Le délai de la durée du mandat de l’actuel bureau, les trois missions fondamentales à lui confiées par la conférence de Bougouni, les réalisations du CNJ depuis mai 2021, les difficultés rencontrées, les perspectives…sont, entre autres, les sujets évoqués par le président du Conseil national de la jeunesse, Habib Dakouo, dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder. Contrairement à ce que font croire certains, l’actuel bureau de la faitière des jeunes du Mali est dans la légalité.
Vous êtes le président du Conseil national de la jeunesse du Mali depuis 2021. Comment se porte aujourd’hui la faitière de la jeunesse malienne ?
Habib Dakouo : Depuis le 1er mai 2021, je suis à la tête de cette structure. Cela est consécutif à la démission de l’ancien président Amadou Diallo. Aujourd’hui, le CNJ se porte bien, à l’image du pays. Si les choses ne sont pas simples pour le pays, elles ne le seraient pas pour le Conseil national de la jeunesse. Mais nous travaillons à réserver un lendemain meilleur à notre successeur.
Quelles étaient les missions qui vous avaient été confiées lors de votre désignation comme président de cette organisation ?
Je souhaite d’abord lever l’ambiguïté par rapport à notre mandat. Je voulais préciser que quand nous sommes venus le 1er mai à la tête de cette structure, c’était dans un premier temps pour continuer le reste du mandat. J’entends certains dire que nous sommes venus pour 8 mois. Il n’y a pas de mandat de 8 mois au CNJ. J’étais précédemment vice-président, et c’est de cette vice-présidence que j’ai été désigné président à la démission du président en fonction.
Donc, l’avènement du premier est partie intégrante du mandat 2019 qui doit arriver à terme en fin 2022, sauf prorogation. Je voulais ici préciser que nous ne sommes pas dans une prorogation. Nous sommes dans la légalité, et dans la réglementation jusque-là. Et même s’il y a une prorogation, elle s’inscrirait dans la légalité et dans la légitimité.
Parlant des missions qui nous ont été confiées, elles sont trois : l’unification, la révision des textes et les élections.
La première, c’est de faire l’unification de la jeunesse malienne. Pourquoi ? Quand on partait à Bougouni, il y avait deux bureaux au niveau de certains endroits. Il fallait remédier à ce problème. Chose que nous avons commencée dès les premières heures du retour de Bougouni. Il fallait aussi trouver les moyens de réviser les textes du CNJ. À ce niveau, nous avons mis en place une commission nationale de réformes des textes du CNJ.
Ce sont ces textes qui devront permettre au CNJ de fonctionner normalement et de lui donner toute sa dignité. En gros, cette commission est déjà en place, elle travaille. Elle était censée terminer le travail il y a de cela deux semaines, mais vu le volume du travail, elle a demandé plus de temps. Une demande que nous avons acceptée. Cette commission va donc nous proposer très rapidement un document que nous allons faire passer à l’issue d’un congrès extraordinaire.
Ce congrès est différent d’un congrès électif. C’est donc sur la base de ce texte qui est censé dépouiller le CNJ de tous les débris négatifs que nous allons aux élections, c’est-à-dire renouveler les instances de base de la dernière commune jusqu’au niveau des communes du district de Bamako pour clore avec un congrès électif du bureau national. Ce sont là les trois missions qui nous étaient confiées. Nous y travaillons malgré le contexte du pays.
Quelles sont les réalisations majeures que le CNJ a eu à faire sous votre leadership ?
Je rappelle qu’au-delà des trois missions qui nous ont été confiées à Bougouni, le CNJ est une grosse structure qui fonctionne et qui est censé fonctionner pour la stabilité au niveau de la jeunesse, la promotion de la jeunesse dans son ensemble (l’employabilité, la santé, le développement psychologique, la sécurité…). Il me plaît de rappeler encore que le CNJ est là pour les jeunes.
Pour que les jeunes puissent exister, pour qu’on puisse parler de jeunesse, il faut que nous ayons un pays. C’est pourquoi nous travaillons beaucoup sur tout ce qui est consolidation de la paix, développement de partenariat, accompagnement des autorités de la transition…
Il faut le dire que ce n’est quand même pas intelligent pour qui que ce soit de ramer à contre-courant d’une transition, car c’est une période d’exception. Il ne doit pas y avoir d’opposition pendant cette période. Les gens doivent travailler pour que les lignes puissent bouger.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?
Les difficultés sont d’ordre mondial. La crise ukrainienne, la pandémie de coronavirus…tous ces facteurs ont fait que le monde même a été plombé. Nous avons des difficultés. Aujourd’hui, il n’est même pas facile de mener certaines de nos activités les plus régaliennes.
Nous comprenons que l’État n’a pas les moyens, mais nous lui demandons de se soucier aussi de la jeunesse. Je l’ai dit à l’occasion du 12 août passé. Le président a dit dans son adresse que s’il échoue, c’est la jeunesse qui aura échoué. Mais nous ne voyons pas malheureusement cela dans la pratique sur le terrain. Parce que le président de la Transition, lui-même, doit personnellement mettre en place une commission ou une équipe.
Nous ne demandons pas forcément que ce soit un membre du comité exécutif du CNJ, mais qu’il y ait des jeunes car nous sommes dans le cadre de la promotion de la jeunesse. Donc, on a cette difficulté à faire la promotion de la jeunesse. Mais nous nous battons contre ces difficultés.
Il est important de préciser que sans un minimum de moyens, nous n’allons pas pouvoir atteindre les objectifs. Il serait donc bien que les autorités nous approchent ou qu’on nous laisse les approcher afin de faire des propositions, car une jeunesse laissée à elle-même est une bombe qui peut exploser à tout moment.
Quelles sont les perspectives ?
En termes de perspectives, comme je l’ai dit, nous souhaitons vivement faire passer les nouveaux textes. Les perspectives sont aussi posées mais avec l’appui des autorités de la transition, nous pourrons transformer ces perspectives en réalité et dans un futur proche. Avant de terminer, je tiens à préciser que nous sommes bourrés d’espoir et nous croyons à un Mali meilleur dans un bref délai.
Entretien réalisé par Boureima Guindo/Le Pays