Dr Abdou Mallé, Secrétaire Général du Snesup : rn‘‘Il faut faire une enquête de moralité des hommes qu’on voudrait nommer à la tête des institutions …’’

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Depuis le 21 juillet 2007, l’assemblée générale du Syndicat national de l’enseignement supérieur a appelé ses militants à la rétention des notes des examens de fin d’année. Et cela jusqu’à la satisfaction totale de leurs revendications. Or, rien n’a bougé depuis le 15 septembre dernier, date de la dernière négociation entre le gouvernement et le Snesup.

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Pour en savoir davantage nous avons rencontré, mardi dernier à l’Ecole nationale d’ingénieurs, le Secrétaire général du Snesup, Dr Abdou Mallé. Dans l’entretien qui suit, il parle des raisons à la base de cette rétention des notes. 

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Quelques mois après la suspension de votre mot d’ordre de grève illimitée, quels sont les points de revendications qui ont été satisfaits et ceux qui n’ont pas fait l’objet d’accord? 

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Comme vous le savez, le Snesup avait lancé une grève illimitée à partir du 7 décembre 2006 à cause trois points de revendication suivants : 

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Premièrement, l’octroi d’indemnités de logement au personnel enseignant du supérieur et aux chercheurs. Deuxièmement, l’annulation des résultats de l’examen organisé par l’administrateur provisoire de la Fsje après le départ des enseignants en vacances, ce qui revient à organiser de nouveaux examens dans le strict respect de la déontologie de l’enseignement. Troisièmement, la satisfaction totale des points d’accords contenus dans le procès-verbal de la réunion de conciliation Gouvernement/Snesup du 18 juillet 2005.

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Parmi ces points de revendications, nous estimons que le premier point à savoir, l’octroi d’indemnités de logement, a été soulagé. Parce que le gouvernement a accordé la moitié de ce que le Snesup avait demandée. Sur le deuxième point, à la place de l’annulation des résultats, le gouvernement s’est engagé à renouveler la direction au niveau des deux facultés, à travers l’élection des doyens.

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Et depuis le 15 juin 2007, les doyens ont été élus. On peut dire que deux points sur trois ont eu satisfaction. C’est le troisième point  qui reste aujourd’hui d’actualité, à savoir: la satisfaction des anciens points  d’accord du 18 juillet 2005. Parmi ces points, il reste le décret réglementant les tâches liées aux examens.

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Au-delà de la grande grève, le Premier ministre sortant avait demandé au Snesup de signaler toutes les irrégularités administratives au niveau de l’enseignement supérieur. On a monté un dossier depuis le 2 avril mais qui n’est pas totalement épuisé, en plus du décret réglementant la tâche liée aux examens. C’est donc ce décret ainsi que la régularisation de la situation administrative des enseignants qui font l’objet de la rétention des notes de fin d’année au niveau de l’enseignement supérieur. Cette décision a été prise par l’assemblée générale du Snesup le 21 juillet 2007.  

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Avez-vous engagé des négociations avec le gouvernement depuis cette date?

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Il y a eu une série de négociations autour du décret réglementant les tâches liées aux examens. Les tâches liées aux examens se résument à la surveillance des examens de fin d’année, la correction des copies et le secrétariat de l’examen. Il y a des négociations là-dessus. On a rencontré le chef de département et le premier ministre sortant.

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 En ce qui concerne la correction, je pense qu’il y a un point de convergence. On a négocié le taux de la surveillance. C’est le secrétariat qui fait l’objet d’incompréhension entre nous. En ce qui concerne le secrétariat, on s’est inspiré de la pratique en la manière au secondaire pour demander au gouvernement de la généraliser sur tout le système.

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La dernière négociation a eu lieu le 15 septembre. Dès lors, il n’y a plus eu de contact. En tout cas, on a donné notre position depuis ce jour au recteur et au conseiller technique chargé de l’enseignement supérieur. Ils ont dit qu’ils ont compris et qu’ils vont rendre compte à qui de droit. Depuis le 30 juillet, le gouvernement savait notre position avec la fin des grandes négociations et à ce jour, rien n’a changé.

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Peut-on dire qu’il y a rupture de négociations ?  

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S’il y a, rupture, elle a été voulue par le gouvernement. Nous pensons qu’il ne doit y plus avoir de négociations parce que le taux demandé par le syndicat est déjà payé au secondaire. Pour nous, les négociations sont conclues depuis le 15 septembre. Les délégués du gouvernement ont fait savoir qu’ils vont rendre à qui de droit. Mais après, il n’y a plus de réaction de la part du gouvernement. Donc, la balle est dans son camp.

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Qu’envisagez-vous dès lors, en plus de la rétention des notes? Une autre grève? 

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Un préavis de grève est très bien possible dans la mesure où le gouvernement ne se manifeste pas. D’une manière ou d’une autre, la reprise n’est pas possible parce qu’on n’a pas bouclé l’année passée.

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Nous condamnons toute reprise de cours avant les délibérations et nous allons combattre quiconque tentera de le faire. Ce message doit être clair, parce que toute autre lecture risque de nous emballer dans les travers de la Fsje que nous venons à peine de régler. Et cela a pris trois ans au Snesup.

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Depuis 2004, nous étions en train de nous battre pour l’annulation des examens sans les professeurs. Cela suppose que nous ne voulons pas sacrifier la formation des étudiants. Il faut d’abord que les délibérations soient faites pour relancer l’année nouvelle. C’est la position claire du Snesup. Il n’est pas question de reprendre tant que la délibération n’est pas faite.

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Ne pensez-vous pas que vous faites de la surenchère concernant vos  revendications? 

