Journaliste-écrivain, Lanfia Sinaba vient de mettre sur le marché du livre son deuxième ouvrage intitulé ” Cohabi-tension à Farafinland “. Ce livre édité par les Editions Manfara (EdiMan) aborde des thématiques variées comme la corruption, le chômage, la pauvreté et la prostitution. Votre journal a rencontré l’auteur pour échanger autour de cet ouvrage qui brise le silence sur l’un des thèmes très sensibles dans notre société aujourd’hui : l’homosexualité.
Aujourd’hui – Mali :Vous venez de publier récemment un livre qui s’intitule “Cohabi-tension à Farafinland”. Pouvez-vous nous le présenter ?
Dans cet ouvrage, je parle de beaucoup de sujets à la fois. Des sujets qui sont vraiment d’actualité. Le titre Cohabi-tension à Farafinland est un néologisme. Je veux ici parler de la tension dans la cohabitation. Il y a une réunion qui devait se tenir dans un pays imaginaire, Farafinland, qui n’a finalement pas eu lieu et cela a suscité des réactions, un tollé et du tohu-bohu d’où le titre “Cohabi-tension à Farafinland”, un pays en proie à une instabilité multiforme. Une instabilité d’ordre politique, économique, social et sécuritaire. Le mot Farafinland aussi est un néologisme comme le “Farafin” qui veut dire la “Peau noire” en bambara et Land qui signifie terre en anglais donc “Pays des hommes noirs”. Le récit se passe dans un pays imaginaire, mais qui évoque aussi d’autres situations des pays de la sous-région et aussi d’autres de la Méditerranée (occident).
Dans cet ouvrage, vous évoquez l’homosexualité, alors pourquoi et quel est votre avis sur la question au Mali d’aujourd’hui ?
D’accord, pourquoi l’homosexualité ? Parce que dans mon précédent ouvrage “Révélation sur Amadou Hampaté Ba”, je parle beaucoup de mariage d’une façon générale, de l’ensemble des préparatifs en amont, pendant le mariage et après le mariage. C’est un mariage hétérosexuel parce que dans mon pays au Mali, c’est ce qui est reconnu. Mais de l’autre côté, en Occident, il y a aussi le mariage homosexuel. Donc j’ai décidé dans cet ouvrage de parler aussi du mariage homosexuel.
Chose qui n’a pas été facile car c’est un thème sensible au Mali. Mais il faut que quelqu’un en parle. Quant à mon avis sur la question de l’homosexualité au Mali, dans l’ouvrage, je dirais que je n’ai pas fait sa promotion et je n’agresse pas non plus les homosexuels parce que l’ouvrage à une ambition, celle d’aller au-delà des lecteurs maliens, au-delà de nos frontières et il y a de ces où pays l’homophobie est interdite donc si j’avais agressé les homosexuels dans cet ouvrage, il n’allait pas paraitre.
Quant à la question concernant ma vision sur la question, je laisse le soin à mes lecteurs hétérosexuels et homosexuels d’apprécier.
Vous soutenez dans votre ouvrage que l’émigration est une préservation de la dignité humaine … !
Oui ! C’est parce que les jeunes Africains qui tentent de rejoindre l’Occident le font à la limite humaine et leur dignité est bafouée. Je dis donc que si la dignité d’un être humain est bafouée en Afrique, on doit se sentir humilié aussi de l’autre côté. C’est dans ce sens-là que je le dis. Quand la dignité est menacée d’un côté, elle est menacée de l’autre côté aussi.
Au-delà des maux de la société, vous magnifiez aussi la femme dans ce livre… !
Effectivement, je parle beaucoup de la femme dans ce livre. Toutefois, si jetais un lecteur de cet ouvrage, j’allais apprécier de façon positive l’humanisme des personnages parce que chacun à son niveau essaie de porter une souffrance de l’Afrique pour essayer de trouver une solution. Je parle aussi de cette beauté de la femme quand je parle du premier personnage qui est Samira. Une jeune fille qui a de très beaux yeux, comme s’ils sont imbibés dans du lait frais de vache nourrie d’herbes fraiches des pâturages abondantes.
Au-delà des yeux, elle a des seins bien bondés et constamment tendus vers l’orient. Samira est de ces jeunes filles qui n’ont pas besoin de soutien-gorge et forcément elle donne de la joie à regarder. A travers cette beauté, il y a un iman qui n’arrive pas à s’en passer et ce qui devait arriver arriva.
La prostitution est l’une des thématiques phares du livre, alors dites-nous quel est le message que vous avez voulu faire passer par ce thème ?
Quand Samira va tomber enceinte de l’imam pervers, son père va la chasser de la famille. Son père s’estime être un grand musulman et pratiquant et qui ne peut pas concevoir que sa fille tombe enceinte, surtout d’un imam et surtout une grossesse précoce, non désirée et mère d’un enfant bâtard. Mais qu’est-ce que le père de Samira aussi a fait pour que sa fille ne se retrouve pas dans les mains d’un imam pervers ? Ce qui pose la question sur les responsabilités des parents dans l’éducation des enfants. Donc mère célibataire, Samira sera obligée de se prostituer pour élever son enfant. Et cette prostitution, elle en fait un instrument de révolte contre la société qui l’a rejetée au motif qu’elle est la mère d’un enfant bâtard. Elle s’en sert pour choquer la société où cette pratique est vue d’un mauvais œil.
Quel sera votre dernier ?
J’invite vraiment les lecteurs à chercher à lire ce livre qui est en phase avec l’actualité de notre pays. Le livre est en vente à la librairie Bah et à la Maison de la presse du Mali. Je dis également un grand merci au journal Aujourd’hui-Mali qui se démarque aujourd’hui des autres par sa qualité et sa diversité, surtout pour son intérêt pour la culture et la littérature en particulier.
Réalisé par Youssouf KONE