Entretien avec El Hadj Abdrahamane kouyaté, DGA de la Sifma : Nous avons deux grands projets de création de villes nouvelles

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Sur le chantier des 300 logements sociaux de Ouagadou – Sicoro, dans le cercle de Kati, les métiers bourdonnent. Le cliquetis des truelles et des brouettes rythme la ferveur des travailleurs. Maçons, menuisiers et électriciens rivalisent d’ardeur et d’idées pour respecter le délai de livraison des bâtiments, délai fixé au 15 décembre 2010, c’est-à-dire dans sept petites semaines. Sous l’œil vigilant du Directeur des travaux, Ismaïl Diarra, plus connu sous le diminutif de Soumaïla, les chefs des différentes équipes se meuvent dans une cadence frénétique. Les ouvriers spécialisés et les ouvriers qualifiés insufflent au courage des uns et des autres une candeur toute joviale par la déclamation des chansonnettes mélodieuses. Le débarquement incessant du sable et du gravier par les camions en ajoute à la joie de travailler. Ainsi, quand tel maçon, fil à plomb en main, bornoie les murs pour s’assurer de leur régularité, tel briquetier se fixe un nouveau quota à atteindre le lendemain. Il y a aussi que les jeunes du village, venus nombreux travailler au chantier, outre les gains qui améliorent le quotidien de leurs foyers, sont en permanence enchantés à l’idée que bientôt c’est un nouveau quartier qui viendra enjoliver leur agglomération. Bref, l’espérance est au rendez-vous et l’enthousiasme soutient la dynamique. C’est là que nous avons rencontré Elhadj Abdrahamane Kouyaté, directeur général adjoint de la Sifma-sa, entreprise qui a la charge de réaliser les 300 logements sociaux du site, dans le cadre du fécond partenariat public-privé. L’homme est un mordu du travail bien fait. " Il est là quasiment tous les jours, infatigable et méticuleux sans être mesquin, s’intéressant à tous les détails ", nous confie furtivement un maçon. C’est que Elhadj Abdrahamane Kouyaté est un vrai professionnel de l’immobilier et du foncier, disons tout court des infrastructures. Ce fier Malien né un 22 septembre porte son pays dans le cœur : c’est peu dire. Ingénieur de génie civil à 22 ans, spécialisé en Eau Potable, il a déjà derrière lui 18 années d’expériences éprouvées. En effet, avant de devenir administrateur de société, à 30 ans, à la Sifma-sa, à sa création en 2002, il exerce d’abord pendant dix ans en qualité de chargé de Projets de contrôle et de la surveillance des travaux de plusieurs routes et ouvrages d’art. Autant de responsabilités qui font de lui, aujourd’hui un concepteur expérimenté en matière d’études techniques, de contrôle et de surveillance des travaux de génie civil, mais surtout un manager d’entreprises de bonne classe. Entretien, donc, à bâtons rompus  avec une grosse pointure de l’immobilier et du foncier.

 

L’indépendant: M. Kouyaté, les maisons sont en train de surgir de terre, on le voit bien. Pour autant, pouvez-vous affirmer, au nom de votre société, que toutes les villas en construction seront bien réceptionnées par les autorités à la date du 15 décembre 2010 ?

– Elhadj Abdrahamane Kouyaté : Je l’affirme. Mieux : je vous invite à être ici le 15 décembre prochain pour rendre compte à vos lecteurs.

L’indpt: Je regarde peut-être avec l’œil du profane, mais je vois quand même bien qu’il reste beaucoup à faire…

AK : Et c’est le professionnel, adjoint au Président-Directeur-général de la Sifma-sa, qui vous affirme que les délais seront respectés. J’appréhende bien sûr les difficultés, mais je connais très bien les capacités de ma société. N’ayez aucune inquiétude, soyez là le 15 décembre.

L’indpt: Voulez-vous donc présenter votre société ?

