Entretien avec le capitaine Modibo Nama Traoré : Le journaliste Malien n’a pas peur des gendarmes, ni des juges, mais il a plutôt peur de l’ordonnance médicale ou des frais de popote qui l’attendent à la maison

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Le  capitaine Modibo Nama Traoré
Le capitaine Modibo Nama Traoré

Il s’est prêté à nos questions à la fin de l’atelier sur le «journalisme et le traitement de l’information en période de crise».

L’inter de Bamako : Peut-on savoir avec vous le rôle du journaliste dans la consolidation d’une démocratie ?

Capitaine Modibo Nama Traoré : Ça fait débat partout dans le monde, pour certains, les journalistes doivent soutenir les instances gouvernementales et divulguer uniquement les informations ayant reçu l’avale des autorités.

D’autres au contraire, sont convaincus que les medias doivent être les gardiens de l’Etat, enquêter sur les abus de pouvoir et les dénoncer. Une presse libre et indépendante est essentielle à toute société libre.

L’Inter de Bamako : Qu’entend-t-on par presse libre ?

Capitaine Modibo Nama Traoré : Cela signifie, une presse non soumise à une réglementation ou à un contrôle excessif de la part des pouvoirs publics, c’est-à-dire une presse affranchie de toute influence financière immodérée émanant du privé, notamment des annonceurs et des hommes politiques.

Bref une presse libre, indépendante et responsable donne à ses auditeurs, lecteurs et téléspectateurs les informations dont ils ont besoin pour jouer pleinement leur rôle de citoyen au sein d’une société libre.

La presse libre est courageuse et enquête sans peur ni complaisance sur les sujets qui comptent aux yeux de ses audiences. Elle réfute les hypothèses déjà toute faites.

L’Inter de Bamako : Cette mission a-t-elle été pleinement remplie par exemple au Mali ? Si non, quelles en sont les causes ?

Capitaine Modibo Nama Traoré : C’est vrai que la notion de responsabilité diffère selon les pays et les continents. Certains principes essentiels de la liberté de la presse sont immuables. Une presse libre et responsable doit rechercher et rapporter la vérité… Mais on a trop compris la liberté de la presse au Mali. Si la presse Malienne se veut gardienne de la nation. Mais qui surveille aussi cette gardienne ? Qui s’assure que les medias rendront des comptes.

Dans notre pays il n’existe aucun gendarme du gendarme. Les lois et les règlements qui régissent les comportements des organes de presse sont tellement légers dans leurs contenus que toutes les dérives y passent. L e journaliste Maliens n’a pas peur de gendarme, ni des juges, mais il a plutôt peur de l’ordonnance médicale ou des frais de popote qui l’attendent à la maison.

L’Inter de Bamako : Il y a-t-il une façon particulière de traiter l’information en période de crise comme celle que le Mali traverse depuis plus d’une année ?

Capitaine Modibo Nama Traoré : Les critères en temps de paix et de stabilité ne doivent pas être les mêmes en temps de guerre, de crise ou de catastrophe dans des démocraties naissantes comme la notre. Vous conviendrez avec moi que les presses très libres doivent faire usage de leur liberté en gardant à l’esprit que ses actes et ses choix éditoriaux ne sont pas dénués de conséquences, parfois lourdes.

Les medias détiennent un pouvoir immense qui peut affecter la vie de millions de personnes. Comme toutes institutions puissantes, ils doivent être disposés à entendre des plaintes, à expliquer leurs décisions à leur public, à reconnaitre leurs erreurs. Mais il faut aussi être prêt à prendre des positions impopulaires, à affronter vaillamment la critique lorsque des principes essentiels sont en jeu.

L’Inter de Bamako : Pourquoi insiste-t-on sur la période de crise ; est- ce à dire que la responsabilité de l’homme de media dévient beaucoup plus délicate comparativement aux autres périodes ?

Capitaine Modibo Nama Traoré : Parce que l’information du sur le monde s’est  précisément déplacée du territoire des échanges vers celui, plus restreint de la sécurité et de la défense, il appartient aux medias, par «devoir», de s’inscrire dans ce contexte. Le champ identitaire rassembleur est donc devenu celui de la défense de la liberté, non seulement contre une «agression sauvage», mais aussi contre tout «axe du mal», qui viendrait menacer le monde civilisé.

Certains accorderont plus d’importance à leur rentabilité alors que pour les autres la mission principale est de fournir un service public, autrement dit, les informations dont les citoyens ont besoin. Les medias sont à la fois des ampliateurs, des chambres de résonances et des filtres déformant. Ainsi, leur prise de position, leur critique, leurs déformations et mise en perspective de l’information, font qu’ils perdent le principe de l’objectivité et tombe dans la propagande.

Par conséquent, ils choisissent malheureusement leur camp, en agissant soit en votre faveur ou en votre défaveur. Dans le second cas, ils représentent un danger. Car leur pouvoir est immense, au près du grand public, notamment les investisseurs.

Leurs prises de position influent sur les décisions de ces derniers. Toutefois cette difficulté n’est pas insurmontable, d’ailleurs, les relations presse nous donnent la solution.

L’Inter de Bamako : Il y a-t-il des recettes particulières dont dispose  l’homme de media pour bien jouer son rôle dans la recherche de solution dans la crise comme celle du Mali ?

Capitaine Modibo Nama Traoré : Un journaliste indifférent aux conséquences de ses messages cesse d’être un communicateur et dévient louche, suspect, parce que développant, à son insu, un subconscient pervers qui lui permet de s’investir pour n’importe quelle cause en se servant ainsi de ses objectivités comme outil de travail.

Propos recueillis par Bacary COULIBALY

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1 commentaire

  1. Bandes de cancres de soldats rates et policiers pourris. Dites ceux la vous memes. Vous etes entrain de faire ceux que vous voulez dans le pays sans respect ni loi ni foie en raquettant, volant et pillant la population et c’est toi un petit capi rate qui te permets de dire ces propos. EnC…….le. 👿 .

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