Dr Cissouma, Directeur hôpital mère enfant : « Que la femme qui donne la vie ne meurt pas…»

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Depuis 21 janvier 2010, le Dr Cissouma dirige  l’hôpital Mère-Enfant « Le Luxembourg », ce plus beau fleuron de la Fondation pour l’Enfance. Dans une interview qu’il nous a accordée, il parle

Le Pouce : Comment se porte l’hôpital Mère-enfant de Luxembourg, Dr Cissouma ?

Dr Cissouma : Si je dois faire une appréciation, je préfère que d’autres personnes le fassent, car beaucoup sont venues et qui ont, correctement, vu l’hôpital depuis qu’il a été créé. Je crois que les malades qui le fréquentent sont mieux placés pour apprécier. Ce que je peux dire, c’est qu’il n’y pas d’hôpital sans problème. Bien sûr, avec mon expérience dans la gestion des hôpitaux, notamment à Gabriel Touré, au Point-G, à l’hôpital de Kayes, je pense que nous sommes dans la dynamique d’améliorer la qualité des soins, de satisfaire les usagers et renforcer les capacités du cadre de travail du personnel et les conditions de séjour des patients et leurs accompagnateurs. Pour ça, j’ai posé un certain nombre d’actes qui vont être au niveau de la phase de nationalisation. Parmi ces actes, tout le monde peut constater que le bureau d’accueil du malade a été amélioré. On a trois caisses pour le malade et quatre fenêtres pour les archives. Pour l’urgence, le médecin de garde est tout juste devant la porte d’entrée de l’hôpital. On peut, dès à l’arrivée, avoir un médecin pour les adultes et un autre pour la pédiatrie. Un peu plus loin, on peut constater un hangar qui sert de lieu de repos, d’attente avant consultation pour les malades et les accompagnants. La maternité a été nettement améliorée. Nous avons cinq bureaux de consultation, deux salles d’accouchement, un bureau pour les sages-femmes, la salle de garde des sages-femmes, un bureau du médecin. Ce qui est aussi important et qui a permis de faire un certain nombre d’intervention qu’on n’osait pas faire dans le temps, c’est la création d’un service de réanimation. De nos jours, j’ai créé un service où on a recruté un médecin anesthésiste qui s’occupe de tous les cas compliqués. Cela pousse les médecins à aller vers la mise en application de leurs expériences et connaissances. Maintenant, on peut opérer la tête pour les cas de tumeur, pour enlever le sang à la suite d’un accident. On peut même faire la synthèse des os de la colonne vertébrale par exemple si le cou est cassé. Nous sommes en train d’aller vers la mise en place d’un service d’urgence. Ce service est très important dans la mesure où tout le monde connaît l’état de saturation des services d’urgences de Gabriel Touré et du Point-G. Et nous venons en appoint pour aider à la prise en charge des urgences. Nous avons discuté avec la protection civile d’une convention et si tout se passe, normalement bien, lundi, les protections civiles devraient commencer à nous envoyer des malades et nous nous sommes organisés en conséquence pour recevoir, correctement, ces malades dans notre structure. Le service de cardiologie a été, aussi, bien doté. Je pense que c’est là un certain nombre d’améliorations. L’éco-thérapie se fait et les malades viennent en grand nombre. L’autre côté qui reste très important, c’est le scanner. Je dois dire qu’à l’hôpital mère-enfant, le scanner se fait 24/24h. A n’importe quelle heure vous pouvez venir faire votre scanner, de même que l’écographie. L’élément le plus important que je vais vous citer, c’est  que nous sommes en train de nous organiser pour réaliser un plateau d’examen 24/24h. Il y aura la radiographie, l’écographie, le scanner, de sorte que le malade qui rentre, dans les 30 mns ou 1 heure qui suivent qu’on puisse établir un diagnostic et aller vers le traitement. Si tout cela est fait on verra comme l’hôpital va évoluer. Nous voulons que cet hôpital soit une grande référence.

 

Le Pouce : Pouvez-vous nous parler du statut de l’hôpital mère-enfant dans la pyramide sanitaire du Mali ?

Dr Cissouma : L’hôpital mère-enfant est un service public, humanitaire  parce que nous ne sommes pas en dehors de la loi hospitalière. Nous sommes un hôpital de deuxième référence mais les autres ne disposent pas de l’équipement moderne que nous avons. Il nous faut un plateau complémentaire et de spécialistes pour être au niveau de la 3e référence.

