
Aujourd’hui, nous avons de grands artistes comme Abdoulaye Konaté qui fait rayonner non seulement l’art malien, mais africain partout dans le monde. Parmi la nouvelle génération, nous pouvons nommer Amadou Sanogo qui est en train de monter en flèche. Nous sommes fiers de ce jeune et de plusieurs autres jeunes talents qui font aujourd’hui notre fierté à l’international.
Quel sera votre mot de la fin ?
Je voudrais remercier, en votre nom et à celui de votre rédaction, Aujourd’hui-Mali, toute la presse malienne qui accompagne les artistes et qui œuvre pour la promotion des arts au Mali. Cependant, il faut reconnaitre que le monde de la culture est moins considéré au Mali, en tout cas en termes d’accompagnent des autorités du pays. Nous demandons donc aux autorités de revoir leur politique sur le secteur la culture qui est un socle pour le développement d’un pays.
Réalisée par Youssouf KONE