FAFE : la Directrice se prononce sur les acquis !

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Le Fonds FAFE est une opportunité pour l’Autonomisation de la femme et l’épanouissement de l’enfant. Dans une interview qu’elle nous a accordée, sa Directrice, Madame Kanté Fatoumata Diancoumba explique les objectifs du FAFE, son mode de fonctionnement et les critères que les bénéficiaires doivent remplir pour être financés.

L’Officiel : Mme que représente ce fonds dans la lutte pour l’émancipation des femmes au Mali ?

Le Fonds d’Appui à l’autonomisation de la femme et l’épanouissement de l’enfant, est un fonds mis en place pour appuyer les femmes dans leur autonomisation et les enfants dans leur épanouissement.

Depuis quand existe-t-il et comment est-il géré ?

Ce fonds existe depuis 2012, mais sa mise en œuvre a été effectuée en Septembre 2015 et le lancement a été fait à Koulouba, le 10 septembre 2015 par le Premier ministre, son Excellence Modibo Keïta.

Comment est-ce qu’il est géré ?

Ce fonds est géré par le budget d’Etat ; nous fonctionnons sur le budget d’Etat ; mais on reçoit aussi l’appui des partenaires techniques et financiers. On peut recevoir également des dons, des legs et aussi l’appui des collectivités territoriales. Mais pour le moment nous fonctionnons sur le budget d’Etat.

Qu’est ce que l’Autonomisation parlant spécifiquement des femmes ?

L’Autonomisation est toute activité qui peut contribuer à l’indépendance économique de la femme, surtout dans un pays comme le Mali où la femme a un rôle primordial dans le processus de développement.

Comment est ce que le FAFE peut être concrètement bénéfique aux femmes ?

Le fonds peut être bénéfique aux femmes, parce que, ici, ce que nous  faisons c’est surtout des appuis.

Un appui de quelle nature ?

Il faut dire qu’au FAFE, nous avons  trois niveaux de financements ; nous avons ici des guichets. Par exemple le guichet I concerne l’Entreprenariat féminin. Ce guichet Entreprenariat féminin a deux composantes : la composante Petites et Moyennes Entreprises ; composante Activités Génératrices de Revenus ; Ensuite nous avons le guichet II qui est le guichet leadership politique et participation de la femme. Tout ce qui contribue au renforcement  des capacités de la femme est pris en charge par ce guichet. Nous avons un autre guichet, le troisième, c’est le guichet réinsertion socio économique des enfants en situation difficile. Nous faisons des appuis à travers ces trois guichets. Ces appuis se font en fonction de la soumission des projets qu’on dépose à notre niveau ; mais ces projets aussi sont conditionnés. Il faut d’abord prendre les canevas en fonction desquels les projets sont montés. On peut prendre ces canevas au niveau du FAFE, mais aussi au niveau des différentes directions régionales de la promotion de la femme, le fonds étant  national. Ce sont ces canevas que les bénéficiaires prennent ; ils montent les projets en fonction de ça et en fonction aussi des trois guichets que nous avons ; Sachant que chaque guichet a aussi un montant plafond. En dehors de la prise du canevas, ce qu’il faut aussi précisé c’est qu’il faut être également dans un groupement formel, soit une association, une ONG ou une coopérative.

Cela veut dire qu’une femme qui vient seule ne peut pas bénéficier du fonds ?

Une femme seule peut bénéficier, mais à une condition : si elle œuvre dans le cadre de l’entreprenariat féminin ; Parce que nous avons le guichet I qui a une sous-composante qui appuie les femmes entrepreneurs. Là, individuellement, on peut appuyer. Mais en dehors de ce cas, pour les activités génératrices de revenus, le leadership politique, enfants en situation difficile, obligatoirement, il faut être dans un groupement formel.

Tout à l’heure en venant ici, j’ai échangé avec un groupe de femmes ; elles sont vendeuses d’oranges, de bananes et de charbon en détail. Le constat c’est qu’aucune d’entre elles n’est informée de l’existence du FAFE. Y-a-t-il un mécanisme qui permette de les informer sur ce que vous faites?  

