A l’issue de la 39è session ordinaire du conseil d’Administration de l’Office du Niger, son PDG, Mamadou M’Baré Coulibaly s’est confié à votre hebdomadaire sur ses priorités. Parmi ces axes prioritaires figure en bonne place le renouvellement du personnel de l’Office du Niger en particulier et du secteur du Développement durable malien en particulier qui est vieillissant et qui n’attire pas les jeunes en dépit du potentiel qu’il représente.
Quelles sont vos ambitions pour l’Office du Niger et quels sont les objectifs de la campagne 2017-2018 ?
Mon ambition est de faire l’Office du Niger un outil stratégique de développement. Comme vous le savez, dans le Sahel, avec la rareté des pluies et le changement climatique, les cultures irriguées sont des cultures stratégiques. L’office, avec sa maitrise d’eau, constitue le poumon économique du pays et c’est l’office qui peut tirer la croissance économique vers le haut. Donc, mon ambition est de faire de l’Office du Niger une agropole. Comme on le dit un pôle de croissance économique qui va mettre en place un développement intégré agricole dont le riz va être la culture locomotrice. On va développer d’autres secteurs tels que l’agriculture, l’élevage et la pèche.
Les prévisions de la campagne 2017 sont déjà inscrites dans le contrat-plan Office du Niger État-exploitants agricoles. Dans le contrat-plan, il est prévu des objectifs de production en termes de superficie. Nous devrons mettre en valeur 158 406 hectares et en termes de production nous attendons 1 001 345 tonnes de riz paddy. Cette prévision est inscrite dans le contrat-plan et sa mise en valeur nécessite un budget conséquent. Ce budget a été chiffré à 32, 289 milliards de F CFA contre 28, 62 milliards en 2016, soit une augmentation globale de 12,79 %.
Ce budget va permettre d’assurer la production rizicole mais également l’aménagement des superficies et l’entretien du réseau hydraulique et ensuite l’appui-conseil. Qui constitue l’accompagnement des producteurs en termes d’intrants et en termes de formation. Voilà en gros ce qui constitue ce budget.
Il y a un projet qui tient à cœur au président de la République Ibrahim Boubacar Keita, l’emploi des jeunes, l’aménagement de 100 000 hectares. Où en sommes-nous avec le projet du Nouveau village agricole (NVA) en zone office du Niger ?
Le Nouveau village agricole est un projet phare pour l’Office du Niger car ilest une initiative du président de la République. Il faut mettre cette initiative en action. L’office est en train de s’atteler pour que les nouveaux villages agricoles puissent voir rapidement le jour. Je dirai qu’on abeaucoup avancé. A mon arrivée, on a identifié le site. On a même montré ce site au ministre de l’Economie et des Finances. Ces villages vont être installés à M’Benwani. Au niveau de M’Bénwani, on a déjà identifié 3300 hectares. Sur ces 3300 hectares, il y avait des baux mais actuellement, avec tous ces détenteurs de baux, nous avons eu un consensus. Tout est bouclé, tout le monde est d’accord et tout le monde adhère au projet. On leur a proposé des mesures compensatoires. On est en train de faire des lettres pour qu’ils puissent signer. Le plus difficile a été fait. Le site a été délimité.
En termes d’avancement, les études techniques et les études de faisabilité sur le terrain sont en cours. Les études sont confiées à l’AGETIER et au bureau CIRA-Mali. Le budget également a été déjà ficelé. Le président de la République, lors de son passage en Chine, avait signé une convention avec Hydro-Chine pour un certain nombre de projets et parmi les projets retenus au niveau du gouvernement, le projet des nouveaux villages agricoles en fait partie. Nous avons fait la demande d’accord de prêt et l’avons adressée au ministre de l’Economie et des Finances. Le dossier est en traitement au niveau de la dette publique. Cela veut dire que le projet avance très bien. S’il plait à Dieu, courant premier trimestre ou deuxième trimestre 2017, on doit pouvoir arriver à lancer officiellement le projet, qui me tient à cœur et nous ferons tout pour que ce projet puisse réussir. C’est un projet phare dont la réalisation permet de résoudre beaucoup de choses à la fois : l’emploi des jeunes, la lutte contre la pauvreté et l’insertion des jeunes, mais aussi attirer la jeunesse vers l’agriculture et que le métier de l’agriculture ne soit plus vu comme une obligation mais une passion. Il s’agira donc de créer un autre type d’entreprenariat agricole pour que les gens puissent s’épanouir. C’est ce que l’on a comme richesse. Le Mali a la terre, le Mali a des hommes, il faut faire comprendre à ces hommes-là qu’il faut exploiter cette terre et qu’on peut tout avoir de la terre. Et, j’en suis convaincu, en tant que chercheur. Ce que l’on peut avoir de la terre on ne peut l’avoir ailleurs. Si ce projet pilote réussit à l’Office du Niger, on va les répliquer partout au Mali et je suis convaincu qu’il va réussir.
Aujourd’hui le personnel de l’office du Niger est vieillissant, les administrateurs réclament des recrutements. Comment allez-vous vous y prendre ?
Les administrateurs ont demandé s’il ya un recrutement en vue. Comme moi je suis venu en fin de campagne, je leur ai fait savoir qu’il fallait réussir la campagne. Quand on vient dans une structure dont la vocation est agricole, il faut d’abord réussir la campagne agricole. C’était ma priorité : réussir la campagne et chercher à comprendre les problèmes et y trouver des solutions. A l’office il y a beaucoup de problèmes. Vous voyez avec les administrateurs. Ils adhèrent avec moi sur la résolution de ces problèmes pour que l’office puisse accomplir pleinement sa mission. Je leur ai dit que le recrutement va s’intégrer dans le cadre organique de l’Office du Niger. Ce cadre organique, on va le faire sortir, le nombre de personnes qui doivent être recrutées, on va le voir conformément au cadre organique. En ce moment, on va procéder au recrutement. Mais pas avant le 1er trimestre 2017. Parce que on va finir les analyses des résultats de la campagne et on va s’atteler au recrutement. Sans ce recrutement, l’Office ne peut pas continuer. Le personnel est vieillissant. Dans trois ans, il n’y aura personne. Donc, non seulement on doit faire ce recrutement mais l’office doit faire tout pour suivre et respecter l’évolution de son cadre organique pour ne pas tomber dans cette situation d’insuffisance de personnel comme on est en train de le constater.
Peut-on savoir l’utilisation faite du montant d’un milliard de franc de CFA que le président de la République IBK a donné pour l’entretien du barrage de Markala lors de son passage en décembre 2015 ?
C’est une très bonne question ! L’argent que le chef de l’Etat a donné va être utilisé pour l’entretien du barrage de Markala selon un plan déjà prévu par l’Office du Niger. Le barrage est très bien suivi par le service spécial de suivi du barrage qui relève de l’office. Tout ce qui existe comme problème est déjà inventorié. Avant que le président ne donne cet argent il y avait déjà un nombre de problèmes déjà recensés mais étant donné que ce que l’Etat donne à l’office du Niger dans le cadre du contrat plan ne parvenait pas à tout couvrir, c’est l’Etat qui doit le faire (sic).Le Barrage est la cheville ouvrière de l’Office du Niger. Ce que l’Etat donne par exemple cette année l’Etat n’a donné que 654 millions. Vous voyez que les un milliard on va tout investir dans le barrage. Ça va être utilisé de façon efficiente pour que le barrage soit fonctionnel.
Entretien réalisé par Aliou Badara Diarra