Entretien avec l’administrateur général de la zone CMDT de Koutiala, Ishaga Thiam: “Nous voulons que Koutiala redevienne la capitale de l’or blanc et que les jeunes partis à l’exode retournent ”

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Dans la dynamique de la relance du coton, la zone de Koutiala veut produire pour la campagne 2012-2013 qui est en cours 192 000 tonnes de coton graine.  Le tout nouvel administrateur général de la zone CMDT de Koutiala, Ishaga Thiam, un cadre d’expérience qui connait la boîte, pense que cette ambition est à portée de main. La pluviométrie de cette année est déjà mieux que les trois ans antérieurs et l’Etat a maintenu la subvention des intrants agricoles. Dans cette interview, M. THiam nous explique les dispositions prises pour atteindre cet objectif de production. 

‘Indépendant : M.  L’administrateur général, vous venez d’être  nommé à la tête de la  zone filiale Nord – Est  (zone production de Koutiala). Qu’elles sont vos perspectives pour valoriser la culture du coton dans cette partie du pays?

Ishaga Thiam : Les perspectives  sont ambitieuses si l’on sait que Koutiala est une zone de production de coton par excellence. Cette année, l’objectif de la CMDT est de rester dans la dynamique de la relance du coton entamée ces dernières années. La direction générale a fixé  l’objectif global de production à 500 000 tonnes de coton et 2 000 000 de tonnes de céréales, donc il a été assigné à la zone de Koutiala l’objectif  de produire 192 000  tonnes de coton et 684 000 tonnes de céréales sèches.  Quand je suis arrivé  ici, j’ai trouvé un terrain qui n’était  pas vierge. Il y avait beaucoup de choses à Koutiala et je ne suis là que pour consolider ces acquis pour qu’on puisse revenir à la situation d’antan. En effet,  Koutiala était la capital de l’or blanc,  donc nous voulons  redonner cette place à Koutiala.  Mais à côté du coton, il y a les céréales, mais malheureusement, quand  les gens voient la CMDT,  ils ne pensent qu’au coton alors qu’à côté de celui-ci,  c’est tout un système, c’est-à-dire coton- céréales et généralement, les zones CMDT sont des zones de production céréalière par excellence, où l’autosuffisance  alimentaire est assurée et l’excédent céréalier se dégage pour le reste du pays.

L’Indépt : Qui parle de la culture du coton, parle d’intrants agricoles, est-ce que les paysans ont été fournis en engrais?

J’avoue vraiment qu’on est  en train de fournir beaucoup d’efforts dans l’approvisionnement des producteurs en intrants  agricoles et les gens peuvent le constater cette année. Très tôt on a fait des commandes et on en a profité pour faire la mise en place jumelée avec l’évacuation du coton. Ce qui veut dire que cette année les producteurs ont été fournis à temps en intrants. Mais il peut y avoir quelques petits besoins çà et là parce qu’on se complétait aussi avec la direction de l’agriculture.  Cette année on fait beaucoup d’effort pour satisfaire les producteurs en intrants agricoles donc je peux dire à haute voix que dans la filière Nord-est, les paysans sont satisfaits.

L’Indépdt : Certains producteurs disent qu’ils n’ont pas eu assez d’engrais, est ce que vous allez les ravitailler ?

Je vous avoue que pour faire une commande des intrants, on part d’un plan de campagne. Toutes les commandes qu’on devrait  faire pour la campagne ont été effectuées. Mais aujourd’hui le problème qui se pose, c’est que la campagne commence très tôt, les gens sont dans les dépassements, par exemple, certains producteurs ont cultivé 5 hectares alors qu’ils avaient dit au départ  qu’ils feront 2 hectares. Malgré tout on a fait quelques efforts. Quand je suis arrivé on mon poste, comme j’avais un stock à Kita, j’ai immédiatement transféré ce stock vers Koutiala, malgré tout on a fait une commande expresse de 500 tonnes d’urée et 200  tonnes de complexe céréale qui ont été distribuées récemment.  On n’a plus le temps de faire d’autres  commandes d’engrais puisque l’hivernage avance. Il y a un moment bien défini pour faire des commandes, si on continue à donner les engrais aux producteurs, c’est pour les endetter car cela n’était pas prévu dans le plan. Pour résumer je vous affirme que nous avons satisfait toutes les parcelles inclues dans notre plan. Cette année nous avons dit aux paysans de cultiver les parcelles qu’ils maitrisent en terme de superficie.

