EBEMI SA a signé, le 30 janvier dernier, un partenariat avec l’Office ivoirien des chargeurs. Quelle signification donnez-vous à cet acte ?
Babalaye Daou : C’est une signification d’entente, de bonne collaboration et, surtout, un signal fort pour les chargeurs et transporteurs maliens. Pour rappel, sur ce corridor desservant deux ports, Abidjan et San Pedro, il n’y a pas longtemps, chaque camion malien qui arpentait ce corridor payait 150 000 FCFA pour frais de convoyage. Ce montant a été ramené successivement à 125 000 FCFA, 100 000 FCFA, 50 000 FCFA et aujourd’hui 12 500 FCFA grâce à l’engagement du Conseil malien des chargeurs (CMC) qui s’est battu pour obtenir ce résultat. Concomitamment avec le département des Transports, la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM) le Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR), toujours à la recherche d’une solution idoine et pérenne pour le Mali.
Ce qu’il faut savoir c’est que, depuis 2009, nous avons testé la solution tracking.
Effectivement, pouvez – vous nous expliquer ce que signifie le mot tracking ?
B.S : C’est un système que certains appellent géo-localisation qui permet d’identifier avec précision où se trouve le véhicule, la marchandise, sur un parcours déterminé. C’est ce système qu’on a appelé « EBEMI » (en Bambara, où es tu ?). C’est un système créé par des jeunes informaticiens maliens. Il est performant, il nous convient et nous allons l’utiliser pour l’intérêt de tous les intervenants dans le secteur des transports.
Vous savez que les chargeurs des pays sans littoral, à savoir le Niger, le Burkina Faso et le Mali, souffrent de frais de convoyage exorbitants. Ils avaient donc rencontré les autorités ivoiriennes en vue de son allègement, notamment par le tracking proposé par EBEMI. Donc, la signature du partenariat avec l’Office ivoirien des chargeurs est un grand pas qu’il faut saluer et encourager.
Quelle différence entre ce tracking et la situation antérieure ?
Avant, le convoyage ne permettait, en aucun cas, au transporteur ou au chargeur, de localiser son camion. Il y avait toutes sortes de pratiques sur la route au détriment du propriétaire du camion ou de la marchandise. La seule certitude était le non déversement de la marchandise sur le territoire de transit.
Maintenant, le camion est suivi sur tout le parcours. Il y a donc gain de temps, les arrêts étant contrôlés, moins de formalités administratives, parce que les agents véreux de l’Etat, qui sont sur le parcours, ne pourront plus les rançonner, les conducteurs ne pourront pas décharger ta marchandise ou charger une autre marchandise à l’insu du chargeur. S’y ajoutent le dédouanement par anticipation, la meilleure gestion des stocks et les frais de transport à un coût moins moindre. Honnêtement, EBEMI convient à notre secteur d’activités.
Le département en charge des transports vous soutient-il dans cette démarche ?
B.D : Le département, en acceptant de signer la concession de service public avec la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM), le Conseil malien des chargeurs (CMC) et le Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR), les trois actionnaires d’EBEMI – sa, nous permet de réaliser tous les avantages cités ci – dessus et de faire une économie d’environ 14 milliards pour le Mali. C’est le genre d’opérations qu’on attend de nos autorités. Le ministre Abdoulaye Koumaré a bien compris sa mission et les actes qu’il a posés nous permettent aujourd’hui d’être dans un partenariat public-privé. C’est un engagement fort du gouvernement que nous saluons à travers ce ministre. Cela me parait être une illustration de la politique du Président de la République qui a décidé d’accompagner les opérateurs en faisant ce qu’il a dit. Le voyage récent qu’il a effectué à Doha, avec plusieurs dizaines d’opérateurs économiques, en est une parfaite illustration.
Fort de ce succès, nous n’hésiterons pas à faire d’autres propositions pour propulser l’économie malienne. Uni et fort, le secteur privé malien peut remporter d’autres succès en créant des emplois et en y apportant de la valeur ajoutée.
Propos recueillis par Chahana Takiou
Comments are closed.