Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le directeur général de l’Autorité routière, Baba Moulaye Haïdara, nous parle des missions de cette structure surtout dans le cadre de l’entretien routier. Actualité oblige, nous avons évoqué avec lui les 4 ans d’IBK à Koulouba et il donne également son avis sur l’organisation de la soirée « IBK ni Tché» ou merci IBK. Une soirée, au cours de laquelle, les grandes réalisations du président ont été présentées lors d’un diner diffusé le lendemain à la Télévision nationale, Ortm.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Baba Moulaye Haïdara : Je suis Baba Moulaye Haidara, directeur général de l’Autorité routière depuis 2015.
Au-delà de la gestion des fonds, votre structure a-t-elle d’autres missions ?
Merci de m’avoir donné l’occasion d’expliquer à vos lecteurs les missions de l’Autorité routière. Nous sommes chargés de la gestion des fonds destinés à l’entretien routier, il faut comprendre que nous sommes chargés de l’administration des fonds destinés à l’entretien routier. L’administration de ces fonds suppose la collecte auprès de qui de droit, la mise à disposition auprès des services chargés de l’exécution physique des travaux d’entretien routier. Nous veillons aussi sur l’utilisation rationnelle et rigoureuse desdits fonds qui nous viennent des usagers de manière directe et indirecte sous le couvert de l’Etat. Sans oublier que nous sommes une structure qui relève du ministère de l’Equipement et du désenclavement.
Quand on parle de l’Autorité routière, tout le monde pense au péage et au pesage, alors que ces fonds que nous appelons redevance péage représentent à peine 10% des fonds destinés à l’entretien routier. Il faut rappeler qu’au niveau de ces postes de péage, chaque véhicule qui passe sur les 24 heures paye soit 500 Fcfa, soit 1000 Fcfa ou 3500 Fcfa… Au niveau des postes de péage et pesage, nous avons des appareils qu’on appelle les pèses-essieux qui nous permettent de savoir le tonnage des gros porteurs.
Je vous informe que nous récoltons jusqu’à 3 milliards Fcfa par an au titre de la redevance péage. Et la redevance péage n’est autre que le montant que vous payez pour le service que la route vous rend. La deuxième source de revenus, la plus importante, c’est la redevance sur les hydrocarbures car l’état cède 35 Fcfa sur chaque litre d’hydrocarbure utilisé sur nos réseaux routiers. A ce jour, nous sommes aux alentours de 30 milliards Fcfa et un peu plus par rapport à cette redevance sur les hydrocarbures, particulièrement le gasoil et l’essence super. Nous avons une autre source de revenus qui est la subvention que l’Etat nous accorde. Depuis 2 ans, elle est de 400 millions Fcfa par an. Ce montant provient du Budget spécial d’investissement qu’on appelle le BSI et en dernière position nous avons des fonds que nous récoltons à partir des pénalités de surcharge et notre souhait c’est de voir ces pénalités disparaitre pour ne pas voir les routes souffrir des poids qu’elles ne sont en mesure de supporter.
S’il y a un élément important qu’il faut retenir, c’est qu’avant l’arrivée du président IBK, le budget global de l’Autorité routière (fonctionnement, entretien routier) s’élevait à 14 voire 18 milliards de Fcfa au maximum. En 2015-2016, nous avons atteint 56 milliards Fcfa. S’agissant de la période 2016-2017, nous sommes allés au-delà de 68 milliards Fcfa. Cela s’explique par le fait qu’on avait donné la possibilité à l’Autorité routière de lever des fonds auprès des banques commerciales de la place pour nous permettre de payer à temps les entreprises et être exigeant quant à la qualité des travaux.
Une fois que nous réunissons ces différents fonds cités ci-haut, nous les mettons à la disposition de la Direction nationale des routes avec laquelle nous établissons une convention, sous la signature de notre ministère de tutelle, du directeur national des routes et de moi-même. Cette convention, à bien des termes, nous permet de mettre les moyens à la disposition du maitre d’ouvrage, à savoir la Direction nationale des routes et elle, à son tour, délègue son rôle à l’Ageroute qui lance les marchés, reçoit les offres et fait le tri. Une fois l’Ageroute aura choisi les entreprises chargées du travail d’entretien par rapport au linéaire à entretenir, c’est en ce moment que nous mettons les fonds à leur disposition, au fur à mesure.
Quant à l’évaluation du linéaire ou du kilométrage à entretenir, il faut rappeler que, chaque année, le ministère de l’Equipement et du désenclavement organise la réunion annuelle des routes. C’est au cours de cette réunion que la Direction nationale des routes évalue sur l’ensemble du territoire national les routes qui ont besoin d’être entretenues, qu’elles soient des routes bitumées ou en terre.