Il y a effectivement un moyen. Parce que nous organisons des missions d’information et de sensibilisation ; Nous avons effectué beaucoup de missions à travers le pays ; Nous avons fait toutes les régions du Mali, sauf trois régions ; Et là où nous ne sommes pas arrivés, nous  avons pris soin d’envoyer des cassettes, des clés USB que nous mettons à la disposition de nos DRPF (Direction régionale de la promotion de la femme, Ndlr) afin qu’ils puissent les mettre à la disposition des radios privées. Nous avons également fait des tables rondes, des débats sur les radios privées et sur l’ORTM. Nous avons fait également des écrits dans les colonnes des journaux. La première année du FAFE (nous sommes à notre troisième année d’existence) nous avons démarré avec 607 projets sur lesquels nous avons pu financer 96 projets ; Mais la ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, Mme Sangaré Oumou Ba, nous a demandé de faire le maximum de communication pour informer le maximum de bénéficiaires. L’idée c’était que même si on ne peut satisfaire tout le monde à la fois, de faire en sorte qu’au moins les 90% de la population soient informés. Ça été fait. La preuve : la deuxième année, de 607 projets nous sommes venus à 1614 projets reçus ; et nous avons pu financer 288. Ça veut dire que nous avons fait assez de communication sur le FAFE ; Et nous continuons encore avec cette communication.

Du démarrage du fonds à aujourd’hui quel est le nombre de femmes que vous avez réussi à sortir concrètement de la pauvreté ?

Du démarrage à maintenant, nous avons pu toucher 3700 femmes sur l’ensemble du territoire.

Ceci concerne le nombre de femmes que vous avez touché. Mais en termes de résultat quel est le nombre de femmes que vous estimez avoir aidé à sortir de la précarité ?

Nous avons deux ans d’existence. Pendant ces deux ans d’existence nous finançons à travers les guichets comme je l’ai indiqué au début. Le guichet I et II concerne uniquement les femmes. En 2015 qui est l’année de démarrage, nous avons pu financer  14 PME pour les femmes, et 36 AGR toujours pour les femmes. La deuxième année, sur les 1614 projets reçus nous avons pu financer 288 dont 188 AGR pour les femmes et 52 dans le cadre du leadership politique de la femme.

Le second volet du fonds concerne l’épanouissement de l’enfant. De quel enfant s’agit-il ?

Merci pour cette question qui concerne, en fait, le guichet III, le guichet réinsertion économique des enfants en situation difficile.  On nous pose tout le temps la question de savoir de quel enfant s’agit-il, ou encore est ce que les enfants peuvent monter des projets. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il s’agit d’abord des enfants vulnérables, il s’agit également des enfants en situation de handicap, des enfants victimes de la crise sécuritaire, ceux infectés ou affectés par le VIH /Sida, il s’agit des enfants de la rue, enfants issus de familles démunies ; il s’agit aussi des aides ménagères en détresse.

Parlant toujours de cette même cible, à  Bamako et dans les régions, il y a beaucoup d’enfants de la rue et dans la rue. Qu’est ce que le FAFE peut faire pour ceux-ci.  En quoi ce fonds peut-il aider à lutter contre le phénomène ?

Effectivement, il y a beaucoup d’enfants en situation difficile, que ce soit au niveau du district de Bamako ou dans les régions. Nous appuyons ces enfants à travers des associations qui œuvrent dans le domaine de l’enfance ;  Il s’agit d’associations et d’ONG formelles. Ce sont ces associations et ONG qui mettent un projet à notre disposition. Si les projets sont bien montés nous les finançons. Il y a certaines ONG qui montent des projets dans le cadre de l’appui en kits scolaires en faveur des enfants  issus de familles démunies. Nous avons mêmes financé 100 enfants de Sénou à travers une ONG qui est entrain de suivre ces 100 enfants en kits scolaires ; Nous avons financé également une autre ONG au niveau de Gao ; là aussi ce sont des enfants qu’ils encadrent, qu’ils appuient ; il s’agit d’enfants de la rue. Nous les appuyons à travers les ONG qui montent les projets avant de nous les soumettre. A Bougouni également, nous avons financé une association de femmes qui appuient les enfants du jardin d’enfants en gouter ; A Kayes également. Nous avons financé beaucoup d’ONG qui œuvrent dans le domaine de l’enfance.

Le Fonds FAFE est placé sous la tutelle du ministère pour la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. Lui arrive t-il de s’immiscer dans la gestion du fonds ?  

