Dr Mouusa Sanogo, PDG de la pharmacie populaire du Mali : « Nous travaillons tous les jours à ce que la gouvernance soit améliorée »

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« L’espoir est permis et le meilleur se profile pour la société »

Nommé à peine neuf mois, Président Directeur Général de la Pharmacie Populaire du Mali, le Dr Moussa Sanogo, a déjà mis ce fleuron du ministère de la santé et de l’hygiène publique en marche. Nouvelle gouvernance oblige, la PPM nait de ses cendres, après une traversée de désert horrible. Ce changement notoire au sein de cette structure créée aux premières heures de l’indépendance n’est pas fortuit. Il est le fruit d’une nouvelle mode de gestion transparente axée sur l’amélioration des conditions  de travail du personnel et le renforcement de capacité des outils de fonctionnements. Le secret du nouveau patron de la PPM, n’est autre que le sens élevé d’un homme déterminé à servir son pays. Dans une interview exclusive, Dr Moussa Sanogo, nous parle de sa structure, le contrat-plan qui le lie à l’Etat,  les grands chantiers et innovations et les perspectives.

 

La Lettre du Peuple : Pouvez-vous nous présenter la Pharmacie Populaire du Mali ?

Dr Moussa Sanogo

La Pharmacie Populaire du Mali vient de loin. C’est une société ancienne qui existe depuis 1960. C’est aussi une des premières sociétés au Mali qui a aujourd’hui 56ans. C’est une société qui avait surtout besoin d’évoluer en fonction de l’évolution de l’environnement. J’ai hérité d’une vieille société qui a un passif et dont je devrais faire en sorte  qu’elle puisse se hisser, avec l’implication de l’ensemble des travailleurs, pour être au plus haut niveau au Mali, une structure performante et être une des meilleure centrales d’achats dans notre espace sous-régionale. La PPM a aujourd’hui des atouts sur lesquels nous pouvons compter  pour ce positionnement stratégique sur le marché africain par rapport à la distribution des médicaments essentiels, mais aussi de la fabrication de certains types de médicaments, en plus des dispositifs médicaux.  La Pharmacie Populaire du Mali, ce n’est pas seulement les médicaments, mais ce sont aussi les réactifs, les consommables médicaux, les équipements médicaux. C’est instrument qui a été crée par l’Etat pour pouvoir donner des réponses à  des problèmes liés à ces différents produits de santé que je viens de rappeler et qu’on puisse faire en sorte que les établissements publics notamment les hôpitaux, les centres de santé, l’armée, l’université  et les cliniques soient approvisionnés en produits de santé en quantité et en qualité. Sans oublier les écoles, l’INPS, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie. Il s’agit de répondre de façon satisfaite à tous besoin de produits pharmaceutiques. La société est représentée sur toute l’étendue du territoire. C’est une particularité par rapport à plusieurs pays qui nous entourent où la centrale d’achats des produits de santé est uniquement concentrée au niveau de la capitale. La PPM a pour missions qui consistent à rendre disponibles les médicaments, les consommables, les dispositifs médicaux, les équipements. C’est aussi de faire en sorte qu’on puisse couvrir l’ensemble du pays. Nous sommes dans les toutes régions et mêmes dans certains cercles. La PPM, c’est des moyens logistiques. On a beaucoup de véhicules, des camions, des vannettes, des véhicules frigorifiques, des véhicules de supervisions, pour permettre à l’ensemble des maliens de bénéficier des produits de santé de qualité. Nous sommes un service public, mais dotés d’une autonomie de gestion. La PPM fonctionne presque sur la base des ressources qui sont générées par la société. Les subventions de l’Etat ne viennent pas toujours. La structure peut faire des années sans subventions de l’Etat. Quand ça vient, ça dépasse rarement 60 millions de FCFA.  C’est généralement des appuis ponctuels au titre du contrat-plans pour nous accompagner. Mais le fonctionnement  de la société repose essentiellement sur  les ressources propres qui sont générées des activités.

 

La Lettre du Peuple : Ce contrat-plan, de quoi s’agit-il  réellement?

Dr Moussa Sanogo

La Pharmacie Populaire du Mali a signé un contrat-plan avec l’Etat. Ça fait 21 ans par cycle de 3ans que le contrat-plan existe.  Ce contrat-plan donne à la Pharmacie Populaire du Mali l’exclusivité de l’approvisionnement du service public en produit de santé, en réactifs, en consommables et équipements médicaux. C’est une relation de droit qui existe la PPM à l’Etat malien et qui fait que nous devrons rendre ces médicaments disponibles à un coût raisonnable et au même prix partout à l’intérieur du pays. C’est aspect important à savoir. C’est dire le même prix d’un médicament à Bamako, à Mopti ou à Kidal. C’est donner une égalité de chance à tous les maliens dans l’accès aux médicaments. Le contrat-plan procure à la PPM une certaine garantie par rapport aux produits qui sont disponibles dans nos entrepôts et par rapport à la qualité de services que nous rendons.  Chez nous tous les produits sont soumis à une mise en quarantaine avant de les déverser sur le marché national. Une fois, achetés, ces produits contrôlés par échantillonnages au laboratoire national de santé.  La PPM  est le seul grossiste qui fait des contrôles systématiques sur l’ensemble de ses produits  qui rentrent dans ces magasins. On est soucieux des questions de sécurité. Nous mettons 39 procédures d’assurances qualité qui nous mettons en œuvre pour avoir la traçabilité par rapport à nos produits. Les médicaments sont beaucoup influencés par les conditions de stockages. Nous veillons à ce que nos médicaments soient dans les meilleures conditions de vente.