AK : Avec plaisir. La Sifma-sa est née en 2002 sur une vision et une ambition pour le Mali. Pour nous, avec le savoir-faire que nous avons, nous devrions participer à la construction nationale dans le domaine qui est le nôtre. En créant la société, notre premier atout, c’était d’abord nous-mêmes. Nous sommes, en effet, une équipe de jeunes ingénieurs ayant fait de bonnes études. Et, en tant que tels, le professionnalisme, le respect de l’éthique et de la déontologie devenaient notre credo dans l’exercice du métier pour lequel nous avons été solidement formés. Vous savez, nous avons une expérience à faire valoir ; je dirai aussi une conscience professionnelle à démontrer. Il y a que nous sommes des jeunes qui ont  fait leurs premières armes dans les sociétés pionnières dans l’immobilier dans notre pays, pendant dix à quinze ans. Nous croyons, donc, avoir acquis de solides expériences. Pour le moins, nous avons eu l’opportunité d’avoir une claire vision sur toutes les questions de l’immobilier et du foncier dans notre pays.  Ne soyez pas choqué quand je vous dis qu’à la Sifma-sa nous sommes véritablement de bons cadres, de fins connaisseurs du domaine de l’immobilier et que, donc, nous maîtrisons parfaitement le Code domanial et foncier ainsi que tout ce qu’il y a comme codes et règlements d’urbanisme et de construction au Mali. Vous comprendrez donc que la maîtrise de ces outils est indispensable de mon point de vue, pour ceux qui veulent bien le métier. La Sifma-sa est ainsi au service du Mali, des Maliens de l’intérieur comme de ceux de la diaspora. Pour la question fondamentale que vous me posez sur notre société, j’aurais été à l’aise dans mon bureau où j’aurais pu vous sortir des données sur notre évolution. Néanmoins, très rapidement, je vous donne quelques indicateurs. Par exemple, l’année 2008. Tous ceux qui l’ont vécue savent que ce fut une année de crises. A la Sifma-sa, nous avons ressenti les effets des crises qui ont émaillé 2008. Nous les avons surtout ressentis à travers la diaspora malienne (qui représente 60% de notre chiffre d’affaires annuel) et qui n’a pas beaucoup investi, cette année-là, compte tenu de la crise qui a sévi dans les pays du Nord. Cette situation ne nous a, pourtant,  pas affectés outre mesure ; au contraire, elle nous a amenés à réfléchir sur l’avenir et à élaborer de nouvelles stratégies. C’est ainsi que nous avons pu mettre à profit l’année 2009 pour insuffler un nouvel élan à nos actions. De grands projets ont pu être préparés, dont le point culminant a été le partenariat Etat du Mali- Sifma-sa  dans le cadre du partenariat public-privé pour la réalisation des logements sociaux. Ces projets ont été validés et leur exécution a suivi. Je dois dire que le projet a été élaboré par la Sifma-sa de concert avec l’Office Malien de l’Habitat sous la tutelle du ministère de l’Habitat. Il porte, dans sa première phase, sur la réalisation de 250 logements sociaux à Missabougou,  première tranche d’un total de 550 logements, dans le cadre du Pdes du Président de la République pour la réduction de la pauvreté. Nous avons d’autres projets tout aussi importants qui concernent certaines sociétés coopératives de la place qui se sont engagées auprès de la Sifma-sa pour la réalisation d’à peu près 350 logements dont 200 pour la Cité minière au compte de la Coopérative de l’habitat des mines ( CHM) et 150 pour la Coopérative de l’habitat d’EDM-sa. Ces projets, je puis vous l’assurer, en gestation, verront bientôt le jour. Nous avons aussi deux grands projets de création de villes nouvelles (Pôles économiques) pour assurer l’équilibre urbanistique de la ville de Bamako. Ce sont la ZHAF (Zone d’Habitat et d’Affaires de Bamako Ouest) de Sikoro – Sanafara et le CEFHART (Centre d’Affaires, d’Habitat Résidentiel et de Tourisme) de Sirakoro – Méguétana.

L’indpt:  Parlez- nous de ces grands projets SIFMA pour la rive droite

AK: Ces deux grands Pôles seront des pôles de développements socio- économiques de la ville à partir de 2015 -2020. Nous allons, dans les mois à venir, approcher les hautes autorités, notamment le Président de la République pour lui présenter le Projet du CEFHART et lui proposer le déplacement, dans cinq à dix ans,  de cinq à dix ministères et grands services de l’ Etat sur le site du  CEFHART sur la Colline du Méguétan qui surplombe Bamako Est et le Stade du 26 Mars, à 5 minutes de l’Aéroport International Bamako Senou, pour l’équilibre fonctionnelle et urbanistique de la Ville de Bamako .  En plus des ministères, nous sommes en contact avec plusieurs cliniques tunisiennes et marocaines et aussi avec des groupes hôteliers internationaux, notamment proches orientaux, pour le volet touristique afin de les installer au CEFHART à proximité de l’aéroport. Parallèlement, nous consacrons un grand volet aux Maliens de l’extérieur. Pour cela, nous accordons de l’importance à l’aménagement du site autour de Bamako où des maisons, qui vont du moyen au haut standing, seront construites. Ce sont des parcelles qui seront accessibles à tout le monde. A côté, il y aura des logements sociaux économiques. Renseignez-vous bien, grâce à notre société, de grosses entreprises comme la CMDT, Transrail ont pu mener à bon port leurs plans sociaux en partie, car des centaines de leurs partants ont pu accéder à la propriété grâce à la SIFMA.