Non le département ne s’immisce pas dans la gestion du fonds ; le fonds, comme je l’ai indiqué, est logé au niveau du trésor public. Lorsque les projets nous parviennent, nous avons une Commission de dépouillement. Qui siège autour de ces projets. Il faut préciser que mêmes les régions nous envoient des projets.  Mais, même au niveau de Bamako nous ne recevons pas les projets ; les projets sont reçus à la direction régionale du district de Bamako. Voilà comment on procède. On fait d’abord l’appel à candidatures. La première année qui est l’année de démarrage nous avons donné 30 jours aux bénéficiaires ; la deuxième année nous avons donné 45 jours aux bénéficiaires pour monter les projets. Donc chaque bénéficiaire a déposé au niveau de sa région ; Au niveau des régions, les DRPF compilent les projets et nous les envoient. La plupart  de ces DRPF ont respecté les délais. Aux termes des 45 jours impartis ils ont arrêté. Lorsqu’on reçoit ces projets, la commission de dépouillement fait la présélection des bons projets ; une fois la commission de dépouillement termine avec ce premier processus, on organise une réunion du comité de pilotage qui valide les projets sélectionnés par la commission de dépouillement. Après cette validation, on commence d’abord, à travers les directions régionales, à appeler les bénéficiaires, c’est-à-dire les bons projets ; il s’agit des associations et Ong dont les projets ont été retenu. Ensuite, au niveau du FAFE, à travers l’unité des finances, on commence à élaborer les contrats.

C’est quoi un bon projet ?

Un bon projet, c’est un projet qui répond à nos objectifs. Parce que l’objectif du FAFE c’est promouvoir l’autonomisation de la femme et l’épanouissement de l’enfant. Donc un projet qui répond à ces critères, qui répond aux critères de nos canevas, c’est ce qu’on appelle un bon projet. Parce que, si on prend, par exemple, les AGR, cette année, le plafond c’était 1 million. Quelqu’un qui amène un projet AGR de 5 millions ça ne peut pas passer ; un projet qui vient sans compte bancaire n’est pas éligible ; un projet qui vient avec 10 millions alors que le plafond c’est 3 millions, ça ne passe pas. Un bon projet, pour nous c’est tout simplement un projet qui répond à nos critères. Donc quand on appelle, les bénéficiaires viennent pour la signature des contrats ; après la signature des contrats on envoie au niveau de la direction des finances et du matériels pour l’engagement ; Ensuite le contrôle financier pour le mandatement ; Puis au trésor pour le paiement. C’est le trésor qui paie directement via le compte des bénéficiaires.

Nous arrivons au terme de notre entretien, y a-t-il  quelque chose que vous souhaitez ajouter ?

Je veux vraiment lancer un appel qui va d’abord à l’endroit des bénéficiaires, les gens qui nous soumettent les projets ; Il fait qu’elles comprennent que le FAFE c’est pour toutes les femmes sans aucune discrimination. Mais seulement, tout le monde ne peut pas être satisfait au même moment ; ça c’est une première chose. La deuxième chose, je veux leur dire que nous comptons beaucoup  sur elles pour la bonne gestion des montants que nous mettons à leur disposition.; parce que tant ces montants ne sont pas biens gérés d’autres femmes ne peuvent pas en bénéficier ; Je voudrai en troisième lieu lancer un appel en direction des partenaires techniques et financiers. Il y a l’Etat. Aussi, je profite de l’occasion pour remercier le président de la République, son Excellence Ibrahim Boubacar Keïta et l’ensemble de son gouvernement, d’avoir eu l’idée, l’initiative, de loger ce fonds au niveau du Ministère de la promotion de la Femme, de l’Enfant et de la famille ; Je voudrai également saluer, ici, mon ministre, Mme Sangaré Oumou Ba. Je compte donc sur les bénéficiaires pour la bonne gestion des fonds. Nous demandons également aux partenaires techniques et financiers de nous appuyer ;  Nous avons un premier partenaire qui a fait un premier pas ; il s’agit de Rand Gold qui nous a aidé en 2016. Nous avons pu financer trois associations dans le cadre de la réinsertion socio économique des enfants en situation difficile ; on attend les autres partenaires afin que nous puissions financer le maximum d’associations et d’ONG en faveur des femmes et des enfants.

Propos recueillis par

Oumar Diamoye   

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