A cet effet, il y a deux types d’entretien. Ce qu’on appelle entretien courant que vous voyez tous les jours et l’entretien périodique qui se fait sur une période bien donnée. C’est sur la base de cette évaluation que le besoin est connu et nous nous mettons à la recherche de l’argent. Pour me résumer, notre mission principale c’est de réunir les ressources nécessaires pour garder les routes en bon état tout le temps, faire en sorte que nos engins soient en bon état, que les usagers roulent à l’aise, éviter le moins d’accidents, faciliter la circulation sachant bien que nous sommes un pays de l’Hinterland. Ce qui fait que tout nous vient de l’extérieur. De part cette position géographique, la route représente tout pour nous. Il m’arrive souvent de dire que la route, pour le Mali, représente le vaisseau pour l’organisme d’un Homme.
Monsieur le Directeur, malgré la hausse du budget de l’Autorité routière, nous constatons que l’état des routes ne cesse de se dégrader surtout celles de Kayes, Gao… Y-a-t-il un problème de fonds ou c’est un problème de coordination entre les différents services techniques chargés de l’entretien routier ?
Il n’y a pas un problème de coordination, mais c’est un problème de moyen. C’est vrai que les fonds ont augmenté, mais ils ne sont pas toujours suffisants. Vous allez reconnaitre avec moi qu’il y a des vielles routes au Mali qui datent souvent de l’indépendance. Le cas de la route de Kayes que vous venez d’évoquer s’explique par le fait que depuis les événements de la Côte d’Ivoire, c’est la route la plus fréquentée au Mali avec 60 à 70 % du trafic des marchandises qui passe sur ce tronçon. C’est le poids qui blesse la route car la route, tout comme l’homme, suit un processus. A savoir, après sa naissance, elle vieillit, elle tombe aussi malade. Imaginez un territoire vaste comme le Mali avec plus d’un million km, vous avez des dizaines de milliers de km, le besoin est énorme. En plus de cela, il y a des enjeux politiques, la demande sociale est très forte. Ce qui suppose qu’on doit satisfaire tout le monde. Je vais vous dire une chose, depuis que moi je suis là, il n’y a jamais eu entretiens périodiques. Si on avait procédé à ces entretiens, cela aurait évité la dégradation de plusieurs routes et nous permettre en même temps de nous fixer sur certains tronçons que nous appelons les tronçons essentiels.
En ce qui concerne toujours la route de Kayes, sachez qu’elle fait partie des priorités du président de la République Ibrahim Boubacar Kéita et du ministre de l’Equipement et du désenclavement. Ils ne cessent d’en parler et nous y travaillons, les moyens sont en train d’être mobilisés, d’ailleurs des travaux ont été réalisés l’an dernier sur cette route. Mais c’est insignifiant car la route est assez vielle et dégradée. Ce qui fait qu’à un certain niveau on ne peut même pas parler d’entretien courant ou périodique. Certaines parties méritent d’être réhabilitées. Donc les moyens dont nous disposons, si nous les mettons tous sur une route, nous allons négliger beaucoup d’autres routes, alors que nous avons des routes appelées routes prioritaires ou vitales, notamment celles qui nous donnent accès aux services sociaux de base tels que les hôpitaux, les écoles, les Cscom, les villages aux différentes villes.
En tout cas, aujourd’hui c’est un problème de moyen. Mais sachez que nous ne dormons pas. Nous avons envie de faire toutes les routes. C’est vrai que les moyens ne sont pas suffisants, mais je vous garantis que le président de la République, dans sa volonté de développer ce pays, pour le bonheur des Maliens, est en train de se battre pour faire ces routes-là. Vous avez aussi parlé de la route de Gao-Sévaré. Ce n’est plus une route, elle mérite d’être refaite. Ne soyez pas surpris dans les jours ou même dans les heures à venir de voir les travaux commencer au niveau de ces différents tronçons dont la réhabilitation et la réparation nous empêchent le sommeil.
Sur un tout autre plan, qu’est-ce que vous pensez des quatre ans d’IBK à Koulouba ?
Les quatre d’IBK sont globalement positifs. Parce que quand le président IBK venait aux affaires vous étiez là. Tout le monde savait dans quelles conditions le pays était. Un pays pratiquement en lambeaux. Les gens ne cherchaient même plus à manger mais à vivre, à se sécuriser. A l’époque, les bandits que certains appellent terroristes avaient occupé les 2/3 du pays et étaient en train de monter vers le sud du pays à partir du nord. Il y avait une insécurité grandissante, les criminalités avec les viols, les vols de voitures, la disparition des services sociaux de base dans certains endroits du pays. C’est dans ce contexte en 2013 que le président IBK a été plébiscité.
A son arrivée, il fallait régler tous ces problèmes. C’est pourquoi, on l’appelait l’homme de la situation. De quelle situation s’agissait-il ? Un pays à terre avec une insécurité grandissante… Donc il fallait ramener la paix, sécuriser les populations, les nourrir, assurer les services sanitaires, l’énergie, l’école, tout comme l’industrie…Et lors de la soirée de « IBK ni tché », j’ai suivi une projection, qui rappelait que le PIB était un moment négatif, il a fait face à tous ces problèmes avec les personnes de bonne volonté, sa famille politique, ses alliés pour faire en sorte que le pays se redresse et puisse avoir une économie digne dans la sous-région.
