Dans sa politique de vulgarisation des jeunes talents de la culture malienne, le quotidien Le Pays a tendu son micro à une jeune auteure qui vient de faire paraître son premier livre chez InnovEdtions. Il s’agit de Sadya Touré. Lisez l’entretien :
Bonjour Sadya Touré. C’est avec un réel plaisir que nous avons appris la naissance de votre premier bébé, pouvez-vous nous mettre au parfum du livre ?
Bonjour, je suis Sadya Touré, je viens de lancer mon premier roman intitulé ‘’Être une Femme ambitieuse au Mali’’. Ce livre est inspiré de la société malienne. Il explique comment on s’emploie sans le savoir à étouffer l’ambition des filles. Le livre traite de sujets contemporains comme l’excision, le décrochage scolaire des jeunes filles résultant du mariage précoce ou de la pauvreté, la violence conjugale. Je démontre comment l’héroïne se bat contre les préjugés, les barrières imposées par la société pour pouvoir atteindre ses objectifs. Dans le livre j’ai suivi un style dicté par mon cœur, en montrant aussi l’impact que peut avoir l’éducation de la famille en insistant sur le rôle que peut avoir un père dans cette éducation. Je montre que l’ambition est positive lorsque l’on compte se battre pour ses rêves, lorsque l’on souhaite impacter positivement des vies. Enfin, je fais appel à quelques cultures glorieuses et pleines de sagesse de l’Afrique qui ont compris la combativité naturelle et sacrée de la femme.
Quel est le public visé ?
Mon public visé n’est pas seulement les femmes ou que mon écrit soit contre les Hommes bien au contraire, je vise les femmes et les hommes, car nous vivons ensemble dans ce monde et nous avons besoin des hommes pour mener ce combat à nos côtés, qu’ils ne voient pas les combats des femmes comme une attaque en leur encontre. Donc je vise en premier lieu le public jeune, adulte et vieux malien et après au-delà de nos frontières. Nous avons besoin aussi qu’on voit les ‘’Femmes maliennes’’ comme des actrices du développement pas que des bimbos qui explosent les chiffres sur les réseaux sociaux et qui sont considérées comme modèle par une certaine tranche de la population.
Qu’est-ce qui vous a inspiré à écrire ce bouquin qui est pratiquement une apologie de la situation féminine ?
C’est venu de la volonté de capitaliser mon expérience au sein d’associations nationales pendant au moins sept ans de ma vie. Et ce sujet a toujours été mon champ de prédilection donc c’était normal d’écrire ce roman.
Quelle émotion vous avez eue en voyant pour la première fois votre travail intellectuel publié et vendu sur le marché ?
C’est d’abord un sentiment d’anxiété, des questions éternelles que l’on se pose chaque fois, de la peur de ne peut être pas répondre aux attentes de mes lecteurs, à chaque critique vue par hasard sur ce travail, c’est des frustrations intérieures, or en réalité un livre n’est pas la démonstration d’un travail parfait, mais le témoignage des nuits blanches d’espoirs et de désespoirs, d’affirmations et de contradictions, de doutes et de certitudes .À côté de tous ces sentiments, vient la fierté, fierté d’avoir osé, fierté d’avoir pris le premier pas, fierté d’être modèle pour ses parents, sa famille. Cette fierté présente en même temps de gros enjeux.
Un écrivain est celui qui ne manque jamais à dire ou à écrire pour ses lecteurs. Nous osons à ce titre croire que vous ne vous limiterez pas à ce seul ouvrage, seriez-vous capable de nous parler de votre futur projet ?
Vous avez raison, souvent l’on choisit d’écrire, mais si c’est la plume qui vous choisit vous n’avez qu’à vous mettre à son service. Oui, j’ai des projets d’écriture, mais je préfère garder cela pour moi et travailler en douce. À part cela, j’écris pour quelques journaux en ligne dans la rubrique Femmes, carrières et sociétés et sur mes blogs que vous pouvez suivre à ce lien : www.patrimonde.mondoblog.org
Quel est l’appel que vous lancez aux jeunes générations en matière de littérature ?
Je vois de nouveaux talents qui embarquent dans l’avion et c’est bien, je les encourage encore à venir, à traiter des sujets de notre ère, à dénoncer, à ne pas être conformistes et à se servir de la littérature comme un moyen de parvenir à un monde meilleur.
Alors, une dernière question : qu’est-ce qui a motivé votre choix pour Innov éditions ?
J’ai choisi InnovÉdition parce que c’est une jeune maison d’édition. L’équipe étant jeune comme moi, je trouve que nous avons besoin de nous aider pour grandir ensemble. À ceux-ci, il faut noter que j’ai opté pour cette maison parce que je crois en elle et en sa politique qui est de promouvoir les jeunes talents. J’aurais pu me faire éditer en France ou dans un autre pays, mais ce n’est pas le public que je veux, mais le message que je veux lancer.
Quel sera votre dernier mot ?
Merci de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer, j’encourage donc hommes et femmes à lire le livre et à comprendre le contenu. Mon dernier mot s’adresse donc à tous les Maliens. Nous sommes dans une phase critique de notre nation, j’invite tous les Maliens à démontrer que notre peuple est un et indivisible, cela se prouvera par la manière dont les Maliens vont accueillir le nouveau président dans quelques mois qui qu’il soit, que tous les Maliens acceptent et qu’ils travaillent ensemble pour que le Mali soit cette terre de paix dont nous rêvons tous.
Merci, Sadya, pour cet entretien.