Halimatou Dembélé auteure du recueil de poèmes ”soleil qui brille” : ”La jeunesse d’Aujourd’hui oublie qu’elle est l’espoir d’un demain meilleur, un demain qui se construit dès aujourd’hui”

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A seulement 18 ans, Halimatou Dembélé a publié, chez La Sahélienne, son premier recueil de poèmes intitulé ” Soleil qui brille “. Étudiante en licence en communication et journalisme à l’Institut des Sciences Politiques et des Relations Internationales et Communication (Ispric), Halimatou Dembélé évoque dans cet ouvrage plusieurs thèmes pertinents de notre société et appelle à une prise de conscience, notamment de la jeunesse en perdition. La Rédaction d’Aujourd’hui-Mali l’a rencontrée pour échanger autour de son recueil qui est sans nul doute le premier d’une longue liste de publications littéraires.       

AuAjourd’hui-Mali : Bonjour, pouvez-vous nous présenter votre ouvrage “Soleil qui brille” ?

Halimatou Dembelé : “Soleil qui brille” est un recueil de poèmes qui traite pas mal de sujets, de la famille en passant par l’argent, la vie solitaire, le patriotisme, l’école, entre autres. Un livre dans lequel je porte un regard lucide sur mon entourage, les phénomènes liés à l’Homme et même à l’espace.

Dans votre poème “Jeunesse en perte de vitesse”, vous interpellez la jeunesse, pensez-vous qu’elle a perdu de vue ses devoirs ?

Oui, dans ce poème, j’interpelle la jeunesse, je pense qu’elle a perdu de vue devoirs et responsabilités. Il est vrai qu’il ne faut pas frapper la jeunesse entière avec le même bâton, mais il n’y’a qu’une minorité qui essaie de sortir la tête de l’eau, tandis que la majorité se noie dans le fond de la paresse intellectuelle, l’amour et la soif du luxe. Cette majorité de la jeunesse d’aujourd’hui pense que tout est gratuit, or ce n’est pas le cas. Tout à un prix. La jeunesse d’aujourd’hui est devenue synonyme de paresse et de corruption. Cette jeunesse a atteint, pour moi, le summum de la médiocrité et cultive tous les jours la bêtise humaine. Je pense qu’elle doit se ressaisir, revenir un peu en arrière, jeter un coup d’œil sur tout ce qui a été accompli par nos prédécesseurs et ne pas se laisser aller à son envie. Cette jeunesse oublie qu’elle est l’espoir d’un demain meilleur. Un demain qui se construit dès aujourd’hui. Cependant, s’il s’agit de blâmer les autres, elle est présente. Or, s’il s’agit de se lever et prendre la canne de la révolution, de l’excellence et du changement, elle est absente. Je pense que cette jeunesse doit se réveiller et penser à son avenir et à celui de son pays.

“Le Mali, mon beau pays” est un poème interrogateur, est-ce un appel à la prise de conscience des fils du pays ?

Effectivement, je remarque aujourd’hui que nous sommes devenus ingrats envers notre pays. Ce pays qui nous a pourtant tout donné. Or, au moment où notre beau pays appelle à l’exercice, certains de ses fils préfèrent lui tourner le dos et aller vers d’autres pays plus développés, alors qu’ils peuvent aider le pays avec leur savoir et leur soutien intellectuel. Mais ils préfèrent partir ailleurs or le pays a besoin de chacun de ses fils pour se construire. Malheureusement, ceux qui y restent ne font rien pour aider le pays à sortir du gouffre de la pauvreté de l’ignorance et de la souffrance.

“Femme de Gambie”, de qui s’agit-il et pourquoi ce vibrant hommage teinté d’amour de reconnaissance… ?

Ce poème parle de ma maman. Elle est d’origine gambienne. Tout comme un bon et reconnaissant enfant, j’ai décidé de rendre hommage à cette dame à qui je dis merci.  C’est elle qui m’a appris à articuler mes premiers mots de la langue française. Elle était et est mon soutien. Elle a été mon arbre de “Sunsun”. Tel l’arbre de Sunsun qui a aidé Soundajta Kéïta à se lever. Elle a été présente, elle m’a toujours aidé à me lever quand tout allait mal. Quand personne ne croyait en moi, quand j’avais marre de tout, marre d’être seule, dans la souffrance, elle a été celle qui m’a encouragée et elle est celle qui continue de me guider, de m’accompagner dans l’atteinte de mes objectifs. Elle me motive chaque jour à aller de l’avant et je lui en serai éternellement reconnaissante.

