Officiellement lancé le dernier le 6 février dernier, le roman intitulé ” Une femme de trop ” publié par le Professeur de lettres Issoufi Dicko, attire déjà l’attention du curieux lecteur tant par son titre évocateur que son originalité. Edité et publié par Innov Editions, ce roman de 139 pages peint la société malienne à travers des histoires sur des thèmes aussi variés que l’amour, l’infidélité, l’alcoolisme, l’homosexualité, entre autres. Nous avons rencontré l’auteur qui a bien voulu répondre à nos questions sur son ouvrage.
Aujourd’hui-Mali : Bonjour, présentez-vous à nos lecteurs !
Issoufi Dicko : Je me nomme Issoufi Dicko, je suis enseignant, écrivain, blogueur. Je pratique l’écriture depuis deux décennies au moins, en tant que dramaturge pour la coordination universitaire des clubs Unesco universitaires de l’Afrique de l’Ouest. J’ai également pris part à l’élaboration d’un ouvrage collectif sur le thème “Femmes et stéréotypes”. Mais c’est cette année que je me suis résolu à publier un ouvrage personnel.
Pouvez-vous nous présenter votre ouvrage, “Une femme de trop” ?
“Une femme de trop” est un roman qui évoque des sujets de société, entre autres l’infidélité, l’adultère, l’alcoolisme, les violences faites aux femmes, notamment le viol. Il s’intéresse aussi à des problématiques comme la cybercriminalité, les rapports entre les religions et le terrorisme. Au-delà des considérations triviales, le roman est un hymne à l’amour, au pardon. Le personnage principal est en contact avec diverses figures féminines. Chacune a des raisons objectives de lui en vouloir et dispose de moyens pour le détruire. Pour autant, aucune ne s’en prend à lui. Au contraire, il s’en tire à bon compte, grâce à la magnanimité de ces femmes.
Pourquoi le choix de ce titre ” Une femme de trop “?
Le titre est évocateur. Au départ, j’étais tenté par un autre titre, “L’ange et le démon”. Mais je me suis dit qu’il pourrait être celui d’un film. Alors, j’ai opté pour ce titre qui met en évidence cette femme qui décide d’opter pour la posture d’une grande dame, capable de transcender sa souffrance et de pardonner à un homme qui est à l’origine de sa souffrance.
Votre roman est un reflet sans équivoque de la société malienne. Alors les histoires racontées sont-elles réelles ?
Les histoires évoquées sont-elles réelles ? Disons qu’elles sont vraisemblables. Le roman essaie au mieux de refléter la réalité du moment. Le romancier en fait est l’historien du présent. A ce titre, il peint la réalité de l’époque contemporaine. J’ai essayé de m’appuyer sur la loi de proximité géographique très chère aux journalistes pour partager avec les lecteurs des faits et gestes en lien avec leur époque, mais aussi avec leur environnement immédiat. Et puis, en tant que président d’une association de blogueurs, je me suis imposé le devoir de monitorer au quotidien les réseaux sociaux. Du coup, je suis au courant d’une quantité importante d’informations qui m’ont servi de source d’inspiration. Je dois néanmoins signaler que toute ressemblance avec des personnes ou des faits réels n’est que pure coïncidence.
Quelle est votre perception de l’homosexualité au Mali ?
L’homosexualité est un sujet tabou de nos jours au Mali. Cependant, se taire sur un phénomène de société n’en fait pas moins une réalité. L’homosexualité existe comme l’alcoolisme, le banditisme et j’en passe. Pourquoi le sujet fait l’objet de tant de passion ? Je crois que c’est parce qu’il se rapporte à la sphère privée. Pour ce qui me concerne, je ne me mets pas dans la posture du moraliste qui doit indiquer ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Je me contente, en tant qu’écrivain, de faire un constat.
Se pervertir pour se venger de son mari Oussou, un mauvais choix pour Soussaba ?
C’est le moyen qu’elle a trouvé pour résoudre le problème du moment auquel elle est confrontée. A-t-elle raison ou tort ? Je ne saurais le dire. Le constat que j’en tire est que cet événement perturbateur a provoqué une nouvelle situation entre les protagonistes, laquelle situation a contribué à l’évolution de l’intrigue.
La police et l’appareil judiciaire ne sont pas non plus épargnés dans votre livre !
Encore une fois, le livre évoque des phénomènes de société. Aujourd’hui, force est de constater qu’il y a une mauvaise distribution de la justice. Les justiciables ne savent plus à quel saint se vouer. Est-ce la faute d’une personne en particulier ? Je ne le crois pas. Tous, ensemble, nous devons œuvrer pour que les choses reviennent à la normale.
Vous évoquez également les stéréotypes dans votre livre, notamment à travers Sara, la nouvelle épouse d’Oussou, une tradition qui ne s’estompe pas ?
Les femmes, en Afrique, occupent une grande place dans la transmission des valeurs. Elles sont malheureusement victimes de stéréotypes véhiculées par elles-mêmes et à leur détriment. Dans bien des cas, les hommes font référence à des traditions rétrogrades et discriminant les femmes. Mais d’où viennent des stéréotypes ? Le rôle de transmission de la femme y est pour beaucoup. Il faut donc procéder à une véritable reconversion des mentalités, pour amener les femmes à se valoriser, à se mettre en valeur.
Le lecteur reste sur sa faim quant au dénouement final de l’intrigue principale du livre. Aurait-il droit à la suite ?
Le lecteur averti constate qu’il a été fait recours à certaines techniques littéraires, notamment les prolepses. Le roman fait allusion à des prolepses. Il a également des éclipses. Cela permet de comprendre que certaines parties ne sont que sous-entendues. Feront-elles l’objet d’un prolongement ? Cela relève du possible. Pour ma part, j’y travaille déjà.
Quel est votre dernier mot ?
J’invite les Maliens à s’adonner à la lecture. Il est important que l’on s’y adonne. Le livre constitue un moyen de se divertir, de s’informer, de se cultiver. Quant à celui-ci, il constitue une peinture de la société malienne contemporaine. J’invite tout le monde à le lire et à s’engager pour un meilleur épanouissement de la femme.
Réalisé par Youssouf KONE