L’Indépt : Actuellement dans notre zone cotonnière nos routes sont dégradées, est ce que dans les jours à venir il y aura des réparations à ce niveau pour faciliter l’acheminement de la production ?

Nous sommes obligés de les réparer, mais on ne peut pas tout faire. Vous savez l’année dernière l’Etat nous a beaucoup appuyé à travers un programme qui a été financé à hauteur d’un milliard et plus. Tout le monde sait que les pistes se dégradent chaque année à cause de la pluviométrie qui est forte ici. On fera un effort pour faciliter l’acheminement du coton produit dans les meilleures conditions. Pour cela, nous sommes obligés de faire face à certaines pistes mais on ne pourra pas faire tout. Avec la situation actuelle du pays, on ne peut pas compter sur l’Etat. Nous comptons sur les producteurs parce que leur appui est sollicité au moment de la réparation des pistes afin que le coton soit acheminé et nous pourrons les aider avec des bennes. En ce qui concerne la CMDT nous réparerons les pistes en fonction de nos moyens en terme de budget.

L’Indépt : Vous avez effectué des visites sur le terrain, est ce que selon vos constats la campagne agricole est prometteuse?

Honnêtement cette année, on prie le bon Dieu. Contrairement aux trois dernières campagnes, la pluviométrie est bonne, déjà si on compare les hauteurs de pluies recueillies à l’heure actuelle à celles des années précédentes à la même date. D’ailleurs c’est rare de voir à Koutiala, au 30 juin, que  le coton  est à 92%  de superficie semée, cela fait des années qu’on n’atteint pas ce niveau. On peut dire que beaucoup de semis ont été précoces donc il n’y a pas d’inquiétude. On a été voir l’autre jour un champ qui a été semé le 20 mai. Il est bien entretenu, il y a déjà le coton flore. Nous avons peur car les gens risquent de récolter au mois de septembre  Si les pluies continuent le problème de qualité risque de se poser. Là encore cela demande beaucoup de sensibilisation afin que les gens puissent bien récolter et bien sécher avant de stocker pour qu’on puisse évacuer pour égrener. Si les pluies continuent, on aura une très bonne campagne pour le coton et les céréales. Cette année je vois qu’on peut dégager un excédent de 300 000 tonnes dans la zone cotonnière de Koutiala. C’est beaucoup surtout vu la situation du pays, il y a des zones qui sont sous occupation, elles ne pourront pas cultiver. Nous sommes contraints de produire mieux pour les soutenir avec cet excédent. Si on a l’autosuffisance alimentaire, on ne sera lié à personne pour nous rendre la vie chère. Mais avec le coton, la région de Koutiala va repartir sur de bon pied, les  activités économiques et artisanales reprendront avec le retour de tous ceux qui sont partis à l’exode. Donc le coton est incontournable pour le Mali en général et Koutiala en particulier. L’Etat a joué un grand rôle en subventionnant les intrants, le sac d’engrais est vendu à 12 500 F CFA aux paysans et le reste est supporté par l”Etat. L’Etat a subventionné les intrants de l’année dernière à hauteur de 18 milliards de FCFA,  cette année pour  25 milliards de FCFA.

L’Indépdt : Quels conseils avez-vous à donner aux cotonculteurs ?

Les conseils que j’ai donné aux paysans, c’est d’abord qu’ils sachent qu’on bénéficie d’un bon démarrage de la campagne. Nous  leur  demandons de suivre tous nos conseils d’encadrement. Pour le coton, il faut qu’ils luttent contre les parasites et utiliser les engrais à temps. Il faut qu’ils suivent nos conseils car nous sommes là pour eux. Moi-même j’irai sur le terrain, car à côté des tâches du bureau, je suis un homme de terrain.

Propos recueillis par Seydou DIAMOUTENE      

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1 commentaire

  1. Voila quelqu’un qui mérite d’être Directeur Général ou Ministre de l’Agriculture, il métrise le CMDT et l’agriculture en général, Félicitation Mr Thiam et du courage dans ta mission.

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