Fad Seydou, Professeur Malien en Finlande : « Il n’y a pas d’enseignement supérieur sans recherche »

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Le Mali abritera l’année prochaine la 5e édition du Symposium malien sur les sciences appliquées. En vacances au bercail, l’un de ses initiateurs, Fad Seydou, professeur  malien de mathématiques en Finlande, nous parle des objectifs de ce symposium et les nombreux projets qu’il nourrit pour l’université malienne. « Il n’y a pas d’enseignement supérieur sans recherche », dit-il.

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Les Echos : Comment avez-vous eu l’idée de ce symposium ?

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Fad Seydou : Depuis 96-97, avec des amis Doulaye Dembélé, Abdoulaye Doucouré, Bakary Sylla, Djeneba Traoré, Mohomodou Houssouba, Aliou Haïdara, Sibiry Traoré tous à l’étranger à l’époque, on a décidé de participer à l’essor de l’université malienne. C’est ainsi que nous avons eu l’idée de créer le Symposium malien sur les sciences appliquées et nous avons été appuyés par les aînés, en l’occurrence Diola Bagayogo, Dialla Konaté tous professeurs aux USA, Daouda Sangaré en Côte d’Ivoire. Nous avons aussi eu l’appui de la Faculté des sciences et techniques au Mali. Le but de ce symposium est de travailler pour contribuer à rehausser le niveau de l’enseignement supérieur, mais aussi de la recherche. Parce qu’il n’y a pas d’enseignement supérieur sans recherche. Ils sont intimement liés.

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Pour réussir l’enseignement supérieur, il faut amener les jeunes à réfléchir, à créer, à innover pour faire de la recherche. Il faut aussi former des futurs chercheurs. Notre vision est de travailler pour constituer avec les collègues sur place la masse critique pour le pays. Sans cette masse critique, il n’y aura pas de développement.

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Les Echos : Quels sont les acquis des quatre précédentes éditions ?

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F. S. : En 2000, c’était une rencontre locale. Nous avons surtout travaillé avec les professeurs de la Faculté des sciences et techniques qui nous ont beaucoup aidés, ainsi que le rectorat. En 2002, le symposium a atteint une dimension régionale avec la participation de pays africains. En 2004 et 2006, c’était vraiment une dimension internationale avec beaucoup de très grands chercheurs de par le monde. L’année prochaine, nous allons essayer de faire mieux. Ce que nous voulons, ce n’est pas seulement de nous asseoir autour des innovations techniques, nous allons aussi développer des collaborations, des bourses, des financements pour la formation des étudiants, des chercheurs.

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Les Echos : Vous venez également d’initier une caravane scientifique…

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F. S. : Oui. A travers le Symposium malien sur les sciences appliquées et les collaborations avec nos collègues d’ici, nous avons constaté qu’il y a une grande disproportion des effectifs et un grand problème des ressources humaines au Mali. Pour preuve, à la Faculté des sciences juridiques et politiques, il y a environ 18 000 étudiants pour trois professeurs de rang magistral, ça veut dire trois personnes capables d’enseigner des cours magistraux. C’est désastreux ! Nous avons constaté aussi qu’il y a un problème de gestion du flux. Il s’agit de voir qui on peut prendre à l’université et aussi préparer des alternatives comme les écoles supérieures professionnelles, par exemple. Donc, l’objectif de la caravane, c’est d’abord de susciter un éveil scientifique au niveau de la jeunesse malienne, de démystifier la science pour amener beaucoup plus de jeunes vers les séries scientifiques.

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Les Echos : Avez-vous d’autres projets en perspective ?