Le président IBK avait dit dans une de ses déclarations qu’il va remettre aux Maliens leur dignité car personne n’est digne lorsqu’il n’est pas économiquement indépendant. Paix, sécurité, développement économique, sont les trois leitmotivs du président IBK. Aujourd’hui les signes sont là, le pays est redressé économiquement, le PIB l’atteste, tout comme les notes des institutions financières comme le Fmi et la Banque mondiale. Pour qui connait ce pays avant l’arrivée d’IBK et voit aujourd’hui que les chiffres sont au vert, cela est à saluer et c’est grâce aux différents initiatives prises par le président IBK, que nous sommes aujourd’hui la troisième économie de l’Uemoa. Aucune vérité n’est absolue, mais on peut parler d’un bien-être relatif.
Il faut admettre que des efforts énormes ont été faits. Ces efforts sont le fruit d’un grand sacrifice. Mais ça ne m’amène pas à perdre de vue la vérité. Quelqu’un à l’habitude de dire, « quand vous donnez tout le paradis du monde à l’homme sur terre, il va rêver d’aller au ciel ». Et notre souci, c’est de pouvoir répondre aux besoins des Maliens. C’est la principale préoccupation du président IBK et nous nous sommes engagés avec lui dans cette bataille, le progrès que nous sommes en train d’engranger nous permet de croire que le bilan des 4 ans du président de la République est positif.
Cependant, il peut encore mieux faire, mais faudrait-il que l’environnement socioéconomique lui permette cela. Ça veut dire qu’on doit l’aider à ramener la paix, elle est en train de venir. L’accord d’Alger a été signé, c’est un accord de paix, mais il faut aller à la paix. Cela suppose l’application des clauses de l’Accord. Une fois ces clauses respectées, nous aurons la stabilité. Il faut que nous fassions la différence entre la paix définitive et l’accord de paix.
Vous savez, aussi sur le plan économique, en termes de coton nous pouvons récupérer notre première place, de céréales on parle de millions de tonnes. En matière d’énergie, il y a des avancées énormes avec des branchements sociaux et le compteur de robinet est à 30 000 Fcfa. Ces genres de branchement ont eu lieu à Sikasso, Kayes. Même ici à Bamako, elle aura lieu…L’autre chose qui est importante, c’est que le président IBK est un enseignant, c’est un professeur donc il ne peut pas ne pas se soucier de l’école, du devenir des enfants. C’est vrai qu’on parle de la fermeture des classes dans certaines localités du centre du pays, je peux vous rassurer, le connaissant très bien, ce n’est pas que je suis avec lui tous les jours, je l’ai pratiqué autrement, je sais qu’il a souci des enfants, il a souci de l’éducation des Maliens, il a souci de leur culture. Il a souci de leur formation et de leur promotion tant sur le plan national que sur le plan international. Donc, en un mot, les 4 ans d’IBK à Koulouba sont positifs, mais qu’on peut encore à mieux faire. Mais à condition qu’il soit aidé. C’est pourquoi, je profite de cette tribune pour inviter mes compatriotes à aider cet homme de bonne foi, de bonne volonté, qui ne cherche rien d’autre que le devenir et le bonheur du Mali.
Vous venez dire que vous avez pris à la soirée « IBK ni tché » ou merci IBK que pensez-vous de telle initiative ?
C’est une initiative à saluer et à encourager parce que les organisateurs ont souci de parler aux populations et leur montrer ce que cet homme d’Etat est en train de faire. Ils ont souci aussi de communiquer sur les réalisations du président de la République, au profit des populations qui ne sont pas souvent informés ou sont mal informés. Je pense qu’il faut multiplier de telles initiatives et même à travers les langues maternelles.
Votre mot de la fin ?
Je suis Malien, je suis un musulman. Et mon premier mot de la fin, c’est une prière pour que la solidarité qui est la plus vielle de nos richesses nous revienne sur toutes ses formes. Qu’on apprenne à se comprendre entre nous-mêmes. Il est important qu’on comprenne également que nous sommes un pays démocratique géré par une majorité et avec la présence d’une opposition. Cette opposition a les mêmes droits que la majorité quand bien même qu’elle ne gère pas le pouvoir, mais qu’elle fasse des critiques constructives, objectives. Parce que la bataille de la construction du pays, c’est au profit de tous les Maliens sans exclusion. Donc majorité et opposition doivent aider ce pays.
Toujours comme mot de la fin, le Dg de l’Autorité Routière que je suis invite les usagers à respecter la route, à éviter l’extrême surcharge. La surcharge est d’abord une infraction, elle détruit les engins et la route. Qu’ils comprennent que la redevance qu’ils payent au poste de péage, ça ne va pas dans la poche du Directeur ou des travailleurs, c’est uniquement pour fermer ces trous-là qu’on appelle nids de poule. Que les Maliens comprennent que quand on fera de bonnes routes, on aura atteint 50% des objectifs de notre développement économique.
Kassoum THERA