Mme Bah Hadja Maciré Camara est une journaliste aguerrie, l’une des plus belles voix de Guinée, ex présentatrice du journal télévisé à la Radio Télévision Guinéenne (RTG). Il y a de cela un an, elle a mis fin volontairement à sa carrière de présentatrice du Journal télévisé après 28 ans de loyaux services rendus à la nation, afin de laisser la place à la nouvelle génération. Elle est présentement, la chargée de communication au ministère des Guinéens de l’étranger et directrice de la structure ” Mass production “, une agence de promotion artistique et culturelle. Cette dame de fer qu’on ne présente plus dans le monde du show biz guinéen a répondu à nos questions, lors de notre séjour en terre guinéenne.
L’indépendant Weekend : Vous êtes la directrice de ” Mass production “. Présentez-nous votre structure.
” Mass production ” signifie Maciré Production, le diminutif de mon nom. C’est une agence artistique et culturelle, dont l’objectif est de promouvoir la culture africaine de manière générale et la culture guinéenne de manière spécifique, surtout dans le domaine musical.
Vous êtes journaliste, chargée de communication au ministère des Guinéens de l’étranger. Comment arrivez- vous à ménager le journalisme et vos activités culturelles ?
C’est vrai que c’est extrêmement dur, parce que le métier de journalisme et du show biz sont des métiers contraignants. Je me dis que le journalisme est un monde d’artistes. Entre les deux, il y a un pas à franchir. Mais je pense que c’est juste une question d’organisation, d’effort, de volonté et de courage. Mes activités culturelles sont périodiques, mais en cette période, je sais toujours gérer, bien que ce soit des périodes chargées, il suffit de savoir faire une bonne répartition des tâches entre les collaborateurs.
Vous êtes une ainée dans le métier de journalisme, quelle regard portez-vous sur la nouvelle génération ?
Il y a eu plein de changement grâce à l’évolution de la technologie. Quand nous commencions dans ce métier, nous rédigions l’élément sur papier et lisions en direct. Après il y a eu le télépointeur, c’est un écran sur lequel tu lis en direct. Et aujourd’hui, le coréalisateur n’a plus de place, le présentateur a la possibilité de tout faire seul. Ce qui veut dire que le travail est beaucoup plus concentré de nos jours. Sur le plan de la progression intellectuelle, la vision du journaliste je dirai qu’il y a un manque avec la nouvelle génération. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas la même vision que nous. C’est plus le côté mercantile. Je ne connais pas les réalités du Mali, mais ici en Guinée, les jeunes sont pressés de voir le bout du tunnel et du coup ils transforment le métier en commerce, veulent s’enrichir par conséquent défigurent ce métier noble. C’est dommage. Je ne suis jamais d’accord avec cette pratique faite par cette génération.
Vous êtes journaliste fonctionnaire de l’Etat, ce qui veut dire que vous avez un salaire mensuel et des avantages. Par contre dans les organes privés très souvent c’est la débrouillardise. N’est ce pas ça le problème ?
Le journalisme est un métier noble. Il suffit de montrer de quoi on est capable, et le reste va suivre. Dans ce métier, quand on est bon, on ne souffre pas. C’est pourquoi je conseille aux jeunes de travailler d’abord, et le reste viendra tout seul.
Votre structure “Mass production ” est internationale. Comment trouvez-vous le monde du show biz en général et malien en particulier ?
L’organisation d’un spectacle en Guinée est beaucoup plus facile, contrairement à Dakar par exemple où les taxes sont très élevées. Pour organiser un spectacle à Dakar, il faut vraiment avoir un bon sponsor. Au Mali les taxes sont abordables, et rarement nous sommes confrontés au problème de piratage de billet, contrairement à Conakry, où les billets sont falsifiés avant même le jour du spectacle. Au Mali c’est rare cette pratique, mais seulement ce que nous avons déplorés chaque fois que nous organisons un spectacle au Mali, c’est le fait que les parents ne prennent pas de billet pour les enfants, et en revanche viennent au spectacle avec leurs progénitures, qui occupent les places des autres. Ce problème est un véritable casse-tête pour les organisateurs de spectacle au Mali.
