Dr Bakary Koniba Traoré, chargé de la surveillance épidémiologique à la DRS de Mopti à propos de la fièvre hémorragique : « Il n’y a pas lieu de paniquer »

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La fièvre hémorragique de Crimée Congo a fait son apparition la semaine dernière à Kère dans l’aire de santé de Korientzé, dans la région de Mopti. La maladie a fait quatorze cas, sept décès dont cinq à domicile.  Dr Bakary Koniba Traoré, chargé de la surveillance épidémiologique à la direction régionale de la Santé de Mopti revient sur l’apparition de la fièvre, les dispositions prises… interview !

Arc-en-ciel : C’est quoi la fièvre hémorragique du type qui est apparu à Korientzé?

Bakary Koniba Traoré : La fièvre hémorragique de Crimée Congo est provoquée par un virus de la famille des Bunyaviridae. L’apparition des symptômes est brutale, avec de la fièvre, des myalgies (douleurs musculaires), des vertiges, une raideur et des douleurs de la nuque. Parfois au début de la maladie, on observe des nausées, des vomissements, la diarrhée, et des douleurs abdominales. On peut observer aussi un œdème de la face, une pleurésie, une hémorragie buccale, nasale, vaginale ou digestive, …

Comment la maladie a été diagnostiquée  et dans quel village ?

B.K.T : La maladie a été diagnostiquée grâce à la vigilance des agents de santé qui  ont reçu des cas et ont alerté les autorités sanitaires, c’est ainsi que des investigations ont été menées. Les résultats de laboratoire ont prouvé qu’il s’agit de la fièvre hémorragique de Crimée Congo. Les cas sont tous à la date d’aujourd’hui du village de Kéra, situé à environ 152 km de Mopti dans l’aire de santé de Korientzé à 150 km de Mopti.

Quelles sont les dispositions qui ont été prises après la découverte de la maladie ?

B.K.T. : Tout d’abord nous pensons que c’est une première dans la région de Mopti.  Dès que nous avons été informés de l’existence des premiers cas, nous nous sommes attelés à la mise en place des mesures qui sont entre autres : l’isolement des cas ;  la prise en charge des malades, la recherche d’autres cas et le suivi des contacts sans oublier la poursuite des soins aux malades.

Il y a ensuite eu la réalisation à la télévision nationale d’une interview pour informer et sensibiliser les populations. Nous avons aussi procédé à l’information des parents sur les modes de transmission, sur les mesures de prévention. Il y a aussi eu la tenue de la réunion du cluster santé, l’élaboration du plan de riposte, la tenue d’une table ronde à la radio en bambara et en peulh. Mais, surtout l’élaboration d’un plan de communication.

Quels est l’état des personnes atteintes par cette maladie ? Il s’agit des cas de malades, des décès et éventuellement des cas de guérison ?

B.K.T. : Nous avons reçu dans les structures de santé neuf cas. Nous avons malheureusement  enregistré deux cas de décès. Mais, avant que ces neuf cas ne viennent consulter,  il y avait eu cinq décès à domicile dans la même famille. Donc en comptabilisant les décès enregistrés à domicile, nous avons au total enregistré quatorze cas, avec sept décès dont cinq à domicile.

Est-ce que la fièvre hémorragique peut être traitée ? 

 B.K.T. : Le traitement se fait selon les symptômes, sinon il n’y a pas de traitement spécifique.

Que conseillez-vous aux patients, mais aussi aux populations ?

 B.K.T. : Les conseils à la population sont entre autres : le lavage des mains au savon, savoir  manipuler la viande crue avec du sang en prenant les précautions adéquates, ne pas toucher ou manipuler les personnes suspectes,  informer les personnels de santé pour les cas suspects, porter les habits clairs couvrant toutes les parties du corps pour éviter les piqures des tiques.

 

Est-ce qu’il y a lieu de paniquer ?

BK.T. : Nous disons à la population de faire attention et de suivre les conseils des responsables de santé et autres.  Pour le moment, nous travaillons activement pour que le mal se limite à ce qui a été fait. Dans cette optique, je dis qu’il n’y a pas lieu de paniquer car la panique peut engendrer le pire.

Propos recueillis par

Amadou Sidibé

 

 

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