Le célèbre groupe de rap, reconnu pour ses dénonciations fracassantes, et son patriotisme à fleur de peau, sort d’une hibernation prolongée pour célébrer son 20ème anniversaire. Comme par enchantement en cette période marquée par une crise socio-politique sans précédent dans notre pays, Tata Pound écrase du coup l’actualité culturelle. Il a animé le premier de la série de concerts lundi 21 septembre dernier à Bamako. L’un de ses membres Adama Mamadou Diarra dit Djo Dama explique dans cette interview les raisons de ce come-back, les difficultés rencontrées, la révolution qu’ils ont apportée à ce genre musical et surtout leur posture d’alerte et de veille sur la bonne gouvernance, les bonnes meurts…
L’Essor : Après plus de dix ans d’absence de la scène musicale, vous revenez pour célébrer le 20ème anniversaire de la création de Tata Pound. Quelles sont vos motivations ?
Adama Mamadou Diarra dit Djo Dama : Les motivations sont connues. Cela fait bientôt une année que de nombreux Maliens et tous ceux qui ont l’esprit Tata Pound réclament notre retour. Beaucoup de fans n’arrêtent pas de nous demander de revenir sur la scène musicale. Donc c’est ainsi qu’une agence de communication dénommée la Comaf, a décidé de financer ce grand show pour le vingtième anniversaire de la création de notre groupe.
Le groupe a été créé en 1995. Mais, c’est la date de la sortie de notre premier album qui est l’an 2000 qui est considérée comme le début de la carrière professionnelle. Encore une fois c’est à la demande de la population que nous revenons pour cette célébration.
L’Essor : S’agit-il d’un nouveau départ pour relancer le groupe ? Voulez-vous faire juste un coup et repartir dans l’anonymat ?
Djo Dama : Je pense que ce sera « Tata Pound 2ème round ». Après ces différents concerts de Bamako et à l’intérieur du pays, car on nous réclame partout. Nous devrons également faire des spectacles à l’extérieur du pays. Tata Pound va continuer, sans doute, la mission qu’il avait commencée. Actuellement notre pays est dans une phase très critique de son existence.
L’Essor : Sur les affiches de ce 20ème anniversaire, vous n’êtes que deux à savoir Djo Dama et Ramsès Da Marifa. Entre vous il y a une silhouette marquée par un point d’interrogation qui remplace Dixon votre troisième artiste. Où est-il ? Pourquoi ne joue-t-il pas avec vous à ces célébrations ?
Djo Dama : Comme on pouvait le remarquer assez facilement Tata Pound, c’est trois personnes, mais une seule idéologie. Dixon est actuellement aux Etats-Unis. Ramsès et moi assurons ces spectacles. Il ne peut donc pas participer à ces célébrations. Nous avons 20 morceaux pour symboliser ces 20 ans. Sur chaque morceau, un rappeur malien remplace Dixon. Il s’agit de : King Massasy, Yéli Fuso, Master Soumi, Iba Ouane, Gaspi, Yalco, Calibre 27, etc…
L’Essor : Vous venez d’annoncer la participation de vingt rappeurs sur autant de titres pour ces célébrations. Quelle est la part de votre créativité ?
Djo Dama : Pour les vingt ans de Tata Pound, nous avons décidé de faire cette célébration uniquement avec les anciens morceaux. Après, nous ferons d’autres créations en fonction de l’évolution de la situation socio-politique du pays. Une situation qui bouillonne actuellement.
L’Essor : Ramsès Da Marifa s’est engagé au théâtre et dans la production, Djo Dama est devenu un exploitant agricole. Auriez-vous reçu des menaces pour vous contraindre à abandonner la musique ?
Djo Dama : Quand nous arrêtions la production en 2012, ce n’était pas à cause de menaces. Il y a eu beaucoup de menaces contre nous. Certains appelaient même nos parents pour les intimider. Pourtant nous n’avons jamais insulté quelqu’un, nous n’avons fait que critiquer leur manière de gérer nos communes, nos départements ministériels ou notre pays. Nous ne faisions jamais référence à la vie privée de quelqu’un.
C’est pourquoi on ne pouvait pas nous arrêter directement. Nos textes n’étaient pas écrits à la légère. Nous bénéficions de conseils d’avocats et de juristes bien avisés. Car nous savons qu’en démocratie, on ne peut pas se permettre de dire n’importe quoi. Tout ce que nous disions était des réalités et dans la limite de la loi. Mieux, notre éducation ne nous permet pas d’insulter les gens. Nous n’avons pas plié.
………LIRE LA SUITE SUR LESSOR.SITE