Dr Nagantie Koné, directeur général de l’Agence malienne de la radioprotection : « Beaucoup des gens pensent que le Mali n’est pas concerné par des activités de technique nucléaire »

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Au Mali, la radioprotection n’est pas connue par les populations et même par l’administration. Car, la radioprotection est la protection contre les rayonnements ionisants. C’est-à-dire l’ensemble des règles, procédures et moyens de prévention et de surveillance visant à annihiler ou à réduire les effets néfastes des rayonnements ionisants sur les personnes, leurs biens et l’environnement. Pour en savoir plus nous avons rencontré le Directeur Général de l’Agence Malienne de la Radioprotection, le Dr Nagantié Koné.

 

 

 

Le Guido : Docteur, comment l’Agence Malienne de la Radioprotection  est-elle née?

Nagantié Koné : Le processus de création de l’’AMARAP a commencé depuis 1986. D’abord au ministère de la santé et puis à partir de 1995 au ministère des Mines de l’Energie et de l’Eau et finalement ce n’est qu’en 2002 que des textes sont sortis, en juin de la même année précisément pour créer l’Agence Malienne de la Radioprotection (AMARAP).

 

 

 

Quels sont les problèmes auxquels l’Amarap est confrontée?

N K: Les problèmes auxquels l’Amarap se trouve confrontée sont multiples. D’abord le domaine relève d’un niveau technique assez élevé, car les gens ne comprennent pas les activités qui nous menons à plusieurs niveaux.

 

 

Cette incompréhension existe à tous les niveaux, notamment quant nous regardons aux niveaux des décideurs, dans la mentalité de beaucoup des gens qui pensent que le Mali n’est pas concerné par des  activités de technique nucléaire. Or, de nos jours, tous les secteurs de développement  sociaux économiques utilisent les techniques nucléaires. Quand on prend les BTP, les routes, la construction de bâtiments, les imprimeries, les brasseries, dans le domaine de l’industrie, dans les sociétés minières, les appareils de radiographie dans les hôpitaux, les scanners, la radiothérapie, toutes ces techniques sont basées sur les techniques ionisantes. L’utilisation est un peu partout, même dans l’agriculture, pour choisir les bonnes semences, ou les variétés adaptées aux changements climatiques. On utilise les techniques nucléaires dans l’élevage, pour développer la production de lait et autres. Mais ces techniques ne vont pas sans risque, à cause de leur utilisation. Il faut sécuriser les utilisateurs, la population et l’environnement. Le rôle de l’autorité réglementaire est de faire en sorte que l’on puisse bien utiliser ces techniques nucléaires au bénéfice des populations, sans les risques.

 

 

Les difficultés auxquelles nous sommes confrontés résident dans le fait que les maliens ne savent pas que nous existons, notre existence n’est pas connue par le public. Ceux qui connaissent que nous existons ne savent pas quelles sont les conditions dans lesquelles nous évoluons. C’est pourquoi nous sommes entrain de prendre les dispositions pour que les gens puissent savoir quelles sont les missions qu’on nous a confiées et comment ensemble avec  les décideurs on peut parvenir à des meilleurs résultats. Il y a une méconnaissance de l’Amarap aussi bien par le public que par les décideurs et une insuffisance des moyens humains et financiers.

 

 

Quels sont les objectifs de l’Agence ?

N K : Les objectifs de l’Agences sont globaux : élaborer les avant-projets de textes législatifs et réglementaires relatifs à la radioprotection et veiller à leur application ; assurer la coordination de programmes nationaux de radioprotection visant le développement de l’infrastructure nationale de radioprotection ; prendre les mesures conservatoires nécessaires en cas de violation de la réglementation en matière de radioprotection et représenter le gouvernement malien dans la coopération internationale, dans les domaines de la réglementation de la radioprotection et de la gestion de déchets radioactifs.

 

 

Quel appel avez-vous à lancer aux autorités maliennes ?

N K : Au plan national, la formation est excessivement chère, donc tout ce que nous faisons sont chers et nous souhaiterions que les autorités comprennent nos difficultés et les missions qui nous sont assignées. Au plan international, nous devons contribuer à assurer que les normes internationales sont respectées au niveau du Mali. Pour aboutir à cela, nous avons besoin de l’assistance des autorités.

Interview réalisée par L Coulibaly

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