 

La Lettre du Peuple :   Quels sont les projets et les grands chantiers que vous avez engagés depuis votre arrivée?

Dr Moussa Sanogo

Dans un souci de respect de cette qualité, la PPM a rendu disponibles des chambres froides sur Bamako et sur l’ensemble de nos représentations dans les régions. Nous sommes le service chargé de l’approvisionnement du pays en vaccin. Nous disposons à ce titre des frigos qui peuvent faire des températures négatives allant jusqu’à -20°C. Les moyens logistiques ont été suffisamment renforcés. Pour ce faire, en 2016, nous avons effectué une visite de terrain auprès de toutes les représentations afin certains constats. Nous avons également réalisé des missions de quantification des besoins marchands pour éviter d’avoir des produits périmés. En plus nous avons doté le personnel en ordinateur et outils de travail, acquis cinq véhicules de livraison, assuré un meilleur suivi et l’entretien du par automobile, acquis des groupes électrogènes.  On a rénové les anciens véhicules. Nous avons aussi procéder à l’amélioration de l’image de marque de la société par l’aménagement du cadre physique et architectural. Nous avons recrutés du personnel supplémentaire de vente et des agents de sécurité pour renforcer les magasins. On a eu des départs à la retraite, nous avons recruté du personnel compétent à travers un cabinet pour renforcer les capacités de ressources humaines. D’un effectif d’un agent par point de vente, on a doublé ou triplé à des endroits. Tous les services ont été renforcés en ressources humaines. Un fait majeur, pour la première fois, c’est la création d’une cellule commerciale, communication et marketing.  Ce service a pour rôle d’aller vers nos clients pour intégrer leurs préoccupations. Il y aussi les conditions des travailleurs que nous avons considérablement améliorées.  Aussi nous avons aménagé nos locaux pour offrir un bon cadre de travail et un environnement plus décent et plus agréable.  Nous allons continuer à faire de cela une priorité. Nous avons élargi la gamme de notre service. Des médicaments essentiels, on a ajouté des consommables de dialyse pour les malades qui souffrent des insuffisances rénales. On déjà livré des médicaments dans ce sens. On livre aussi les médicaments contre la           maladie de parkinson et de la lutte contre le diabète. En fit, il y eu une nouvelle forme de collaboration entre la PPM et les associations de malades. Souvent, nous faisons fabriquer spécialement des médicaments de ces maladies pour que le Mali puisse les en bénéficier.

Nous avions en chantiers une vision d’industrialisation  pour faire du conditionnement et  pour aller vers une production de masse.

Pour renforcer notre capacité de stockage, nous avons décidé d’aller vers un projet ambitieux avec l’accompagnement de nos partenaires, l’USAID et les Pays-Bas pour construire des entrepôts modernes comme ce que nous voyons en occidents. C’est des grands entrepôts équipés par la chaine de froid avec un système informatique  qui nous permet d’assurer une gestion rationnelle des produits mais aussi d’avoir une grande capacité de conditionner une grande quantité de médicaments pour servir le pays. C’est un projet autour de 3 milliards de FCFA, 900 millions à peu près qui permettront de construire des entrepôts à Bamako, Kayes, Koulikoro, Mopti. Mopti pour couvrir les besoin des régions du nord. Nous travaillons tous les jours à ce que la gouvernance soit améliorée, la transparence dans la gestion, l’amélioration des niveaux de recettes, la ponctualité, un engagement fort de tous les agents pour que nous puissions obtenir des résultats performants. Nous sommes à cet effet dans une perspective d’amélioration de la qualité de nos services et relation que nous entretenons avec tous les différents partenaires.

La Lettre du Peuple :   Un message ?

Dr Moussa Sanogo

J’ai espoir  et je suis convaincu, avec l’engagement du personnel et le soutien de l’Etat à travers les responsables politiques et administratifs, que nous pouvons aller très loin et réaliser pleinement notre mission. Cela est une attente forte de nos pouvoirs publics mais aussi de la population, surtout celle qui vit dans les zones reculées. Ces populations ont besoin d’une vie sociale et communautaire  équilibrée pour pouvoir bien s’épanouir. Un pays riche, c’est d’abord un pays où les populations se portent bien, où les besoins sociaux sont réalisés. L’espoir est permis et le meilleur se profile pour la PPM. Mais  c’est un avenir meilleur qui va demandé un engagement encore plus poussé de l’ensemble du personnel, un don de soi, beaucoup de sacrifice  et un accompagnement franc des pouvoirs politiques et des communautés tout simplement.

Interview réalisée par Jean Goïta 

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