Quand vous organisez des spectacles au Mali avez-vous souvent rencontré des barrages?
Dans le milieu du show biz, il est clair que vous ne pouvez pas partir de votre pays, ou vous détenez l’agrément pour aller organiser un spectacle dans un pays où vous n’avez pas d’agrément. Ce n’est pas possible. Dans ce cas, il faut tout simplement travailler en collaboration avec une structure nationale. C’est une loi qui est appliquée partout ailleurs.
Vous êtes féministe… Quelle est de nos jours la place de la femme guinéenne dans la société ?
En tant qu’africaine, nous avons nos propres réalités culturelles. Nous savons bien que l’homme est le chef de la maison. Mais nous disons qu’il faut que celui- ci sache que les femmes sont des êtres, qui ont des droits, l’orgueil et la dignité. Alors, la femme n’est pas un objet, ni un jouet. Mais au contraire, c’est un être qui a besoin de respect et d’être encadré, respecté et traité au même titre que les hommes. Je dis toujours à nos sœurs que la liberté s’arrache. Vous savez, l’homme est un eternel jaloux. Pour se rassurer, il aimerait que sa femme reste à la maison, s’occupe de ses enfants, s’occupe de lui. C’est pourquoi je dis si nous comptons sur eux, alors là cela ne sera jamais faisable. C’est à nous d’arracher notre liberté, mais de le faire de façon douce, en mettant en pratique nos valeurs culturelles.
Un mot sur les exactions faites aux femmes dans le Nord du Mali.
Ce qui se passe non seulement au Nord du Mali, mais partout dans le monde, où on viole les femmes, on tue les enfants, est écœurant. Je n’ai même pas de mot pour m’exprimer. Ces barbares ne peuvent pas dire que c’est au nom de l’islam qu’ils violentent les femmes ! Ce n’est pas possible. Que cela s’arrête ! Vous savez lors d’une rencontre sur les violences faites aux femmes, on avait demandé à chacun d’exprimer son vœu. J’ai demandé à Dieu s’il pouvait faire en sorte que les hommes connaissent un peu la douleur de la femme au moment d’enfanter. Je suis sure qu’un homme ne fera jamais du mal à une femme et à un enfant. Vraiment que les autorités trouvent des solutions adéquates pour mettre fin à ces crimes barbares faites aux femmes et à nos enfants.
Votre pays la Guinée est trempé dans un problème profond entre ethnie, qui retarde farouchement la construction du pays. Avez-vous une solution de sortie de crise ?
Qui a demandé à Dieu d’être né dans le même pays ou le même village que l’autre ? Personne. Tout ce qui se passe aujourd’hui en Guinée ne peut que retarder le pays. Un pays ne peut pas avancer avec des problèmes pareils, au contraire ça ne peut qu’entrainer la souffrance, la pauvreté et la misère. On n’ira pas fabriquer quelqu’un d’une autre ethnie pour venir être président en Guinée, quoi qu’on fasse on sera toujours appelé à vivre ensemble que ce soit n’importe qui, qui viendra au pouvoir. Les Guinéens doivent dialoguer, il faut communiquer, il faut être solidaire et surtout tolérant. Nous avons beaucoup à faire, il y a des priorités et je pense que les Guinéens doivent comprendre que tant que nous ne taisons pas nos divergences ethniques, notre pays ne décollera pas et ce sera dommage pour nos enfants.
Le mot de la fin ?
Je lance un appel à la couche féminine. Le combat des femmes pour l’épanouissement de la femme. Si nous arrêtons ce combat, ce sera notre fin. Car aucun pays ne peut accéder à un développement harmonieux, si on ne prend pas en compte la participation de la femme. Pour ce faire, les hommes doivent comprendre que nous sommes complémentaires et qu’on doit se donner la main pour faire avancer nos Etats.
Clarisse NJIKAM
Sambou au lieu de continuer a taper fort sur ton ane mort qu’est ton histoire tu dois apprendre de Mass afin de t’emanciper et de faire progresser le Mali.
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