Quel est le message que vous voulez faire passer par “Alliance et divorce” ?

Nous constatons de nos jours qu’il y a plus de ruptures que de liaisons. Des couples se marient et rompent un ou deux ans plus tard. Aujourd’hui, ce sont les enfants qui sont victimes des divorces de leurs parents. Les enfants méritent-ils cela ? Dans cette société et ses stéréotypes, ce sont les enfants qui souffriront le plus. Car une fois les parents divorcés, les enfants sont souvent laissés à eux-mêmes. Ce qui pousse certains d’entre eux à tomber dans l’alcool, le vol et la prostitution. Ces enfants seront indexés du doigt par la société. A force aussi d’être rejetés par la société, il y en a qui finiront par être traumatisés et d’autres vont quitter l’école. Je pense qu’avant de se séparer, les parents doivent penser un peu à leurs enfants.

 Mandela, un exemple à suivre ?

Oui Mandela est un symbole de la paix que tout un chacun de nous doit suivre. Blanc, noir ou jeune, nous devons tous suivre son exemple car il a fait vraiment preuve d’humanisme. Voir son emprisonnement, sa sortie de prison, ses écrits, son parcours, malgré quoi il a décidé de faire la paix avec les Blancs et sans rancune il est venu gouverner son pays. Il est vraiment un exemple surtout pour la jeune génération.

Qu’est-ce que vous a motivée à devenir écrivaine ?

Quand j’étais encore toute petite, j’aimais lire et écrire. A seulement trois ans, je fréquentais déjà l’école. A mes quatre ans, mes parents m’emmenaient au Centre Culturel Français (CCF) pour aller lire. Il y avait une dame là-bas qui disait qu’elle voyait en moi une future écrivaine et je suis déjà sur le chemin de mon destin. A vrai dire, l’écriture était un second projet pour moi. J’avais toujours rêvé d’être pilote, mais comme on le dit souvent, quand des rêves meurent, d’autres naissent et je peux dire que cela a été mon cas. Quand j’ai su directement que je ne peux plus être pilote vu mon niveau très bas dans les matières scientifiques, je me suis consacrée à la littérature. En ce moment-là, je m’isolais pour écrire quand mes amis faisaient leurs exercices de mathématiques ou de physique-chimie. Avec le temps, j’ai pu développer ce talant d’écrivaine en moi et voilà.

Avez-vous d’autres projets d’écriture en cours ?

Oui, j’ai deux autres recueils de poèmes en gestation qui sont prêts pour être publiés. Ces deux recueils, je les ai écrits à l’âge de 15 et 17 ans. Celui écrit à 15 ans entrera en édition en 2019 et l’autre aussi ne devrait pas tarder à suivre.

Deux autres recueils de poèmes en gestation, peut-on dire que la poésie est votre genre de prédilection ?

Je ne dirais pas genre de prédilection, mais c’est avec dame poésie que j’ai plus d’affinité. Comme la plupart des écrivains, quand je faisais mon entrée dans la sphère poétique, j’ai été pour la première fois accueillie par mère poésie. Comment lui tourner le dos ? Je sais que je dois apprendre à me familiariser avec ses autres frères et sœurs courants, mais avant qu’arrive ce jour, j’ai juré par elle de lui rendre hommage jusqu’à ma dernière trace d’encre. Ce qui veut dire que même quand je me lancerai dans d’autres genres, je me donnerai comme devoir d’insérer dans cet ouvrage une partie de poésie à côté de l’élément de base de l’ouvrage.

Quelles sont vos ambitions dans votre carrière d’écrivaine ?

Aider bon nombre de jeunes filles à se lancer dans l’écriture, atteindre le monde et prôner l’égalité, la stabilité, et l’entente. Je voudrais par le bout de ma plume promouvoir la littérature féminine au Mali, en Afrique et dans le monde. Briser la barrière qui existe entre les adolescents, les jeunes et les livres, offrir des bibliothèques dignes de ce nom aux enfants vivant dans les zones les plus reculées.

 

Réalisé par  Hamadi Barry et Youssouf Koné

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