Gasandji, la nouvelle perle du Congo : «Je n’ai pas envie de parler aux politiciens parce qu’ils n’entendent pas nos critiques»

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GasandjiElle fait partie de cette nouvelle génération des voix féminines africaines sur la scène internationale. Avant la sortie officielle de son nouvel album «Gasandji» et la présentation du clip «Libela», elle s’est confiée à notre collaborateur Mory Touré depuis Paris. Gasandji est artiste, auteur compositeur. Elle parle de son tout premier disque qui est sorti en France au mois d’avril dernier. L’album s’appelle «Gasandji», l’artiste même est  actuellement  en tournée un peu partout en Europe. Cette jeune dame vit en France depuis près de 10 ans.

 

 

Vous pouvez-vous présenter à nos lecteurs ?

Gasandji : Je m’appelle Gasandji. Je suis né au Congo,  j’ai grandi dans beaucoup de pays en Afrique  notamment au Gabon. Je peux même dire que je suis Gabonaise aussi (rire), en tout cas, je suis africaine, voilà. Je suis musicienne de profession.

 

 

De par votre position, est-il  plus facile de réaliser son rêve d’artiste quand on débarque en France ?

Non, ce n’est pas facile. Quand je fais une rétrospective de mon parcours, je constate que les choses ne se sont jamais passées comme si on partait déposer une lettre à la poste. J’ai l’habitude de me battre, donc je n’ai aucun regret  du parcours que j’ai eu. Finalement, ce n’est pas le but, c’est le chemin qui est important et cela ne peut que te faire grandir. Aujourd’hui, je suis prête à recevoir ce que j’ai demandé.

 

 

Vous chantez en «lingala», on vous voit en transe et en communion quand vous êtes sur scène. Pourquoi ce choix bien que vous chantiez de temps à autre en français ?

Déjà, je parle le lingala naturellement ; j’ai grandi avec cette langue. Pour moi, je n’ai pas à réfléchir quand je commence à écrire mes chansons en lingala, tout vient naturellement. Parfois, il y a des textes que je fais qu’on ne peut pas retranscrire en français. Ces textes comportent tant de force, tant d’émotions : le stylo, mon cœur me poussent à m’exprimer en lingala. C’est aussi pour faire un clin d’œil à mes compatriotes et qu’ils sachent que je suis un des leurs.

 

 

Quel est votre style musical ?

Tu sais, ma direction est vraiment artistique et non stylistique, la différence est là. Demain, si j’ai envie de faire un autre genre comme du  reggae, c’est parce que je sentirais un feeling et c’est ce qui me poussera  à aller vers ce genre. Pour moi, c’est d’abord l’expression qui est importante et non le style. Il m’est arrivé d’écouter des chansons de rock qui m’ont touchée, mais que je n’écouterai  pas forcément tous les jours chez moi. Demain, si j’ai envie d’explorer un style, je ne vais pas me gêner. Notre continent, spécifiquement le Congo, est tellement riche en rythmes, en mélodies… que  j’en ai envie d’exploiter et le faire découvrir au monde.

 

 

Vous êtes en tournée un peu partout en Europe, mais du 5 au 6 décembre prochain, vous  irez jouer au Congo dans votre pays au festival «Bassango», devant votre famille pour la première fois. Peut-on imaginer votre état d’âme à l’heure de ces retrouvailles ?

Waouh ! Je sens que je vais pleurer. Je ne saurais quoi dire… là. Le fait d’en parler même, j’en ai la chair de poule. Je pleure là (émue).

 

 

Avez-vous des opinions politiques ?

On a la chance de prendre le micro et de parler devant de milliers de personnes. Mais ce qui est important pour moi, c’est de parler à ces jeunes africains qui feront l’Afrique de demain. Je n’ai pas envie de parler aux politiciens parce qu’ils n’entendent pas nos critiques. Je ne vais pas parler aux sourds, je préfère parler aux gens qui peuvent encore changer la donne. Dans mes chansons, je raconte aux jeunes gens que ce sont eux qui feront l’Afrique de demain.

 

 

Avez-vous un mot de la fin ?

«Melessi», en lingali, ça veut dire merci. Merci à vous et à tous ceux qui vont lire cette interview.

 

 

Mory TOURE depuis Paris

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