Fatoumata Diaby est une handicapée physique particulière. Elle est née sans aucun bras, le 30 septembre 1990 à la maternité de Korofina. Agée aujourd’hui de 20 ans, elle suscite l’admiration des gens pour sa qualité mentale, sa force de caractère et sa joie de vivre. Il faut l’approcher pour savoir qu’elle n’a rien à envier à ceux qui ont leurs deux bras car elle est capable de tout faire avec ses deux pieds. De passage au groupe SOMAPRESSE, en compagnie de son époux, elle a bien voulu répondre à quelques unes de nos questions, qui sont aussi celles que tout le monde se pose, s’agissant de Fatoumata Diaby.
Bamako hebdo : Comment es-tu parvenue à autant d’adresse avec tes deux pieds?
Fatoumata Diaby: A l’âge de 3 ans, ma grand-mère m’a inscrite au Centre de réadaptation pour handicapé physique à Djicoroni Para, où j ai passé dix ans de formation. C’est dans cette école que j’ai appris à faire tous les travaux avec mes deux pieds.
FD: C’est au même Centre de réadaptation pour handicapé physique de Bamako que j’ai appris à lire et écrire, puis j’ai intégré l’unité de formation active de Faladiè. Après cela, je suis allée à l’école fondamentale de Sogoniko où j’ai obtenu mon Diplôme d’études fondamentales (DEF) avant d’être transférée Centre de Formation Kaïra de Sogoniko, en 2007. c’est là-bas que j’ai obtenu mon Brevet de Technicien (BT1) en Comptabilité. J’ai échoué au baccalauréat cette année et c’est d ailleurs le premier échec que j’enregistre durant mon parcours scolaire. Pour le financement de mes études, c est l’Etat qui s’en occupe. Mais un de mes oncles me soutient aussi financièrement. D’ailleurs, c’est l’occasion de le remercier.
Maintenant que tu as échoué au Bac, quels sont tes projets?
FD: J’aimerais continuer mes études au Canada. J’ai déposé une demande de bourse l’année dernière, mais ça n’a pas encore aboutit. J’attends toujours car c’est à travers cela que je pourrai réaliser mon rêve de devenir avocat. Je tiens beaucoup à mes études et je prie Dieu d’obtenir la bourse souhaitée pour poursuivre mes études dans un cadre adapté car ni mes parents et mon mari n’ont pas les moyens pour m’accompagner dans ce projet.
Tu es toujours souriante et joviale. C’est quoi ton secret?
FD: Je n’ai pas de secret. Je prends seulement la vie du bon côté. Je suis l’ainée d’une famille de sept enfants et je suis la seule à avoir un handicap. Dieu seul sait comment il fait ces choses et pourquoi il le fait. Je n’ai pas mes deux bras, mais je peux tout faire avec mes deux pieds. Je vais à l’école comme tous les autres enfants. Je fais la cuisine pour ma famille et mon mari. Je fais la vaisselle, la lessive, etc…Dieu merci, aujourd’hui il m’a donné l’amour de ma vie, une sorte de complémentarité car nous nous comprenons bien. Le soutien de mes parents en est aussi pour beaucoup car de nos jours ce sont eux qui nous hébergent, mon mari et moi. Ils ont accepté de nous prendre en charge en attendant qu’on puisse désormais voler de nos propres ailes. Mon entourage m’aime et m’accepte comme je suis. Je n’ai rien à envier à ceux qui détiennent tous leurs membres car dans ma tête il n’y a aucune différence entre eux et moi. Raison pour laquelle je ne peux qu’être joviale.
Comment as-tu rencontré ton mari?
FD: Nous sommes mariés le 8 juillet 2010. Il y a de cela quatre ans, il m’a rencontré, sans toutefois me déclarer son amour. Il passait chaque fois dans mon école me donner de petits cadeaux, mais je n’avais pas lu son intention. Il avait même décidé, par la suite, d’aller à l’aventure au Congo Brazzaville, pour chercher de l’argent afin de revenir m’épouser. Tout ça à mon insu. C est à son retour de ce voyage qu’il est allé voir une de mes tantes pour lui demander ma main. Ma tante lui a d’abord demandé de venir discuter avec moi. Alors, il m’a appelée au téléphone et je lui ai donné rendez-vous. C’est seulement à notre troisième rencontre qu’il m’a déclaré son amour et a demandé ma main.
Quelle a été ta réaction en ce moment?
FD: Je lui ai demandé de me laisser réfléchir, car je n y croyais pas. Une fois arrivée a la maison, j ai prié Dieu en lui posant mon problème. Et je me suis dit après, que si c’est mon bonheur, que ça marche et si ce n’est le cas que ça ne marche pas. Et quelques mois après, j’ai décidé de lui donner le numéro de mes parents et c’est ainsi qu’il a suivi les étapes. Aujourd’hui, nous sommes mariée.
Es-tu heureuse dans ton foyer et à quand le bébé?
FD: Très heureuse ! Mon mari est un homme exemplaire. C’est mon premier ami et confident. Il est tout pour moi et je l’aime beaucoup. Il me connait parfaitement et ce que je n’aime pas il ne le fait pas. C’est réciproque. Il y a une seule chose qui le met mal à l’aise, c’est le fait qu’il vive aux dépens de ses beaux-parents. Notre souci majeur aujourd’hui est d’avoir un logement et de déménager chez nous. Concernant le bébé, nous attendons que la volonté de Dieu soit faite.
Quels sont tes projets professionnels ?
FD: J’aimerais finir mes études et être au service de la nation et des autres. C’est-à-dire travailler et créer des associations pour venir en aide aux handicapés.
Le mot de la fin?
FD: Je regrette beaucoup de voir certaines personnes ayant un petit handicap se livrer à la mendicité au lieu d’aller à l’école ou apprendre un métier. Tel n’est pas mon cas. Je tiens à mes études car je suis consciente qu’il faut se battre pour gagner sa vie. J’exhorte mes frères et sœurs handicapés à ne pas se livrer à la mendicité et à apprendre un métier qui ne demande pas trop d’efforts, pour gagner leur vie et vivre décemment.
Je lance enfin un vibrant appel aux hommes de bonne foi pouvant nous venir en aide du fond de leur cœur et de m’aider pour l’accomplissement de mes projets. Pour me joindre, il suffit de m’appeler au téléphone, au numéro 66 19 37 16, ou s’adresser au quotidien L’Indépendant ou encore Bamako-Hebd
Entretien réalisé par clarisse Njikam
Cnjikam2007@yahoo.fr
Quel est ton parcours scolaire et comment fais-tu pour payer tes études?
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