Dr Sékou Diakité, président de l’Association «Mouvement pour le Changement à Kati» (MCK) : «Mon ambition: fédérer les associations et mouvements de même obédience pour l’émergence d’une nouvelle génération de politiciens»

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Dans cet entretien exclusif qu’il a bien voulu nous accorder, le Dr Sékou Diakité nous parle des motivations qui l’ont amené à créer l’Association «Mouvement pour le Changement à Kati», tout en jetant un regard très critique sur la scène politique malienne.    

 

 Pouvez-vous présenter votre Association?

Soucieux de la préservation de nos valeurs ancestrales et de la nécessité de changement de comportement, de mentalité et de vision, pour un meilleur cadre de vie pour l’ensemble de la population de la Commune de Kati, nous avons décidé d’unir nos forces et talents pour créer l’Association «Mouvement pour le changement à Kati (MCK)» dont les actions resteront centrées exclusivement sur la prospérité de la Commune de Kati, afin de donner à l’ensemble de sa population l’amour de cette belle cité.

 

 

L’Association «Mouvement pour le changement à Kati (MCK)», dont je suis le Président fondateur, a été créée le 4 mars 2012, après une Assemblée constitutive tenue à la Maison des jeunes de Kati le même jour. L’objectif général visé par MCK demeure le développement socio-économique, politique et culturel de la Commune de Kati. Pour l’atteinte de cet objectif, MCK va, spécifiquement, se servir de trois (3) volets qui sont le développement local, le genre et la bonne gouvernance.

 

 

Pour le développement local, nous comptons mobiliser, sensibiliser, informer et former la population de Kati pour un changement de mentalité et de comportement. Pour le genre, nous proposons de concevoir, d’élaborer, de mettre en œuvre et d’assurer le suivi et l’évaluation des politiques de promotion de la femme. Pour la bonne gouvernance, nous allons avoir un œil sur les indicateurs de la bonne gouvernance, de l’impunité, des droits de l’homme, de l’utilisation efficace et efficiente des ressources humaines et financières, etc. afin d’éviter d’éventuelles dérives dans la gestion de la Commune de Kati. Ce dernier volet nous servira d’alerter l’opinion locale, nationale et internationale sur les éventuels problèmes de gestion.

 

 

Quels actes avez-vous posé depuis la création de l’Association?

Après la création de MCK, nous avons directement programmé d’aller nettoyer le cimetière de Kati-Coro, les 11 et 18 mars 2012. D’autres actes devaient suivre, n’eût été le coup d’Etat du 22 mars 2012. Nous avons délibérément décidé d’arrêter tout mouvement avant la fin de la transition, car nous ne voulions pas apparaître comme des opportunistes à cette époque-là. Actuellement, nous procédons à la mise en place de cellules à travers la Commune de Kati, afin d’exécuter notre plan d’actions ou programme d’activités.

 

 

Quels sont vos projets?

Oui nous en avons. Nous avons un plan d’actions que nous projetons de réaliser dans cinq (5) ans, à partir de 2014, avec l’appui financier des partenaires. Il comprend entre autres:

– Organisation des cours de soutien pour les élèves de la 9e et 12e (mois de mai) ;

– Organisation des cours pour les étudiants des 1e et 2e Années en 2e Session de la FSEG (mois de septembre) ;

 

 

– Actions de reboisement (mois d’août) ;

 

 

– Nettoyage de cimetières (mois de mars – avril) ;

 

 

– Pavage de la rue principale de Kati-Coro menant au cimetière ;

 

 

– Pavage de la rue servant de déviation traversant Kati-Mission,  Kati-Coro et Noumorila ;

– Formation des femmes pour assurer leur promotion sociale, économique, politique et intellectuelle ;

 

 

– Formation des Jeunes aux techniques de création de Projets d’entreprises ;

 

 

– Actions d’assainissements, de curage de caniveaux et de distribution de poubelles ;

– Organisation de manifestations sportives, artistiques et culturelles.

 

 

Quel regard portez-vous sur la scène politique du Mali?

Selon Talleyrand, «Si les gens savaient par quels petits hommes ils sont gouvernés, ils se révolteraient vite». Les Maliens ont conquis la démocratie dans la douleur, car les événements qui ont précédé le 26 mars ont fait couler trop de sang. Le pouvoir démocratiquement élu et mis en place en juin 1992 est à la base de tous les problèmes (dépravation de nos mœurs et coutumes, clientélisme, corruption, délinquance financière, culture de la médiocrité, etc.) que nous traversons. Nous avons souffert des mensonges et irresponsabilités des acteurs politiques qui nous ont gouvernés pendant ces vingt (20) dernières années de pratique démocratique.

