Âgé de 26 ans, Daouda Keita alias Gamezi Palace s’impose lentement mais sûrement dans le milieu du rap malien. Il a débuté sa jeune carrière en 2010 et s’est fait connaître du public avec sa chanson «Ou bè Gamezi fè» dont le clip a également été classé meilleur clip de l’Afrique de l’Ouest. Titulaire d’une licence en gestion des ressources humaines, il est également styliste et biznessman.
Comment êtes-vous arrivé dans le rap ?
Disons que j’ai commencé le rap par curiosité. J’écrivais des textes et un jour je suis allé au studio pour poser. Bien sûr, pour un début, ça n’a pas été comme je le voulais. Mais après, j’ai insisté pendant 1 an et j’ai fini par me retrouver là dedans.
Pourquoi avoir choisi de faire du rap?
J’ai choisi de faire du rap parce que ça me permet de m’exprimer, de dire ce que j’ai au fond de moi. C’est également un moyen de dénonciation et de conscientisation.
Est-ce que vous vivez véritablement de la musique ?
Alhamdoulilaye, le seul gagne-pain que j’ai aujourd’hui c’est la musique. C’est de ça que je vis et c’est de ça que toute ma famille vit.
Vous avez récemment sorti une chanson ou vous vous attaquez ouvertement et violemment à la police. Pourquoi ?
Normalement, la police doit être là pour la sécurité des citoyens. Mais aujourd’hui, on constate qu’ils sont les premiers à violer les droits des citoyens. Parce que même nous, les artistes, nous sommes des victimes de la police. On a eu des perquisitions dans nos appartements sans mandat. Notre vie est polluée par la police et ses rackets incessants.
À votre avis, quelle est la différence entre le rap dit old school et le rap d’aujourd’hui ?
La plupart des old school, par exemple les Fanga Fing, les Tata Pound, parlaient beaucoup de la société et de ces maux. Tandis qu’aujourd’hui, les thèmes les plus abordés, ce sont la drogue, les putes, l’argent à gaspiller, les grosses voitures et c’est ça qui marche. La trap-house est la nouvelle tendance, et si tu veux rester et évoluer dans le game, tu dois faire de la trap-house.
Vous faites beaucoup de featuring, comment se passe la collaboration avec les autres artistes ?
Entre artistes, on se suit beaucoup sur les réseaux sociaux à travers Bamada City et la chaîne RHM. Donc, quand moi j’écoute un de tes sons et je vois que t’as du talent, même si je te connais pas, j’appelle mon manager et je lui demande de rentrer en contact avec toi. On fixe un rendez-vous et on fait un son. Entre nous, il faut s’entraider. Moi, je ne suis en guerre contre personne.
Vous dites que vous n’êtes en guerre contre personne et pourtant vous avez fait plusieurs morceaux de clash.
En fait, cette histoire de clash, au début, les gens ont cru que c’était du jeu. Après, c’est devenu une véritable guerre de gangs. Quand ça a commencé, il y avait deux gangs : la GRR et le Guettho kafri, et ça n’allait pas entre les deux et ils se clashaient régulièrement. Par la suite, ça a dégénéré et c’est rentré dans les familles. Il y a eu des insultes de mère, il y a eu des représailles violentes dans les boîtes de nuit et dans la rue. C’était un combat et on ne pouvait pas baisser les bras. Aujourd’hui, on a tous un sentiment de regret. Même la semaine passée, il y a eu une entrevue entre certains membres de la GRR et moi. On s’est présenté des excuses parce qu’aujourd’hui, il y a eu prise de conscience.
De quels membres de la GRR, s’agit-il ?
Je ne peux pas mentionner de nom.
Dans un pays comme le Mali, ne pensez-vous pas que la nouvelle génération devrait se rapprocher de l’ancienne pour essayer de faire un rap un peu plus conscient ?
C’est vrai. Mais l’ancienne génération est le plus souvent réticente à la collaboration. Je l’ai sollicitée beaucoup pour des conseils. Je suis un follower’s de Ramses du Groupe Tata Pound, pour qui j’ai beaucoup de respect. Il est évident que beaucoup de choses ont changé dans le pays grâce à eux. Mais je les invite à plus d’ouverture d’esprit et de partage.
Quels sont vos projets pour 2017 ?
Déjà, il y a ma mixtape qui est prête, «Trap GOD volume 2», et qui sera dans les bacs dans 3 jours. Il y a également le clip de «Fa be neka djo ou la» qui est en route. Et Inch’Allah, un album et un concert sont prévus pour ce mois de mars.
Aïda Millogo