 

Le Pouce: Comment se fait la prise en charge des malades ?

Dr Cissouma : La prise en charge des malades est très simple. Ici, nous sommes des tarifs un peu plus supérieurs par rapport aux hôpitaux publics, mais bien inférieurs aux tarifs privés. Ce qui permet au malade de ne pas avoir une surcharge pour sa  prise en charge et d’avoir accès à des soins de qualité. Le prix ne compte pas beaucoup, mais, c’est la qualité du service rendu qui compte. Nous, nous misons sur les aspects de propreté et du bon service rendu. A ce sujet, nous avons l’AMO qui est une bonne stratégie. L’Assurance maladie obligatoire est un élément très payant et nous avons la facilité de prendre en charge, tous ceux qui sont inscrits à ce système. Pour les privés, nous avons des conventions avec des mutualités et des sociétés qui viennent aussi avec leurs malades. Globalement, je crois que les gens doivent s’inscrire dans l’AMO. Nous avons aussi l’ANAM qui est aussi un créneau avec lequel nous allons travailler. Ce qui permettra de prendre en charge le grand nombre d’indigents qui viennent en dehors de Bamako.

 

Le Pouce : Expliquez-nous la disponibilité des compétences au niveau de l’hôpital mère-enfant ?

Dr Cissouma : Cet Etat, on le veut moderne. Donc, nous ouvrons la porte à toutes les compétences et à tous ceux qui veulent se manifester. Les compétences ont la liberté de venir à l’hôpital, d’aborder la direction et de voir ce qu’elles peuvent mettre à la disposition de la population. Nous devons les mettre dans un cadre idéal de travail, afin qu’elles puissent aider les malades à accéder à des soins de qualité. Nos médecins sont des Maliens qui sont formés ici. Mais il y a le sérieux, la discipline, le suivi et le résultat est la bonne prise du malade. C’est ça qui fait notre point fort en plus de la propreté.

 

Le Pouce : A l’hôpital mère-enfant, quelle importance accordez-vous à la l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant ?

Dr Cissouma : Comme son nom l’indique, une grande part de l’activité de cet hôpital est consacrée à cela. Il s’agit maintenant de trouver les meilleurs stratégies et approches pour promouvoir la santé de la mère et de l’enfant. A l’hôpital, nous avons, de façon très  pratique, renouvelé, retapé et réhabilité le service de gynéco-obstétrique. C’est pourquoi, j’ai dit qu’il y a quatre médecins qui consultent les femmes enceintes. Et nous avons deux grandes salles d’accouchement. Nous sommes en train de mettre un service de néo- natologie qui va s’occuper des enfants nés prématurés et qui vont bénéficier d’une prise en charge très rapprochée. Dans cette conception, nous avons envisagé le bureau d’un pédiatre juste à côté de la salle de néo-natologie. Il y a aussi une salle d’urgence qui est destinée aux cas césariens. Tout ça pour que la femme soit dans de bonnes conditions ; que la femme qui donne la vie ne meurt pas surtout.

 

Le Pouce : Quelles sont vos attentes par rapport à la tenue d’un tel sommet ?

Dr Cissouma : La tenue d’un tel sommet est importante, car elle va finaliser un peu tout ce qui a été fait dans le cadre de la préservation de la vie de la femme et de l’enfant. Les gens pourront, également, être informés sur l’importance de cette activité et au Mali et à travers l’Afrique. Toutes les premières Dames qui arrivent ont, chacune, une expérience en la matière. Et c’est l’occasion pour que ces expériences soient partagées. Elles vont s’engager sur des éléments déterminés, très précis alors, nous en ferons notre bâton de pèlerin.

 

Le Pouce : Peut-on dire que l’hôpital mère-enfant « le Luxembourg » est un maillon essentiel dans la pyramide sanitaire de la politique sectorielle de la santé du Mali ?

Dr Cissouma : Bien sûr ! On n’était pas très connu, mais je crois que de plus en plus, nous sommes en train d’être connus. Et nous sommes pratiquement en train d’occuper notre place. Il s’agit en outre de répondre à la préoccupation de santé de la population du Mali. Pour cela chacun doit s’y mettre pour l’atteinte de ces objectifs. L’hôpital mère-enfant fera son devoir dans ce sens. Nous sommes là pour veiller à cela.

Entretien réalisé par Tiémoko TRAORE

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