Monsieur Falaye Kéïta préside depuis le 20 novembre 2016, aux destinées de la commune rurale de Niouma-Makana, située dans le cercle de Kati, à 119 km de Bamako près de la frontière guinéenne. Dynamique et compétent, ce jeune médecin travaille d’arche pied pour développer sa commune isolée, au cœur du Mandé. Il a la volonté de bien faire. À l’instar de tous les maires du Mandé, le premier responsable de Niouma-Makana était le 24 mai dernier à Kangaba pour accueillir le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, qui a fait d’une pierre deux coups en présidant la journée du paysan et en échangeant avec les élus, les chefs de villages et les imams. Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, le maire Falaye Kéïta nous parle des difficultés de sa commune et des attentes des populations vivant au flanc de la colline par rapport à la visite du Président à Kangaba.
Bonjour Monsieur le Maire, veuillez vous présenter à nos lecteurs et présenter votre commune ?
Je m’appelle Falaye Kéïta. Je suis le maire de la commune rurale de Niouma-Makana, ex-arrondissement de Siby à 119 km de Bamako. La commune est à l’est de Siby, au nord on a la commune de Makono, la République de la Guinée à l’ouest et le Cercle de Kangaba au sud. Sa population est estimée à plus de 12 000 habitants. Les activités principales sont l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’orpaillage traditionnel et le petit commerce.
Quelles sont les difficultés auxquelles votre commune est confrontée ?
La commune, dont les populations m’ont confié les commandes lors des élections communales du 20 novembre 2016, souffre de son enclavement. Elle est confrontée à un sérieux problème d’eau. Il y a des villages qui n’ont pas accès à l’eau potable. Nos infrastructures scolaires de Labata, Sorokoro, Kéniéba-kouta et Makandjana sont en banco. S’il pleut beaucoup cette année, je crains l’effondrement de ces bâtiments. Il faut un appui du gouvernement pour nous aider à construire des bâtiments en dur.
Nous avons des villages et hameaux non encore couverts par le réseau téléphonique. La commune fait frontière avec la Guinée Conakry. L’insécurité est grandissante. Il n’y a pas de brigade de gendarmerie à plus forte raison un poste de police.
Nous sommes confrontés à un problème d’infrastructures routières. Nous demandons au gouvernement de songer à nous construire une route. De Siby à Kita, il n’y a pas de route puisque celle qui existe est impraticable. Pendant l’hivernage, c’est la croix et la bannière. Cette route qui relie les régions de Koulikoro et Kayes est très importante dans le désenclavement du pays. Elle traverse dix communes à savoir Siby, Sobra, Noumakana, Makono, Sirakoro, Dafala, Fougna, Sinko, Badia et Kita. Depuis l’indépendance, aucun gouvernement n’a entrepris le bitumage de cette voie. Aucun député du Mandé n’a interpellé un ministre par rapport à l’état de ce tronçon. A cause de notre enclavement, il est même difficile pour les partenaires de nous rendre visite. Je profite de cette occasion pour saluer Mme Kéïta Aminata Maïga et son fils Karim Kéïta qui ont visité Noumakana en 2009. Compte tenu de son importance, le gouvernement doit poser un acte positif par rapport à cette route. Notre principal souci est le bitumage de cette route Siby-Kita.
Nous avons aussi des difficultés de recouvrement des taxes. Nos parents refusent de les payer et mettent en avant l’argument selon lequel, l’Etat à qui ils paient les impôts depuis l’indépendance, n’a posé aucun acte concret de développement chez eux. Cela rend le recouvrement difficile.
Monsieur le Maire, tout le Mandé était convié à Kangaba, le jeudi dernier, lors de la journée du paysan. Vous étiez présent. Quel était l’objet de votre présence ? Est-ce que vous avez pu délivrer votre message au chef de l’Etat ?
Nous étions à Kangaba le 24 mai dernier pour accueillir le Président de la République Son Excellence Ibrahim Boubacar Kéïta mais aussi pour participer à la célébration de la journée du paysan. La journée s’est bien passée dans l’ensemble. L’ambiance était totale. C’est un travail que nous avons commencé en amont. Toutes « les communes situées sur la colline » étaient présentes avec leurs maires, les chefs de villages et les imams. C’est une première à ma connaissance. Les différents discours étaient axés sur les difficultés de Kangaba et les intervenants n’ont abordé que les préoccupations des populations du Mandé vivant au long du fleuve.
Après la journée du paysan, le Président s’est entretenu avec le grand forum du Mandé, les chefs de villages et les imams. Le porte-parole des chefs de village a plaidé pour la valorisation du statut de chef de village et l’imam a fait des bénédictions. Parmi les intervenants dans le vestibule, aucun n’a évoqué les difficultés des populations du Mandé vivant au flanc de la colline. Après avoir fait le déplacement avec les chefs de villages et les imams, on avait à cœur que l’un des chefs de village ou un maire prenne la parole pour évoquer les vraies préoccupations des populations de la colline. Mais hélas ! Je sais que le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, n’a pas eu la chance de visiter les communes du Mandé situées au flanc de la colline. Le Mandé ne se limite pas à Kangaba. Il y a le Mandé de Kati et celui de Kita.
Notre attente était qu’un intervenant ou le Président IBK se prononce sur la situation de la route Siby-Kita. Nous sommes venus avec nos doléances et sommes retournés avec, sans avoir eu la possibilité de les soumettre au chef de l’Etat.
Je remercie mes collègues maires, le grand forum du Mandé, les populations du Mandé. Je remercie le Président de la République IBK pour le bitumage de la route Kangaba-Dioulafoudo et pour ce qu’il fait pour le Mali depuis son accession à la magistrature suprême. Vive le Mali !
Monsieur le Maire, le Mali en général et le Mandé en particulier est en deuil avec la disparition de l’artiste, Kassé Mady Diabaté. Cette disparition vous attriste-t-elle ?
Je m’incline pieusement devant la mémoire de ce grand artiste. Kassé Mady Diabaté a été l’un des meilleurs ambassadeurs de la culture manding. Je présente mes condoléances les plus attristées à sa famille, au monde de la culture et prie pour le repos éternel de son âme. Que le Tout-Puissant l’accueille dans son Paradis !
Propos recueillis par Chiaka Doumbia