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Non ! Essayons de voir du coté de nos revendications. Il y a des choses qui fâchent. Regardez, par exemple, la régularisation administrative des enseignants. Ce problème a commencé lorsque l’enseignement supérieur a eu son statut particulier en 1998. C’est après cela que nos dossiers ont été transférés du département de la Fonction publique au ministère de l’Education nationale. Depuis, les gens n’avancent plus normalement ou avancent avec des erreurs. Je prends par exemple le cas de l’Ecole nationale d’ingénieurs, il y avait plus de 15 irrégularités. C’est-à-dire qu’il y avait 15 personnes qui n’ont pu avancer normalement.

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Les gens qui sont recrutés pour traiter le dossier de l’avancement  des enseignants n’arrivent pas à faire ce boulot correctement. Pour moi, si le gouvernement avait pris ses responsabilités, on n’allait pas être là aujourd’hui. Ce n’est pas quelque chose de compliqué.  Ça se passe correctement à la Fonction publique où les fonctionnaires affilés avancent normalement. Mais, chez nous pourquoi ça pose problème ?

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Jusqu’à présent, l’avancement 2007 n’est pas sorti. Il y a aussi le problème de paiement des arriérés de 2005. C’est déplorable ! C’est des choses que le gouvernement pouvait éviter.

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Et avec la pléthore des effectifs. Comment un professeur peut corriger 3 000 copies correctement et gratuitement ? Si le gouvernement a accepté une  éducation de masse, je pense qu’il fallait prendre en compte tous les problèmes qui peuvent surgir. Les professeurs corrigent des milliers de copies. Je pense que c’est trop. Si c’était 100 copies par exemple, le problème ne se serait pas posé.

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C’est pourquoi nous avons demandé au gouvernement de payer la correction des copies d’examens. Dans les autres ordres d’enseignement, c’est une chose acquise, pourquoi pas au supérieur ? Ce n’est pas à mon avis un luxe. Notre souci, c’est le bon fonctionnement de l’enseignement supérieur. Un professeur ne peut pas enseigner et corriger les copies de 3000 étudiants sans être motivé.

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Pour lui permettre de corriger correctement les feuilles, nous avons alors demandé le payement des tâches liées aux examens. Nous n’allons jamais céder au chantage. Et nous allons toujours continuer notre lutte jusqu’à la satisfaction totale de nos revendications.

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 Il y va de l’avenir de la Nation, parce que l’enseignement supérieur est l’usine de compétences. Nous fabriquons  des produits finis, c”est-à-dire nous donnons  des diplômes qui doivent refléter un certain contenu. En tout cas, on attend du gouvernement la satisfaction de nos revendications pour que la reprise soit totale.

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Sans ça, il n’aura pas de reprise donc?

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Oui. Il n’aura pas de reprise.

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Même pas de résultat?

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C’est lié. Il ne peut pas avoir de reprise sans résultats. Si cela arrive, ça sera très grave pour le Mali. Nous n’allons pas nous prêter à ce jeu. Quelle sera l’image du Mali ! Cela voudrait dire que les étudiants passent sans passer d’examen. Alors, ce n’est pas comme ça. Nous n’allons jamais accepter cela.

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La Fmpos et la Fsje connaissent aujourd’hui des crises. Quelles sont les solutions que vous préconisez ?

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C’est une question d’ordre général. Pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement au niveau supérieur, il faut une adéquation entre le nombre de professeurs et d’étudiants. C’est l’inadéquation qui nous a amenés à revendiquer. Le gouvernement doit mettre les moyens. Au-delà, il faut former les professeurs, c”est-à-dire la  formation continue afin d’assurer la relève. Il y a dans le système beaucoup de détenteurs de Dea qui doivent passer leur doctorat.  Créer une intégration entre les universités de la sous région ?????

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La question est très vague. Nous pensons que le gouvernement doit s’assumer. De la résolution de ces problèmes dépendent la qualité de l’enseignement, l’avenir de l’école. Le Snesup continuera à se battre pour un enseignement de qualité. La preuve, le Snesup s’est impliqué pour l’organisation de bons examens à la Fsje. Nous sommes dans cette dynamique. Nous ne sommes pas d’accord avec ce qui se passe à la Fmpos.

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 Cette situation est due à une gestion solitaire de l’école. Cela ne marche pas en matière d’université. Il y a des organes avec lesquels le doyen doit travailler. On est en démocratie, la gestion solitaire  ne marche plus. 

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Il faut renforcer la formation des enseignants pour promouvoir la qualité de l’enseignement. Il faut développer la recherche. Enfin, il faut la bonne gouvernance. Ça veut dire quoi ? La crise à la Fsje n’avait pas sa raison d’être, parce qu’ils ont nommé à leur image des bandits. Voilà, pourquoi depuis 2004, il y a trois directions que nous avons renvoyées.

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Il faut faire une enquête de moralité des hommes qu’on voudrait nommer à la tête des institutions. Le Snesup avait aussi demandé au Premier ministre sortant de mettre en place un plan stratégique de développement de l’enseignement supérieur. Au niveau du rectorat, les travaux ont commencé au sein du Conseil de l’université. Tous les problèmes sont connus, le diagnostic est fait. Il s’agit de passer aux actes maintenant.

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Le gouvernement vous a fait des promesses non tenues ?   

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Il n’a pas pris ses responsabilités. Il n’a pas respecté ses engagements. Nous pensons qu’on ne peut pas nous tromper. La suite logique est que la machine va s’arrêter. Vouloir tromper les enseignants, c’est tromper la Nation. Ce qu’on leur demande, c’est de prendre leur responsabilité.

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  Votre dernier mot ?

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J’encourage et remercie nos militants. Je leur demande de rester très vigilants et de suivre le mot d’ordre. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités, sinon l’ouverture n’est pas possible.

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Entretien réalisé par Chiaka Doumbia

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