Dans l’optique de mettre en lumière la culture malienne et ses vaillants acteurs, nous sommes partis à la rencontre d’un jeune talentueux, Dramane Sidibé, artiste comédien diplômé de l’Institut National des Arts section théâtre. Juste après l’INA, il est admis au concours de la fonction publique qui va l’amener au palais de la culture Amadou Hampaté Bah en tant que technicien des arts où il fera partie des groupes comme le « Kotèba » National,l’ensemble instrumental du Mali, le Ballet National. Passionné de Culture, M.Dramane Sidibé ira approfondir ses connaissances au Conservatoire des Arts et Multimédias Balla Fasséké Kouyaté où il décrocha son Master en danse. Il vient d’être nommé Directeur du Ballet National du Mali il y’a juste deux mois.Lisez l’interview !
Le PAYS :Comment définir le Ballet National du Mali ?
Dramane Sidibé : Le Ballet National est le temple de la danse traditionnelle malienne et africaine. Au ballet, nous avons, de Kayes à Tessalit, toutes les danses des différentes ethnies. Le ballet a été créé en 1963 par le président Modibo Keita.
Quelles sont les œuvres (répertoires) du Ballet National ?
Le ballet a un répertoire très riche. Toutes les régions sont représentées à travers leur danse comme le Sunu, le Gomba,le Bolon-Sira, le Bondjalan,le Kotè etc. Bref, tout ce qui concerne la danse malienne se trouve au Ballet National.
Quel rôle joue le Ballet National dans la conception des politiques culturelles et dans la définition de l’identité nationale malienne ?
Par définition au ballet, la danse représente l’identité d’une ethnie, le répertoire d’une nation. Le ballet joue un rôle de valorisation, de préservation et de conservation de nos traditions en matière de danse. Dans cette politique, le ballet représente le Mali dans sa diversité culturelle. Dans cette dynamique, quand tu vois le ballet, c’est le Mali à travers la danse.
Quelle est l’évolution du Ballet National depuis sa création ?
Je dirais que le ballet National a évolué 1963 à nos jours ; malheureusement cette formation je ne dirais pas abandonner, mais est oubliée. Nous lançons un cri aux autorités afin de revoir le ballet. Chaque année, le conservatoire des Arts multimédias Balla Fasséké Kouyaté produit des danseurs. Nous demandons à l’État de mettre en œuvre une politique pouvant les recruter au compte du ballet National qui nous permettra d’aller beaucoup plus vers le professionnalisme du secteur et de voir si on peut créer d’autres emplois à travers la danse. Nous sollicitons l’État à aider le Ballet National à se produire sur les grands scènes ou festivals sur le plan continental et à l’international comme cela se passait dans les temps.
Quels sont vos projets pour le Ballet National ?
Tout d’abord je remercie l’actuel Directeur du palais de la culture AmadouHampaté Bah, Mr Abdoulaye Diombana, qui a jugé nécessaire de me choisir comme Directeur pour diriger cette formation qui date de 1963. Mes projets sont larges, car nous vivons dans un monde contemporain qui n’exclut pas la tradition, mais il faut savoir évoluer avec les deux. Je compte vraiment m’atteler sur nos réalités du pays et voir si on peut faire une jonction entre tradition et modernité. Pour être au rendez-vous du monde, il faut une évolution. Si nous restons derrière, on le restera pour de bon. Donc, il est impératif d’évoluer avec le temps. Je pense aussi que la conception de la contemporanéité n’est pas comprise au niveau de nos danses traditionnelles, car le mot contemporain n’est d’autre que nos actualités, les faits d’aujourd’hui, de ce fait nous pouvons bien nous exprimer à partir de la danse traditionnelle dans ce monde contemporain tout simplement prendre la danse traditionnelle et la mettre au service du contemporain.
La jeunesse malienne tend beaucoup plus vers l’acculturation. Qu’en pensez-vous ?
Ce sujet est très pertinent, car on le dit tout le temps : on se réfèreau passé pour avancer ; un peuple sans culture est une nation sans drapeau. Nos autorités doivent mettre en place des moyens ou des structures pour valoriser davantage la culture malienne. Concernant les pratiques des jeunes d’aujourd’hui, la seule explication est qu’ils ont oublié leur culture, et aussi la tradition. Un enfant bien éduqué selon moi est celui qui maitrise sa tradition qui connait les interdits de sa culture. Ce que ton père n’a pas fait, tu n’as aucunement le droit de le faire. L’État doit fournir des efforts en essayant de créer des structures adéquates pour leur formation sur le plan culturel.
Votre mot de fin.
Le ballet aujourd’hui n’est pas mourant, mais souffre. Quand nous regardons les années 1960,1970 qui sont considérées comme les périodes fastes du Ballet National avec pleins de tournées et de trophées gagnés à l’international et voir qu’aujourd’hui le Ballet n’a pas un mois de tournée, c’est vraiment grave. Je demande aux autorités de nous aider pour la relance des activités du Ballet National car je le dis tout le temps, quand on veut réussir, il faut faire recourt à notre culture.
Propos recueillis par
Ibrahim Sidibé, Stagiaire