Dr. Lasseni Konaté, commission science biomédicale : « Le comité d’éthique du Mali est composé de 37 membres »

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Dr. Lasseni Konaté de la Commission science biomédicale, aborde dans cet entretien, les objectifs du projet building the capacities of west Africa in recherche ethics, le choix du Mali pour l’abriter, entre autres.

Mali Tribune : Qu’est-ce que le projet building the capacities of west Africa in recherche ethics ?

Dr. L. K. : C’est un projet financé par l’Union européenne, mis en œuvre par l’université de Saragosse en collaboration avec les ministères de la Santé du Mali, du Sénégal et du Bénin.

Mali Tribune : Quels sont les objectifs de ce projet ?

Dr. L. K.: C’est pour le renforcement des capacités des comités nationaux d’éthique pour la recherche. Mais malheureusement la recherche ne peut aboutir sans les contrôles éthiques et ce contrôle éthique est difficile à mettre en application. Parce que pour le moment, il n’y a pas un financement dédié au comité d’éthique. Alors qu’Aristote l’a si bien dit depuis l’antiquité : la délibération éthique porte d’abord sur les moyens. Tout le monde est d’accord avec les belles fins de l’éthique. Mais la question c’est comment résoudre ce problème. BCA-WA-ETHICS II va contribuer à un renforcement de capacité des différents comités d’éthique dans les différents pays.

Mali Tribune : Qu’est ce qui a motivé le choix du Mali ?

Dr. L. K. : Il y a eu une première phase où le Mali n’était pas concerné. Et par rapport à ces études d’éthique, le Mali a quelques avancées comme le siège Comité national de l’éthique de la santé et les sciences de la vie (du CNESS). Le Mali a un siège, ce qui n’est pas le cas dans tous les pays. Quelque part cela justifie un petit peu le choix du Mali pour cette deuxième phase du projet.

Mali Tribune : Quelles sont les orientations de cette seconde phase ?

Dr. L. K. : Le renforcement de capacités avec au préalable, un diagnostic. Ce diagnostic a porté sur les conditions des comités d’éthique (est ce que les comités d’éthiques ont les moyens nécessaires pour développer les activités nécessaires et les suivis sur le terrain) et sur le Covid-19 (les problèmes que l’apparition du covid-19 a causés dans les comités d’éthique). Les comités d’éthique n’ont pas tout à fait les moyens pour développer toutes les activités qui relèvent de leurs missions.

Donc, dans le cadre du renforcement professionnel, le projet va encore aider tous les pays pour qu’ils puissent éventuellement donner un statut formel au comité national d’éthique pour en faire une administration publique. Ce qui a d’ailleurs été recommandé au forum mondial de la santé qui s’est tenu à Bamako en 2008. Cela a aussi été recommandé par le comité régional de l’OMS en Afrique en 2012.

Ce renforcement institutionnel est basé sur : la formation du personnel et l’environnement.

Mali Tribune : La question d’éthique est-elle prise en compte au Mali ?

Dr. L. K. : Maintenant oui, ça commence parce qu’on avait une loi squelettique par rapport à la recherche. C’est en 2009 que nous avons eu une véritable loi détaillée par rapport à cette question.

Si le comité est créé comme un service public, ça va lui permettre d’avoir un budget voté à l’Assemblée nationale. Le comité d’éthique doit disposer des ressources propres pour développer ses recherches et ses activités de suivis. La recherche paie les chercheurs, mais l’idéal c’est que nous ayons un budget national.

Mali Tribune : Dans le cadre de ce projet, vous avez mis en place un rapport, pouvez-vous nous parler des grandes lignes de ce rapport ?

Dr. L. K. : Oui ! La première partie du rapport concerne les comités d’éthique, quelle est leur capacité à la date d’aujourd’hui ? Le comité d’éthique du Mali est composé de 37 membres. Dans l’enquête même sur les 37, il n’a que 4 qui ont répondu à nos questions. Mais la pratique montre que c’est trop.

Par exemple, au Burkina Faso, c’est une dizaine de personnes et au Niger une douzaine. Quand ça devient plus que ça, on a l’impression que l’évaluation de nos projets d’éthique est une activité gratuite. Alors que normalement ce n’est pas le cas.

Comme on dit, tout travail mérite salaire. C’est un travail que les gens font, il est nécessaire qu’en retour ils bénéficient de quelque chose. Dans ce cas-là, le comité d’éthique non seulement, est pléthorique, mais, également, les membres ne s’y intéressent pas tellement.

Le comité d’éthique lui-même n’a pas les moyens de développer toutes les activités qui lui reviennent de droit. D’où l’importance de ce projet pour le renforcement institutionnel du comité d’éthique.

La deuxième partie c’est par rapport au Covid-19.

Propos recueillis par

Aminata Agaly Yattara

 

 

 

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