 

 

La conséquence logique de la pratique démocratique au Mali a été la gestion clanique du pays, le désaveu de toute la classe politique, l’instrumentalisation de la société civile, l’incivisme, l’impunité, la corruption, la partition du pays, la faillite nationale dont  tous les Maliens sont comptables. Il est grand temps que nous regardions dans le rétroviseur pour essayer de corriger nos erreurs, car l’aspiration d’une grande majorité de la population au changement, la crise sociopolitique que connait notre pays nous interpellent tous et doivent marquer un nouveau départ, ouvrir une nouvelle page de l’histoire de notre pays et jeter les bases d’un Mali meilleur fondé sur le patriotisme, la justice et la solidarité.

 

 

Je suis plus que déçu par la classe politique car, dans sa grande majorité, elle a contribué à mettre le Mali dans cette situation lamentable en mettant en place un système de gouvernance favorisant l’impunité, la corruption, le népotisme, l’anarchie, la médiocrité, etc. Au lieu de se repentir en demandant pardon au peuple malien tout en se réorganisant, elle continue de s’accrocher tout en essayant de semer le désordre dans le pays à un moment très critique de la vie de la Nation où le Mali a besoin de la communion de tous ses fils. Vingt années de pratique démocratique avec comme résultat la partition du Mali. Quelle indignation

 

 

Je pense qu’il n’y a que des opportunistes sur la scène politique du Mali, à telle enseigne que les quelques bons acteurs politiques se trouvent noyés et ont des difficultés à se frayer un chemin.

 

 

Vous êtes docteur en économie et, à ce titre, vous enseignez  à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG) de l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako (USSGB). Quels conseils pouvez-vous donner pour une relance de l’économie malienne?

Il n’existe aucune solution miracle pour favoriser la croissance économique. Il y a cependant un grand nombre de politiques, d’institutions et de caractéristiques nationales favorables. Par exemple, l’économie est stimulée par un Etat de droit favorable au développement, des niveaux élevés de capital créés par l’investissement dans l’éducation et les soins de santé, des dépenses publiques improductives moins élevées (ainsi que les impôts qui leur sont associés), une transparence à l’échelle internationale et une stabilité macroéconomique (y compris une inflation faible et stable).

 

 

Quels sont vos projets à court, moyen et long termes?

A court et moyen termes, je compte mettre en place des cellules dans les quartiers de  la Commune de Kati et travailler avec ces cellules en posant des actes concrets, relatifs à notre plan d’actions. Et, pour ce faire, je compte sur toutes les bonnes volontés soucieuses du développement de la Commune de Kati, pour accompagner MCK pour la réussite de cette mission.

 

 

A long terme, l’objectif final visé par MCK est de fédérer les Associations, Groupements, Mouvements, etc. ayant la même vision pour le développement local, afin de soutenir une nouvelle génération de politiciens ou de créer un Parti politique pouvant concurrencer les anciens partis.

 

 

Quel appel avez-vous à lancer en direction des Katois et, d’une manière générale, des Maliens?

J’ai toujours rêvé d’un Mali avec les dirigeants propres, intègres, dévoués pour l’intérêt général et prêts à défendre les intérêts du Mali, quel que soit l’interlocuteur. Le Mali démocratique n’a eu que des dirigeants démagogues dans sa grande majorité. Et c’est la raison qui m’a poussé à créer MCK, le 4 mars 2012 à Kati.

 

 

La jeunesse doit savoir que, quoi qu’on dise ou qu’on fasse, son heure a sonné et que c’est à elle de saisir l’occasion pour asseoir sa notoriété, en se mobilisant pour dégager les incapables du terrain politique.

 

 

La Société civile malienne a failli à sa mission puisqu’elle est aussi, comme la classe politique, comptable du bilan des vingt (20) dernières années. On a vu les principaux acteurs de cette Société civile se prostituer politiquement pour des places ou autres intérêts personnels. Il faut une restructuration et une réorganisation de cette Société civile pour qu’elle puisse pleinement jouer son rôle.

 

 

Les Religieux ont un rôle très important à jouer dans notre Société, dans le cadre de l’apaisement, de la bonne conduite, de la spiritualité. Je pense qu’ils n’ont pas été à la hauteur durant ces vingt (20) années et doivent se pencher sur ce qu’ils peuvent et doivent faire de mieux.

 

 

Pour finir, je remercie le journal «Les Echos du Parlement» pour m’avoir donné l’opportunité de présenter mon Association et de m’exprimer sur la situation socio-politique du Mali.

D’après Maurice Druon, «Les tragédies de l’histoire révèlent les grands hommes, mais ce sont les médiocres qui provoquent les tragédies».

 

 

Propos recueillis par Yaya Sidibé

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