L’indpt: On voit clairement que vous n’êtes pas une petite société. Tout de même, votre slogan " Une famille, un toit " n’est-il pas un peu surréaliste ?

AK:  Certes, c’est un slogan. Mais, indéniablement, c’est une belle perspective que nous affichons, laquelle est  vue par tous, autorités et citoyens, avec beaucoup d’espérance. " Une famille, un toit ", pour nous, ce n’est point une utopie. C’est un slogan qui traduit une vision claire, une ambition réaliste. Pour nous, une famille, c’est un mari et une épouse (je vous laisse ajouter : et les enfants qui font applaudir le cercle de la famille) qui disposent d’un revenu minimum de façon permanente. A cette condition, nous, à la Sifma-sa, nous disons qu’il est dans nos possibilités de leur offrir un toit. C’est vous dire tout simplement que nous avons plusieurs produits à même de satisfaire une large clientèle, des plus nantis aux moins pourvus. Nous avons fait des simulations qui nous permettent d’envisager de doter toute famille malienne disposant d’un revenu stable et permanent. Pour cela, nous disposons de sites à Bamako et dans la périphérie urbaine de Bamako.

L’indpt: C’est une belle assurance que, malheureusement, le contexte actuel du marché de l’habitat dans notre pays trahit. Les sociétés immobilières n’ont, en effet, pas bonne presse. Pouvez-vous affirmer que la Sifma-sa est sans histoires ?

AK : Je vous vois venir. Vous glissez très subtilement sur le lynchage médiatique dont nous sommes actuellement la cible. C’est peut-être même ce qui vous a conduit aujourd’hui sur notre site. Mais, mettez-vous à l’aise et enquêtez bien. Pour ma part, je vous dis catégoriquement que la Sifma-sa est loin des arnaques, des magouilles, mic-macs et que sais-je encore. De la création de notre société à cette heure où vous me posez le problème, nous n’avons jamais acheté de terrains avec un maire ou avec une quelconque autorité des collectivités locales, ou encore moins avec les préfets et autres fonctionnaires. La raison est simple à savoir : seul l’Etat peut donner le titre foncier (TF). Nous acquérons donc nos TF uniquement auprès de l’Etat du Mali, et jamais auprès des spéculateurs de tous poils car pour transférer une propriété, il faut être propriétaire d’abord. Or, les lettres d’attribution provisoire et autres concessions rurales n’en sont pas une. D’ailleurs, la loi interdit aux sociétés immobilières de passer par là.

