En marge de l’importante réunion d’Elouiwij (voir le 22 Septembre du jeudi 6 octobre), la communauté Imghad a choisi de soutenir la candidature du Dr. Akori Ag Ignan pour les prochaines élections législatives. Nous avons rencontré ce dernier, sur place, pour recueillir ses impressions.
22 Septembre : En marge de cette rencontre la communauté a décidé de vous soutenir pour les prochaines élections législatives. Quelles sont vos impressions ?
Dr. Akori Ag Ignan : Effectivement, nous sommes aujourd’hui à Elouiwij, environ 18 km du chef lieu de la commune d’Adiel Hoc pour cette importante rencontre qui regroupe plusieurs fractions, 15 environ, connues sous le nom Imghad. Je n’ai pas décidé seul de me présenter aux élections législatives, mais plutôt les membres de la communauté qui ont voulu choisir un porte-parole qui puisse exprimer mieux leurs aspirations, notamment de s’unir, devant les plus hautes instances de la nation malienne. Désormais, et c’est ce qui est le plus important, la communauté dans toute sa composition, fera toutes les campagnes politique dans la concertation. Pour revenir à votre question, c’est un sentiment de joie et de satisfaction qui m’anime actuellement. Ce n’est pas ma modeste personne qui importe le plus, mais plutôt l’avis général. Car, si un candidat est choisi et qu’il passe, c’est toute la communauté qui gagne. S’il ne passe pas, c’est aussi toute la communauté qui doit travailler ensemble pour que les choses aillent mieux.
22 septembre : La communauté Imghad vous a donc choisi comme porte-étendard pour les législatives à venir. Quel projet de société lui proposez-vous? Que comptez-vous faire pour elle, si vous êtes élu ?
Je place tout d’abord ce choix sous le signe de la cohésion sociale, de la paix, de la solidarité et de l’entente entre la les membres de la communauté Imghad ainsi que toutes les autres communautés de la région de Kidal. J’ai toujours été pragmatique et visionnaire dans ma démarche. Et mon programme reflète cela. La première des choses sur laquelle je travaillerai est le rétablissement de la justice et de l’équité sociale. Désormais, tout le monde sera traité sur le même pied d’égalité. C’est le problème majeur que nous avons dans la région de Kidal, en général, et dans le cercle de Tessalit, en particulier. Je donnerai, espoir et dignité à toutes les communautés. Le mandat d’un élu du peuple se résume essentiellement au vote des lois et au contrôle gouvernemental. Contrairement à ce à quoi nous assistons aujourd’hui, je me battrai pour que le cercle de Tessalit porte sa voix, qu’il fasse savoir à tous les Maliens si nous connaissons de problèmes ou encore s’il y a des actions de développement. Avec moi, nous ne resteront pas muet. Je crois que pour participer aux débats qui concernent notre cercle, il faut un cadre, il faut un élu qui soit capable de comprendre les textes. Bref il faut quelqu’un qui ait les capacités morales et intellectuelles. A Tessalit, c’est l’élevage qui domine l’activité économique. Je ferai donc en sorte que tous nos éleveurs aient de l’eau pour abreuver leurs troupeaux en multipliant des actions en faveur de l’hydraulique rurale. Je suis médecin et l’aspect santé ne restera pas en marge de mes préoccupations. J’y veille déjà et j’y veillerai encore plus afin que la couverture sanitaire soit à la hauteur des conditions nomades. Je vais impulser cette politique, car c’est aussi cela le rôle d’un député. Un autre point sur lequel je mettrai un accent particulier est l’éducation. Mon vœu est que tous les enfants de mon cercle aient la chance de s’instruire. Voici brièvement les grandes lignes sur lesquelles je travaillerai, si j’ai la confiance de tout le cercle, pour les législatives prochaines. Je voudrai aussi ajouter qu’avec moi, le dialogue sera permanent. Je serai aussi constamment auprès des populations pour leur expliquer les tenants et les aboutissants des différentes lois et textes.
22 Septembre : Justement, on critique très souvent les députés de la région de Kidal, et celui de Tessalit en particulier, d’être ailleurs qu’à l’hémicycle ou de s’occuper de leurs affaires que des problèmes qui touchent les communautés qui ont soutenu leurs candidatures…
Savez-vous, on peut être physiquement près des populations et ne rien faire pour elles. C’est le cas actuellement. Depuis l’avènement de la démocratie, on n’a jamais entendu, même par hasard, l’un des élus de la région de Kidal faire part des problèmes qui nous touchent. Dieu seul sait combien nous en avons. Je suis bien placé pour connaître nos problèmes et les faire parvenir à qui de droit. Pendant la campagne que je mènerai, je vais plus m’en imprégner et mettre en place une stratégie pour des solutions durables. Je dois aussi dire que la résolution des différents problèmes se fera en commun accord avec toutes les couches socioprofessionnelles du cercle de Tessalit.
22 Septembre : Actuellement, le cercle de Tessalit, comme tous les autres de la région de Kidal, enregistre des arrivées massives de nos concitoyens qui quittent la Libye. Certaines personnes craignent que les jeunes, qui en font partie, ne cèdent à des propositions qui le mèneront à créer un cycle de violence. Su ce sujet, quel appel lancez-vous ?
Je tiens à signaler que notre communauté, à maintes reprises, a réaffirmé son soutien aux actions de paix du Président de la République et du gouvernement du Mali. Je suis, depuis, 1990, le président du collectif des ressortissants de la région de Kidal. Nous avons ensuite successivement mis en place l’association des cadres, élus et ressortissants de la région de Kidal et le collectif des cadres de la région de Kidal dont j’assure la présidence. Notre communauté, avant le 23 mai 2006 et ses troubles, nous nous sommes démarqués et avons, une fois de plus, rassuré le Chef de l’Etat quant à notre accompagnement dans son travail. Notre message a toujours été constant. Nous avons des frères et sœurs qui reviennent de Libye, comme le Colonel Ewanzag. Il nous revient de les accueillir et de les insérer dans la vie sociale, avant que l’Etat ne prenne le relais. Nous sommes républicains dans l’âme et nous le restons. Le jour que nous cesserons de l’être, nous le dirons haut et fort. Pour le moment, et jusqu’à la fin de nos jours, je ne vois pas ce qui pourra nous écarter de cette voie républicaine. Depuis le début du conflit en Libye, nous nous évertuons à empêcher qu’il y ait des troubles. Je reconnais qu’il y a certaines personnes qui en font un fonds de commerce en diffusant des menaces ou des rumeurs. Nous nous dissocions de ce genre de personnes et nous critiquons de tels agissements. Je suis l’un des signataires de la Lettre ouverte pour la démocratie au Mali. Je ne vais pas, quand même, me retourner contre ce à quoi j’ai contribué. Je sais que les nombreux cadres du cercle de Tessalit sont dans cette logique et soutiennent avec la dernière vigueur le travail du Président de la République et du gouvernement. Quelque soit l’alternance.
Propos recueillis par Paul Mben