Dr. Karim Camara DG ANEH : “La santé constitue l’un des droits du citoyen…”

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L’Agence nationale d’évaluation des hôpitaux (Aneh) a pour mission de veiller sur la réalisation effective du service public hospitalier. Elle est aussi chargée d’apporter aux hôpitaux des conseils techniques, participer à l’évaluation des personnels hospitaliers, donner au ministère de la Santé tout avis qu’elle juge utile pour permettre aux hôpitaux de mieux remplir leur mission.

Mali Tribune : Qu’est-ce qu’une Pyramide sanitaire ?

Dr. Karim Camara : La santé constitue l’un des droits du citoyen, il est important de mettre en place un dispositif qui permet d’assurer ce droit du citoyen raison pour laquelle les hautes autorités ont mis en place un schéma permettant d’assurer la prise en charge et d’assurer l’administration de la santé des populations.  C’est ce schéma qui est traduit en Pyramide sanitaire, et c’est un dispositif qui permet d’assurer la prise en charge l’administration de la santé des populations.

Elle est repartie en trois étages comportant trois niveaux, permettant de couvrir l’ensemble du système de santé. Le système de santé en termes d’institution permet d’avoir un niveau de base également appelé niveau opérationnel et se situe au niveau du cercle, ainsi qu’un niveau intermédiaire qui se situe au niveau régional et enfin un niveau central qui est au niveau national.

L’objectif du niveau de base est de faire la micro planification, de prendre en charge les soins, préparer les petits plans au niveau du cercle, ou les Cscom (Centre de Santé Communautaire) pour que ça remonte au niveau régional ou intermédiaire. Il s’agit d’appuyer ce qui a été planifié au niveau de base. Le niveau central veille sur ce qui a été fait au niveau de base et intermédiaire en termes de conception, de contrôle, d’organisation et de financement, ceux-ci sont sur le plan institutionnel, les différents maillons qui existe au niveau du système de santé.

Il y a également ce qu’on appelle un plan offre de soins et le premier niveau est reparti en deux gestionnaires les Cscom et les Cs-Réf deuxième échelon du premier niveau. Les Cs-Réf sont devenus des hôpitaux de district sanitaires. Le deuxième niveau est la région chaque région a un hôpital et le troisième niveau sont les hôpitaux centraux et ce dernier niveau est plus présent à Bamako.

 Mali Tribune : Combien d’hôpitaux et de Cscom enregistre-t-on au Mali ?

Dr. K. C. : Nous avons en tous treize hôpitaux publics de deuxième et troisième référence et un hôpital privé à but non lucratif participant au service public hospitalier (le Luxembourg).  Sur ces quatorze hôpitaux, il existe des hôpitaux à vocation générale comme CHU (Centre hospitalier universitaire) Gabriel Touré, CHU Point G, Hôpital du Mali, les hôpitaux des régions… Il existe également des hôpitaux à vocation spécialisée dans un domaine précis comme l’Iota, le centre d’odontostomatologie, l’hôpital dermatologique de Bamako….  L’hôpital de Kati est un hôpital de deuxième référence, mais grâce à son service spécialisé en traumatologie il est considéré comme troisième référence. Mais il existe également plusieurs cliniques mais à but lucratif

Le nombre d’hôpitaux de district ou Cs-Réf s’élève à 65, les Cscom s’élèvent à 1424 et 1420 sont fonctionnels. A côté de ses hôpitaux et Cscom, il existe d’autres structures de santé qui participent à la prise en charge des patients tel que les centres de santé confessionnels religieux pour les musulmans ou chrétiens qu’on appelle les structures confessionnelles. Les Centres médicaux inter entreprises de l’INPS, les formations sanitaires de l’Armée les garnisons qui participent aussi à la prise en charge des civiles aussi bien que l’armée. A tout ceci s’ajoutent les tradipraticiens qui sont aussi une composante de la Pyramide sanitaire.

Mali Tribune : Qu’est-ce que la loi hospitalière ?

Dr. K. C. : La loi hospitalière 02050, a été créée le 22 juillet 2002, elle parle de l’hôpital dans toutes ses dimensions, la gestion, la création de l’hôpital, la charte du malade, tout ce qui concerne l’hôpital se trouve au sein de cette loi. L’Agence nationale d’Evaluation des Hôpitaux (Aneh) a été créée par cette loi à son article 50 et lui confère des missions, pour que l’Aneh s’occupe de veiller sur la réalisation effective de l’agencement, de la communication, la qualité, la gestion toute ce qui se passe au sein des hôpitaux. Cette même loi condamne qu’un médecin recruté par l’Etat travaille dans une autre structure pendant les heures de travail.

Mali tribune : Comment se fait l’évaluation des hôpitaux ?

