Dr Modibo Soumaré, Président de l’URP : « Il est urgent d’aller vers la transformation de l’APEJ en un comptoir de création d’emplois »

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Président de l’URP (Union des Patriotes pour la République),

Dr Modibo Soumaré
Dr Modibo Soumaré

fait partie de ces jeunes leaders politiques qui pensent que le temps n’est plus aux tergiversations dans la gestion des affaires de l’Etat. Nous l’avons rencontré pour qu’il nous livre ses impressions sur certaines préoccupations faisant l’actualité du Mali

 

Le Pouce : Quelle lecture faites-vous du lancement du programme 2014 des stagiaires de l’APEJ ?

Dr Modibo SOUMARE : Je pense que ce programme est un exercice connu depuis des années. Après une analyse fine du fonctionnement de l’APEJ, il y a matière à réflexion et surtout de changer de cap. Il faut qu’on regarde de près la création d’emploi par rapport aux stages. Il est aujourd’hui urgent d’aller vers la transformation de l’APEJ en un comptoir de création d’emplois. On peut injecter les milliards qu’on utilise pour les stages, dans de véritables et concrètes politiques d’emplois permanents.

 

Le Pouce : Pensez vous qu’il est possible comme l’a dit le président de la République, de créer 200 000 emplois d’ici la fin de son premier mandant ?

DR Modibo Soumaré : Je pense qu’on peut faire mieux. Ça dépend de quel créneau dont on a envie d’exploiter. Il est plus rentable d’utiliser 15 milliards pour cinq ans pour créer des emplois permanents au lieu de les gaspiller pour des stages qui ne sont pas à la hauteur des souhaits ou qui ne sont jamais exécutés. On sait qu’il y a des bénéficiaires qui se trouvent le moyen de faire signer leur fiche de stage auprès des entreprises alors qu’ils ne suivront jamais ces formations.

 

Le Pouce : Que voulez-vous dire par création d’emplois permanents ?

Dr Modibo SOUMARE : Si je prends l’exemple sur les garages mécaniques et les ateliers de menuiseries, on se rend compte que 80% de ceux-ci n’ont pas de comptables et de chargé aux relations extérieures. L’Etat, en finançant ces entreprises, peut favoriser la création de trois emplois permanents pour chacune de ces structures. Beaucoup de pays le font, qui sont en plein essor. Les PMI sont créés pour répondre à ce besoin. Il n’est normal qu’une entreprise qui paye ses impôts, ne puisse pas bénéficier de subvention de l’Etat. Donc, il ne faut pas compter sur l’Etat pour créer les emplois, mais plutôt sur le secteur privé. Si on appuie le secteur privé, on pourra relever le défi de la création d’emplois. En faisant un aperçu sur le secteur de la santé, on se rend compte que le renforcement du plateau technique des cabinets médicaux et cliniques privées, permet à ces structures sanitaires, de créer chacune 5 à10 emplois. Je suis sûr qu’en finançant une clinique privée qui a 08 ou plus, à hauteur de 30 millions de francs CFA, on lui donne l’opportunité de créer des emplois permanents.

 

Le Pouce : Quelle lecture faites-vous, en tant que responsable politique, de la gestion de Kidal par les autorités ?

Dr Modibo SOUMARE : Qu’on le reconnaisse ou non, Kidal échappe à l’Etat. Le moyen le plus efficace qui va nous permettre de nous en sortir, c’est d’aller vers la signature d’un accord de défense intelligent avec la France, les Etats Unis et l’Algérie. Je pense qu’avec l’Accord de ces trois pays, nous pouvons avoir une garantie en matière de respect des droits de l’homme au nord comme au sud. Cet accord peut aussi garantir l’intégrité du territoire malien. Si on continue à tergiverser, les autres forces en dehors du MNLA, c’est-à-dire le MUJAO, ANSARDINE auront toujours des ambitions à revenir sur leur décision. Il faut que la diplomatie malienne soit beaucoup plus offensive pour prouver qu’il n’y a pas de chasse aux sorcières au Mali. N’oublions pas aussi que celui qui veut la paix, prépare la guerre. Avec une armée qui reste toujours hésitante, du fait du non- établissement de la chaîne de commandement, il est évident que nous ne puissions pas assurer notre défense. Il nous faut former une armée disciplinée, prête au sacrifice pour l’honneur et la dignité des Maliens. Cet accord de défense est bien pour le Mali, car, il nous permet de nous préparer. Dans cette affaire, il faut tout simplement comprendre que la France défend uniquement ses intérêts. La France ne viendra pas installer ses fils sur notre sol. Il est du devoir de l’Ambassadeur du Mali en France de faire comprendre à l’opinion française que le Mali est l’un des rares pays qui défendent les minorités. Et qu’il n’y a pas de problème de race au Mali. Il faut que les autorités soient plus offensives et plus visibles que le MNLA en matière de medias. Il convient aussi que nos élus fassent plus de plaidoyer en faveur du Mali partout où besoin est fait. Pourquoi les chaînes étrangères ne donnent pas la parole aux touaregs du nord qui sont avec l’Etat du Mali ? C’est parce que le Mali ne fait pas une communication vivace à ce sujet. Depuis la transition, nous avions demandé la mise en place d’une armée numérique pour la réussite de la guerre médiatique. Ce système nous permettra aussi de créer des emplois. Aujourd’hui, l’Etat malien doit être stratège. Nous devons arrêter les polémiques et faire face à l’essentiel. Je ne suis pas d’accord avec le premier Ministre quand il dit que le problème de Kidal, n’est pas pour maintenant. Justement, le début de la solution doit être maintenant. On doit savoir la stratégie du gouvernement. Cela permettra aux citoyens d’avoir davantage confiance au régime. Le Maroc ne peut pas résoudre le problème malien. Par contre, on doit faire des affaires avec le Maroc. Ce pays a son Front Polisario depuis les années d’indépendance. Le Mali doit avoir les Etats Unis avec lui. Parce qu’il y a des principes de tangibilité des frontières issues des indépendances. Rien que cette démarche, le Mali doit faire une offensive au niveau des Nations Unies pour exiger qu’on ne fasse pas la défense par la MINUSMA selon la région où l’on se trouve. Que chacun joue seulement son rôle.

 

Le Pouce : Quelle perception faites-vous de la création, dans le nouveau gouvernement, du département de la jeunesse et de la reconstruction citoyenne ?

Dr Modibo SOUMARE : J’ai toujours plaidé pour la création d’un ministère séparé des sports. Le sport est budgétivore. La jeunesse était restée le parent pauvre du ministère de la jeunesse et des sports. Le problème de la jeunesse est de se former et d’avoir un emploi. Il serait encore plus bon, si on ajoutait l’emploi à ce ministère. Ce serait plus complet.

 

Le Pouce : Un message ?

Dr Modibo SOUMARE : C’est dire aux responsables et militants de l’URP que nous sommes dans des négociations très avancées avec d’autres partis  politiques pour aller vers une grande fusion et faire un grand pôle politique qui soit représentatif tant sur son intelligence que par son implantation sur le terrain.

 

Jean Goïta

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