L’indpt: Permettez-moi d’insister…

AK  : Vous n’en avez vraiment pas besoin. Je suis catégorique : la Sifma-sa est hors des compromissions. Mais, je vous comprends parfaitement. Nous avons des litiges avec des tiers qui n’évoluent dans les voies légales. , C’est un fait. Par exemple, tels maires ou préfets, violant totalement les dispositions règlementaires, procèdent à des lotissements irréguliers et frauduleux sur nos TF. Alors, nous recourons à la justice pour rétablir notre bon droit. Du point de vue de la règlementation, l’autorité municipale (communale) ne peut pas céder des parcelles de terrains sans avoir, au préalable, la décision d’affectation prise en Conseil des ministres et sans avoir l’autorisation de lotissement du Gouverneur. Dites-le à nos compatriotes, vous les aiderez à ne pas se faire arnaquer. Pour les TF de notre société, ils sont tous réguliers ; vous pouvez vérifier auprès du Conservateur des domaines. Sur la question, permettez-moi de vous donner un indice. Je vous donne des noms précis. Un maire, après un lotissement frauduleux sur notre TF, a affecté un lot à Niamé Keïta, Directeur national de la police. Informé par nos soins, celui-ci, en bon fonctionnaire respectueux de l’uniforme qu’il porte, a restitué le cadeau de la corruption. Ledit lot, qui appartient à Madame Morin, une Malienne vivant à Marseille, est aujourd’hui réoccupé illégalement par Monsieur Sawadogo, maire adjoint de la Commune VI, et un féticheur du nom de Boublén. De même, l’ancien Commissaire du 13è arrondissement, B. Diarra, avait eu à bénéficier d’un lot  de la part d’une certaine autorité municipale. En fait, ce lot appartenait déjà à un jeune cadre de Orange Mali, Souleymane Maiga, qui ne cessait de pleurer croyant avoir perdu à jamais son terrain malgré son Titre foncier. Informé du forfait, l’officier de police s’est défait du cadeau empoisonné. Il y a aussi Monsieur Tiéman Samaké, le Commandant de la Brigade de gendarmerie de Faladié, qui s’est trouvé dans une pareille situation. Lui aussi a préféré respecter la légalité en renonçant au don litigieux. Ainsi, le propriétaire légitime, M. Sikou Diarra, un Malien de France qui a eu à bénéficier d’un concours BOA à travers la SIFMA, a finalement construit une belle villa qu’occupent ses parents depuis. Certaines personnes, en complicité avec certains maires et préfets, se sont spécialisées dans ces montages frauduleux. Ils créent des occupants de 40 ans, 50 ans, voire 100 ans qui sont souvent tantôt agriculteurs, tantôt éleveurs, mais qui, en réalité, ne sont que leur branche marchande. Regarde : le TF 4482 dont est issu nos de titres, de même que l’Hôpital du Mali est un  vieux titre foncier qui a été créé par l’Etat du Mali  en juin 1982, quand j’avais seulement 12 ans, donc  loin de la vie professionnelle. Curieusement,  et avec une perfidie inqualifiable, ces hauts cadres des forces de la sécurité nationale sont aujourd’hui traînés dans la boue pour avoir fait honneur à leurs serments. L’on dit même qu’ils seraient actionnaires de la Sifma – SA. Laissez-moi rire. Il serait bon que nos fonctionnaires et autres grands commis de l’Etat s’inspirent de leurs exemples en refusant les cadeaux à usage d’habitation que leur font certains maires et préfets plutôt soucieux de couvrir leurs turpitudes. Ecoute, il y a aussi  même un  journaliste qui fait le coxeur pour la mairie en proposant des parcelles à ses confrères (rires).   

 L’indpt: Dont acte. De façon générale, quels sont les problèmes auxquels sont confrontés les professionnels de l’immobilier dans notre pays ?

A.K : C’est une bonne question. Je dois d’abord souligner que la profession de promoteur immobilier est très jeune chez nous. C’est une profession qui consomme beaucoup de capitaux dont la mobilisation n’est toujours pas aisée. Des difficultés, qui n’auraient pas dû être, surgissent çà et là. A notre niveau, nous avons recensé certains problèmes que nous avons soumis à la réflexion de nos confrères et aux autorités lors des Etats généraux du foncier auxquels nous avons été partie prenante. Nous avons ainsi pu proposer :

1 – Du droit coutumier:

Fixer le rayon d’intervention des chefs de village autour des villages entourant Bamako   et définir le droit coutumier dans un décret. Pour nous, la reconnaissance, même partielle, du droit coutumier dans les grandes villes est un recul, car nos pères de l’indépendance avaient, dans leur sagesse visionnaire, énoncé le principe sacro-saint : la terre appartient à l’Etat.

2 – La concession rurale:

-interdiction des changements de vocation des titres provisoires en titres fonciers avant le délai de concession (5 ans), surtout le payement des redevances, dans les délais de ces concessions, avant toute transformation sous peine de nullité. Lisez l’Essor pendant une semaine, vous aurez une idée de la gabegie du Préfet de Kati et l’énorme manque à gagner pour le Trésor Public avec son corollaire : les milliers de contentieux dont il est à l’origine et qui engorgent les tribunaux ;

– ramener le délai de 5 à 10 ans pour permettre à l’exploitant de tirer le maximum de bénéfices après investissement et éviter ainsi la concurrence déloyale que subissent les sociétés immobilières régulièrement constituées.

3 –  l’autorisation de lotir.

– rétablir le permis de lotir et l’autorisation de construire (qui sont impératifs et systématiques mais qui, malheureusement aujourd’hui, sont devenus une exception), notamment par la poursuite des auteurs des lotissements non approuvés ;

– Redynamiser l’immatriculation des terres vacantes ;

-Accélérer la création des cadastres urbains et ruraux.

