Electrification rurale : Le projet novateur de YEELEN-KURA

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Séméga Djibril, directeur général de la société des services décentralisés (SSD), qu’on appelle communément en Bambara YEELEN-KURA, c’est-à-dire la nouvelle lumière a bien voulu nous parler de leur entreprise, ses activités et la portée positive de l’électrification par hybridation.

Le Tjikan : Qu’est-ce que YEELEN-KURA ?

Djibril Séméga : ‘’YEELEN-KURA’’ est une société anonyme de droit malien avec un capital social de 82 millions de Fcfa. Elle a été créée en 2001 par deux grandes sociétés : Electricité de France et Nione de Pays Bas. Mais, depuis 2008 nous n’avons plus qu’un seul actionnaire, qui est FRED (fondation rurale énergie service des Pays Bas). Nous travaillons dans le milieu rural au sud du Mali où nous offrons de l’électricité à la population rurale. En termes, d’emploi, YEELEN KURA a créé 56 emplois directs et des centaines d’emplois indirects, notamment dans le secteur artisanat, de la transformation et du tertiaire dans les villages d’installation.

Le retrait de l’actionnaire français du capital n’a pas empêché YEELEN KURA d’évoluer confortablement, pouvez-vous nous dire votre secret ?

D.S : Notre secret, c’est notre expérience dans le secteur. C’est en 2001, que nous avons lancé nos activités dans le milieu rural par l’installation des kits solaires photo voltaïques dans les ménages, les boutiques et les restaurants pour essayer de satisfaire au besoin d’éclairage et de télévision de la population. C’est donc pendant plus de quatorze ans, que nous avions à cœur de satisfaire à ce besoin fondamental du monde rural en y emmenant de nouvelles sources énergétiques. Quand on arrivait sur le marché, nous étions encore à l’heure des lampes à pétrole, mais aujourd’hui, on y trouve plus de pétrole. Ce qui fait que les gens utilisent les bougies de ville. Nous avons essayé d’apporter une solution à cette problématique. D’ailleurs, c’est le fait de travailler dans le milieu rural, qui nous a non seulement permis de résister à la crise mais, d’atteindre un tel niveau de réalisations. Entre 2001 et 2005, nous avons fait nos preuves dans le milieu rural en y installant plus de 1400 kits solaires, dont nous avons encore en charge : la maintenance et le renouvellement des équipements. C’est grâce à la solidité de notre entreprise que nous avons bénéficié des appuis auprès de plusieurs partenaires financiers parmi lesquels, il y a Nione et la Fondation FRED des Pays Bas, la Banque mondiale qui a apporté le financement à travers l’AMADER. Nous avons également bénéficié du financement Russe. Les centrales visitées par la délégation de la Banque mondiale, la semaine dernière ont été financées en grande partie sur le Don russe, auquel nous avons ajouté un financement propre, jusqu’à hauteur de 36%, à travers notre actionnaire.

Pouvez-vous nous dire la capacité actuelle de vos installations ?

D.S : Nous avons à ce jour 9 centrales hybride et une centrale à 100% thermique. C’est celle de Bla.

Que pensez-vous de l’hybridation du secteur ?

D.S : C’est une bonne chose. Nous avions été obligés d’y aller suite à la flambée du prix du gaz oil sur le marché international. La première génération des centrales hybrides date de 2006, une année après l’installation des générateurs diesel. A cette date, le litre de gaz oil ne coûtait que 500 fcfa. Mais à partir de l’année 2008, il est passé de 500 à 550 fcfa et de nos  jours, le litre de gaz oil est vendu à plus de 650 fcfa le litre, ce qui rend le coût d’exploitation trop exorbitant, entraînant des pertes énormes rien que dans le poste carburant de nos charges d’exploitation. Donc, nous avions à cœur d’explorer d’autres sources d’énergie. C’est ainsi que nous avions associé le solaire au thermique pour pallier aux déficits causés par l’embellie du prix du gaz oil et rentabiliser nos exploitations.

Nous avons remarqué une présence notoire du personnel féminin à des niveaux de décision au sein de votre entreprise, avez-vous une idée de leur apport dans le bon fonctionnement de vos activités ?

D.S : Il n’y a pas une différence particulière entre l’apport du féminin et du masculin. Elles s’acquittent des mêmes tâches que leurs collègues masculins. Nous avons tout de même à cœur de mettre en avant le genre et non en arrière plan. C’est pourquoi, nous avons des femmes comme chef de centre et même comme techniciennes.

En dernier mot, pouvez-vous nous parler de vos perspectives ?

D.S : Disons que nous comptons beaucoup sur le projet SHER, qui est piloté par l’AMADER sur financement de la banque mondiale pour permettre de faire des extensions dans nos centrales où la contribution du solaire puisse passer de 40 à 70%. L’idéal pour nous est d’atteindre les 100%, tant que les moyens le permettent.

Propos recueillis par Mohamed. A. Diakité

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