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F. S. : Nous comptons organiser très bientôt un colloque sur l’enseignement supérieur au Mali. Comme je l’ai dit, il y a très peu de scientifiques de haut niveau, ce n’est pas bon pour le pays. Nous avons besoin de la science et de la technologie pour nous développer. Il y a en général un problème de ressources humaines et nous devons asseoir une vraie vision stratégique pour l’enseignement supérieur. Si nous avons toutes les matières premières, si nous n’avons pas de scientifiques et d’ingénieurs, nous ne pourrons pas utiliser ces matières premières. La situation est vraiment alarmante. C’est pourquoi, j’ai proposé au président de l’Assemblée d’organiser un colloque sur ce problème de l’enseignement supérieur et de la recherche, c’est quand même le devoir des intellectuels de tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard. Nous avons encore une petite porte de sortie et ensemble nous pouvons trouver des moyens non seulement de sortir de cette crise, mais aussi de résoudre les problèmes à venir en amont.

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Les Echos : Avez-vous les moyens de vos ambitions ?

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F. S. : Pour le symposium malien, nous avons commencé par des cotisations pour pouvoir faire venir les gens. Nous payons également nos billets d’avion. A partir de 2004, le gouvernement a commencé à prendre en charge l’hébergement et la nourriture des invités. Par rapport à la caravane, c’est 100 % sur fonds propres.

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Propos recueillis par

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Sidiki Y. Dembélé

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FAD SEYDOU : Prouesses d’un Malien, professeur d’université en Finlande

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Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre d’années, dit-on. Ce dicton s’applique bien au jeune Malien Fad Seydou qui enseigne les mathématiques dans une des grandes universités d’Europe  du Nord, en l’occurrence l’Université d’Oulu de Finlande.

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Parti du lycée de Gao en 1988 avec une bourse du Mali pour l’Université Lomonosov à Moscou, il se rendra après en Finlande pour terminer son Master en 1994. Toujours avide de connaissance, il se spécialisera en mathématiques industrielles aux Pays-Bas, à l’Université Eindhoven de Technologie (UET). Aussitôt il a fini avec l’UET. En 1995, il bénéficiera d’une bourse finlandaise pour faire un doctorat aux USA qu’il obtint en 1997.

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« Graine rare », il sera vite embauché, à sa sortie, par l’Université d’Oulu en Finlande où il enseigne aujourd’hui les mathématiques. Parallèlement, il travaille avec des universités américaines et canadiennes.

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En vacances au pays, M. Fad tente, tant bien que mal, d’apporter sa contribution à la construction du Mali à travers des actions de bénévolat dans les domaines de la recherche et le développement des sciences à l’université et aux élèves. Son objectif : amener le plus grand nombre d’élèves à embrasser les filières scientifiques.

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« Aucun pays ne peut se développer sans les sciences. Or, au Mali, le constat est alarmant, il y a une disproportion énorme entre les filières. Très peu d’étudiants vont étudier les sciences. La Faculté des sciences et techniques se vide pendant que l’ex-Ena compte près de 18 000 étudiants avec seulement trois professeurs de rang magistral » déplore-t-il.

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C’est pourquoi, avec un de ses amis camerounais, Jean-Paul Mbelek du Commissariat de l’énergie atomique de France, Seydou vient de boucler une caravane scientifique à l’intérieur du pays pour « susciter un éveil scientifique chez les jeunes élèves et expliquer aux parents, enseignants, l’importance de la science et la nécessité d’y orienter leurs enfants ».

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Pour lui, « la science n’est pas la propriété seulement des pays occidentaux. L’avenir de ce pays est dans la main des jeunes. Les dirigeants doivent leur donner ce dont ils ont besoin pour le bien du pays ».

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En plus de la caravane, Fad Seydou et certains de ses camarades ont initié depuis 2000, un Symposium malien sur les sciences appliquées dont la 5e édition se tiendra en 2008. En perspective, le jeune professeur compte, bientôt, organiser un colloque sur l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, en partenariat avec l’Assemblée nationale, le rectorat et les professeurs. Pour atteindre son objectif, Fad Seydou compte sur la jeunesse malienne, un potentiel, dit-il, à utiliser pour le développement du pays.

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S. Y. D.

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