Dans l’entretien qui suit, notre confrère de l’ORTM, Djibril Traoré, non moins membre de la Commission Communication de la Confédération Africaine de Football (CAF) s’est prêté à nos questions. Il jette un regard rétrospectif sur les contre-performances réalisées par nos sélections Senior (Angola), Cadette (Rwanda) et Espoir (CHAN Soudan) lors des phases finales de leurs Coupes d’Afrique des Nations respectives. Lisez !
Le Prétoire : Quelle analyse faites-vous de la participation malienne au Chan Soudan 2011 ?
rnDjibril Traoré : Soyons clair ! Qu’on le veuille ou pas, c’est un échec. Maintenant, en ce qui concerne les commentaires, c’est vraiment autre chose. Ce qui est sûr, avant son déplacement, cette équipe ne donnait aucun signe qui présageait qu’elle allait réussir un grand tournoi. Cet échec n’est pas une surprise, même pour ceux qui ne s’intéressent pas au football.
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rn Comment expliquez-vous cette succession d’échecs avec les Aigles à la CAN 2010 en Angola, la CAN des Cadets au Rwanda et maintenant le CHAN avec les Espoirs au Soudan ?
rnEn fait ce sont des échecs préparés et peut être attendus. C’est vraiment mon point de vue. Tous les observateurs ont vu ce qui s’est passé même avant que l’équipe n’aille en Angola. C’est le problème de voyage qui s’est posé dans un premier temps et ensuite le problème de préparation. Il y avait trop de problèmes autour de l’équipe et au niveau du management. Les dirigeants de la Fédération et ceux du Ministère ne s’entendaient pas. Ça a même claché en Angola et donc, on ne pouvait pas s’attendre à mieux que le résultat qu’on a fait. Personnellement, je pensais qu’avec cet échec, les dirigeants allaient faire le bilan et essayer de voir ce qui n’a pas marché pour préparer les futures échéances. Malheureusement, cela n’a pas été le cas, à mon avis.
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rnPour ce qui est de l’échec des cadets au Rwanda, c’est une équipe qui a donné beaucoup d’espoir aux uns et aux autres, mais personnellement, je ne me suis pas prononcé. Les Maliens ne regardent que leur équipe et ses individualités pour porter un jugement hâtif. Moi, je dis que le football dépend de beaucoup de facteurs. Il faut tenir compte de l’environnement, de l’ambiance, de la préparation physique, mentale et aussi morale. Il faut aussi aller superviser les autres équipes parce que, les Maliens se fondent uniquement sur leur équipe pour dire qu’on va remporter la coupe. Ils ignorent comment les autres équipes se sont préparées. Je dis qu’il est temps d’arrêter et de chercher la plaie.
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rnPour ce qui concerne l’échec de Soudan, c’est dommage, on ne parle que d’échecs. Pour le Soudan, on le savait. L’équipe ne s’est même pas préparée. L’entraîneur a été choisi à la dernière minute. Ceux qui étaient là ont été virés. Est-ce que le nouvel entraîneur connaissait même profondément les joueurs ? Je ne sais pas. Dix jours de préparation, cela ne suffit pas pour une équipe nationale qui doit aller se battre et remporter des victoires. Donc, c’est partant de ces constats que je parle d’échecs préparés. En quelque sorte, c’est comme si on jetait les garçons et leur encadreur en pâture. C’est vraiment mon point de vue. Ceci dit, tous ces échecs ont un autre fondement. Le football malien des 30 et 40 dernières années a connu beaucoup de problèmes. Il y a eu beaucoup de trahisons, les uns et les autres ne s’aiment pas ; des dirigeants qui ne parlent pas le même langage. On enlève certains, on met d’autres. Les mécontents sont plus nombreux que ceux qui sont vraiment heureux. Donc, les gens ne soufflent pas dans la même direction. Or, au Mali, il y a une culture et une tradition mais aussi, une religion. Les gens mécontents, en priant ne font que maudire l’équipe nationale et la Fédération. Qu’est-ce qu’il faut faire pour palier cette situation ? Je pense qu’il est temps qu’on fasse une grande Assemblée autour du football pour essayer de réunir tout le monde afin qu’on se présente des excuses. Qu’on regarde dans la même direction, et qu’on mette les gens qu’il faut à la place qu’il faut, et qui connaissent véritablement le football. Qu’on arrive à choisir les vrais dirigeants capables de diriger le football pour que ça passe. Tant qu’on ne fera pas ça et tant que les dirigeants qui sont là-bas pensent qu’ils ont été choisis parce qu’ils sont les meilleurs, ça ne marchera jamais. Il faut faire un regroupement positif autour des équipes nationales et autour du football d’une manière générale, et bannir cette histoire de clans, parce que même au niveau du bureau fédéral, il y a des clans. Il y a des gens qui ne parlent pas le même langage. Dans l’histoire de notre football, quand est-ce qu’on a vu des dirigeants se boxer ? Des dirigeants de la Fédération se boxer dans la loge officielle. Ça veut tout simplement dire qu’il y a des malaises autour de notre football ? Donc, il est grand temps que les plus hautes autorités de notre pays, qui mettent beaucoup d’argent dans ce football, se retournent en arrière pour trouver la solution. Parce qu’il ne suffit pas seulement de mettre de l’argent, il faudra aussi de l’organisation. Il faut avoir un œil pour essayer de corriger les erreurs, les injustices et les mésententes.
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rnMory Goïta avait été viré pour insuffisance de résultats après le tournoi de l’UEMOA. Amadou Pathé Diallo, qui l’a remplacé et qui prépare les J.O de 2012, vient lui aussi de réaliser une contre-performance au CHAN. Quelle solution préconisez-vous ?
rnSi la solution n’est pas vite trouvée, ce sera le même résultat. Même si on arrive à éliminer la Guinée, le chemin sera toujours parsemé d’embûches. Ce n’est pas parce que les individualités qui sont dans cette équipe ne sont pas performantes. Mais, est-ce que Amadou Pathé a eu le temps nécessaire de travailler ? Il avait choisi ses adjoints dont on n’a pas voulu. On lui a donc imposé d’autres adjoints. Est-ce qu’ils s’entendent? Est-ce qu’il connaissait bien les adjoints que la Fédération lui a imposés ? Ce sont des problèmes qui sont à revoir. C’est vrai que nos techniciens manquent souvent de personnalité et de poigne. Moi, je choisis un adjoint, on me refuse cet adjoint ; mais alors, je n’amène pas l’équipe. C’est aussi simple que cela. Il faudrait qu’on me laisse choisir un autre adjoint à ma convenance. Si je veux, je l’accepte ; si je ne veux pas je démissionne. Un garçon comme Amadou Pathé a son avenir devant lui, pas derrière lui, en tout cas dans l’encadrement. Solution ? Vous me posez là une question très difficile. Je n’en vois pas dans l’immédiat.
rnPropos recueillis par Mamadou Diallo «Mass»
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