Dr. K. C. : Nous faisons l’évaluation avec des outils qui sont des indicateurs, comparables au tableau de bord d’une voiture et que vous arrivez à trouver, voir tous les témoins qui se trouvent. Les indicateurs permettent de voir comment est le niveau de la qualité, comment est le rôle des soins, comment l’hôpital fait les recherches car chaque hôpital a une mission de recherche pour améliorer les soins, les indicateurs d’encadrement en rapport avec la formation des médecins. Ils sont en général pris en commun accord avec les hôpitaux. Après l’évaluation de chaque année, les hôpitaux se retrouvent pour dégager ensemble les indicateurs qu’il faut adopter pour les futures évaluations. En générale, l’évaluation se fait à une périodicité de trois ans, nous faisons la revue des indicateurs avec les hôpitaux qui ont accepté d’être évalués à partir de ces indicateurs. Notre rôle est de mesurer les indicateurs chaque année et les hôpitaux doivent prendre des dispositions pour que ces indicateurs soient améliorés. Parmi les indicateurs à travers lesquels nous faisons l’évaluation, il y a l’indicateur du taux de mortalité infantile, maternelle, néo natale, le taux de recouvrement des recettes, quels sont les nombres de jour de rupture dans l’année, des médicaments clés traceurs qui ne doivent pas manquer dans un hôpital, ce qui montre le niveau de compétences, de gouvernance et d’efficacité de la qualité de soin d’hôpital, nombre de jour de panne des équipements clés traceurs comme le scanneur….

L’Aneh fait aussi une enquête d’opinion chaque année pour dégager le taux de satisfaction des usagers et cela dans tous les hôpitaux de Bamako, de Kayes à Kidal et elle porte sur le taux de satisfaction des usagers à travers des questionnaires pour connaitre la performance de l’hôpital. Tous les hôpitaux doivent avoir statutairement quatre organes consultatifs à son sein. Des organes d’hygiènes, des organes pour les médecins, pour le personnel infirmier, pour les conditions de travail. Et si les différents organes sont présents et fonctionnent, on demande des preuves à l’appui. L’Aneh est une structure qui accompagne, analyse les activités des hôpitaux et l’Aneh a une équipe dans chaque hôpital pour récolter des informations. Après avoir rassemblé les rapports nous dégageons le rapport définitif de chaque hôpital et ensuite nous envoyons la synthèse au ministère de la Santé. Et nous avons décidé de faire une masse médias des résultats afin d’encourager les autres hôpitaux et la première édition a été en 2019. Et l’hôpital de Sikasso a été premier parmi les treize hôpitaux publics, suivi de l’hôpital du Mali et enfin le Luxembourg a été troisième.

 Mali Tribune : Selon vous en tant que DG de l’Aneh, est-ce que les hôpitaux assurent la prise en charge de tous les malades ?

Dr. K. C. : Bien sûr les hôpitaux assurent la prise en charge de tous les hôpitaux ! La réalité est que nous avons mis beaucoup de moyen au sein des hôpitaux malgré que ce ne soit pas suffisant. Avant les patients devaient se rendre à l’étranger pour aller faire un scanner mais d’aujourd’hui tous les hôpitaux disposent d’un service scanner sauf les hôpitaux spécialisés comme l’odontostomatologie, l’Iota… qui n’en ont pas besoin suivant le cas car il y a une question de rentabilité. Un équipement vous n’utilisez que rarement peut vous coûter cher en termes d’entretien, de manipulation, de réparation. En termes d’équipements et de couvertures sanitaires du pays, il y a des efforts qui ont été faits surtout au niveau Cscom qui font un travail irréprochable tant sur le plan préventif et curatif. Il faut aussi améliorer l’hôtellerie des hôpitaux la seule différence entre les cliniques et les hôpitaux publics. Revoir le comportement du personnel car le comportement individuel importe beaucoup une structure a beau avoir des équipements qu’il faut, il faut que le bon comportement prévale.

 Mali Tribune : Qu’est-ce qu’il faut pour qu’un hôpital soit performant ?

Dr. K. C. : La bonne performance passe par un nombre de piliers : Il faut une bonne gouvernance de l’hôpital, l’organisation, une bonne communication hospitalière, la motivation du personnel soignant que les hôpitaux enseignent l’esprit d’entreprise, considérer l’entreprise comme étant la sienne, un esprit de citoyenneté. Il faut que les gens changent de comportement, il faut travailler convenablement pour avancer.

 Mali Tribune : Quelles perspectives d’ici 2030 ?

Dr. K. C. : L’objectif c’est de pouvoir réduire davantage le taux de mortalité d’une façon générale et cela passe par l’amélioration de la qualité des soins. Notre mission c’est de suivre convenablement cette amélioration des soins ; Avec la reforme, une mutation de l’Aneh va agrandir le périmètre d’action pour aller au-delà des services publics hospitaliers car nous nous occupons que de l’évaluation des hôpitaux. L’une des perspectives c’est d’étendre l’Aneh et cela permettra d’évaluer dans les Cscom, dans les cliniques privées partout où le Malien est soigné pour apporter son appui. L’autre perspective c’est d’amener les hôpitaux à une accréditation, cela permettra aux structures de travailler d’une manière compétente dans un domaine donné et cela amènera une évolution positive dans le cadre de la prise en charge. L’Aneh deviendra une agence d’évaluation et d’accréditation en santé et c’est cela notre perspective et nous ne voulons pas attendre 2030, mais le plutôt sera le mieux. Et pour cela nous avons besoin de l’accompagnement de l’Etat. Nous avons déjà élaboré des textes en conséquence qui nous permettent d’étendre notre périmètre au-delà des structures de santé car la qualité est très importante.

 

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