L’indpt: Le financement de l’habitat, paraît-il, relèverait de la croix et de la bannière au Mali. Il y a, sans  doute, des explications et certainement des suggestions sur cette question…

A K : Effectivement, le financement de l’habitat est souvent très difficile. C’est surtout dû au fait que la profession de promouvoir l’immobilier est très jeune encore, même si certaines sociétés de promotion immobilière existent depuis l’indépendance. Les sociétés immobilières privées ont été constituées, pour la plupart, les dix dernières années seulement, et très souvent sans produits immobiliers en leur possession. Il fallait, donc, aux autorités de la troisième République la recherche de solutions. D’où la naissance de la BHM (Banque de l’Habitat du Mali) qui, vous le savez, a connu des moments difficiles. Fort heureusement, elle est en train de recouvrer sa santé d’antan. A côté d’elle, il y a, aujourd’hui, d’autres institutions de financement qui ont en place plusieurs produits immobiliers. L’on citera ici le Plan-épargne logement(PEL) et le Crédit-épargne logement(CEL). Ceci est encourageant.

Indépendamment du problème lié aux institutions de financement, il y a la faiblesse des revenus des Maliens qui constitue un grand handicap pour l’acquisition des logements. Certes, nous n’avons pas la culture de l’épargne, mais tant que les revenus ne seront pas améliorés, revus à la hausse, le problème demeurera crucial. Sinon, les projets sont montés de telle sorte que les produits soient accessibles au plus grand nombre.

Dans le plan de financement, la banque exige l’apport personnel et la nature du revenu. Tout ceci combiné fait que le financement de l’habitat au Mali ne présente presque pas de risque car, en demandant l’apport personnel, la nature du salaire et de l’inscription hypothécaire (qui se fait chez un notaire et qui devient du coup une garantie importante) en son nom du titre foncier sur lequel sera bâti le logement, la banque se protège en fait à suffisance. A ce point positif, on est en train d’ajouter un autre non moins important. C’est l’assurance même du prêt immobilier qui fait que, même en cas de décès ou de perte d’emploi, le remboursement est assuré. Pour toutes ces raisons, on peut dire que les prêts immobiliers sont suffisamment garantis dans notre pays. Il n’y a presque pas de risque. Mais, j’insiste là-dessus, il faut déployer beaucoup d’efforts pour rehausser substantiellement le revenu du Malien moyen. Sinon, ce seront seulement les cadres travaillant dans les institutions internationales et dans les ONG qui bénéficieront conséquemment des prêts immobiliers.

Les difficultés peuvent donc être résumées ainsi : la faiblesse des capacités techniques, financières et professionnelles des promoteurs immobiliers maliens, le non respect des lois par certains agents véreux de l’administration (préfets, maires, etc.), la faiblesse des concours bancaires, le manque de culture d’épargne des ménages maliens qui  s’explique, en partie, par la faiblesse des revenus, la méconnaissance même des produits immobiliers…

L’indpt: Il n’y a donc que des problèmes ?

A.K : Mais non, le Mali a d’importants atouts dans le domaine du foncier et de l’immobilier. C’est, d’abord, la morphologie physique des villes maliennes qui, contrairement à certaines villes africaines limitées par des massifs montagneux ou par la mer ou des zones lagunaires, sont fondées au bord des fleuves et possèdent donc de grandes cuvettes planes qui constituent des réserves foncières importantes. En plus, le cadre législatif et règlementaire malien du foncier et de l’immobilier est très avancé. En effet, de 1993 à nos jours, les gouvernements successifs de la République ont pris des lois incitatives et des mesures d’aide au secteur de l’immobilier. Bref, les conditions pour un bon travail dans le domaine existent. Il faut s’y mettre avec une vision claire et une ambition réelle. Le Pdes (Politique de développement économique et social) du Président  Touré, qui accorde un intérêt spécial au problème du logement des Maliens, est la quintessence de toute la dynamique nationale sur la question. Il n’y a qu’à mesurer l’engouement de nos compatriotes pour les logements sociaux pour s’en convaincre.    

L’indpt: Permettez – moi de terminer notre entretien par une préoccupation de choix. Votre société consacre un volet particulier aux Maliens de la diaspora. De la même façon, ne pouvez – vous pas envisager un autre volet, cette fois-ci très particulier et très spécial, à la presse ?   

A.K : Intéressante question ! La plus belle d’ailleurs. Laissez-moi vous dire et vous assurer que la presse a toujours été notre partenaire. Les hommes et les femmes de presse sont nos amis et nos frères. Aucun sacrifice n’étant trop grand pour un ami, pour un frère ou pour une sœur, nous attendons vos propositions. J’ai entendu dire que la presse a de bonnes relations avec les banques. Cela pourrait faciliter les choses. La Sifma – SA attend vos propositions. Je crois que la balle est désormais totalement dans votre camp.

Entretien réalisé par  Kassoum THERA

 

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