Sous un soleil de plomb avec une canicule indescriptible où l’EDM devient clignotant en ce moment de fort besoin d’énergie que l’infatigable syndicaliste M Issaga Traoré, nous reçoit chez lui à Faladjé sema 80 logement pour un entretien sur son parcours syndicalisme au sein de l’UNTM à l’occasion de la fête du travail. Au cours de cet entretien de plus deux heures d’horloge, le doyen Traoré de 78 ans, nous explique comment ses camarades et lui ont pu militer sous un régime militaire et dictatorial du Général Moussa Traoré en se dévouant pour le bien-être des travailleurs du Mali et qui a abouti sur des projets et reformes.
M Issaga Traoré, instituteur de formation né vers 1941 se verra très tôt se convertir à un véritable syndicaliste. « J’ai toujours été convaincu de la nécessité pour les salariés du Mali de se syndiquer afin de maintenir un équilibre dans la relation entre l’employeur et le salarié, explique-t-il. » En tant que syndicaliste son but était de suivre des formations des hautes études de défense nationale des travailleurs en Bulgarie, R-D Allemagne , Canada, USA, France…Après un parcours très riche au Mali , il a été titulaire de mandats syndicaux au niveau de Lomé ( TOGO) étant secrétaire sous régionale de l’international des services publics pour l’Afrique francophone de 1998 à 2004.
« C’est à partir de 1980, j’ai commencé à mener des activités syndicales d’abord comme Secrétaire Général section 4 du district de Bamako, ensuite en 1985, j’adhère le bureau exécutif national du Syndicat Nationale de l’Education et la Culture (SNEC) et toujours à la même année secrétaire de l’éducation à l’UNTM. De 1985 à 1990, je deviens secrétaire général adjoint du SNEC peu après la perte brutale du camarade SG que je deviendrai SG par intérim de 1990 à 1992, vous comprendriez qu’a son temps la liberté syndicale n’était pas suffisamment appliquée à la lettre c’était une question de vie ou de mort comme les militaires… J’ai découvert en ce moment que mon engagement syndical n’était pas un frein mais un atout » Nous explique M Issaga Traoré
Missions et acquis syndicalisme….
En abordant leurs missions à leur époque, le syndicaliste Issaga nous fait savoir que leur première mission était la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs, combattre des mutations arbitraires et valoriser la fonction enseignante qui a abouti au statut particulier des enseignants. « Avec notre engagement syndical à travers le monde, nous avions pu faire des formations à nos collègues avec la coopération des Suisses pour les permettre d’avoir une innovation pédagogique et qui continue jusqu’à présent. Nous avions pu trouver des projets de formation syndicale pour nos camarades c’était le plus important » Nous relate M Issaga.
Sur le plan professionnel et syndicale, M Issaga et camarades faisaient tout pour aider les camarades en déstresse et ce que les ont permit avec des partenaires au niveau SNEC de créer des coopératives de consommation car certains camarades qui étaient dans des zones inaccessibles dans les régions du Nord qui percevaient leurs salaires en retard, il fallait les mettre à l’abri du besoin. Et la Mutuel de l’Education et de la Culture (MUTEC) verra aussi le jour cela pour permettre aux enseignants à la retraite d’amorcer certains problèmes en ayant des sommes de 200 000 à 300 000 FCFA et aussi le centre de santé MUTEC verra le jour situé derrière la BECEAO , l’ancien Président Alpha Oumar Konaré fut le président de la MUTEC Santé .
Au niveau du central syndicat UNTM, c’était la formation au syndicalisme et ce qui nous a permis de parcourir tout le Mali à former les travailleurs et sensibiliser, explique-t-il le syndicaliste Issaga. Ajout ’il que l’UNTM a aussi organisé une grande rencontre pour discuter de la situation politique au Mali les 28 au 29 Mai 1990 et au cours de cette rencontre, l’UNTM a demandé pour la première fois au régime de Moussa Traore la fin du parti unique et l’instauration du multipartisme. Et c’est après cinq mois que CNID Association verra le jour un 18 octobre 1990 suivi de l’ADEMA Association le 25 octobre 1990.
L’UNTM a-t-il joué un rôle politique dans les évènements de 1990
Notre hôte du jour sur cette question, il dira qu’il serait très bref car pour lui, la dernière action remonte au 22 mars 1991. Il s’agissait d’une rencontre convoquée par feu le ministre de l’Education Nationale Bakary Traoré. Pour notre syndicaliste : « j’étais accompagné par mes camarades Ahmed Sidibé, Feu Boubocar Amadoum Kebe mais la rencontre n’a pas eu lieu parce que Bamako était sous feu et le Ministre du Sport n’a pas pu faire le déplacement à la réunion qui a été reportée. Le but de la réunion du SNEC était de demander aux collègues enseignants d’Europe et d’Amérique de ne pas recevoir les enfants maliens…Et ce fut le cas car il y avait cette solidarité syndicale et cela a fait un grand choc au niveau du Mali …» Ajout ’il que ce jour-là, qu’allant au ministère pour la réunion, ils ont vu des élèves qui ont été assassiné par les forces de l’ordre de sécurité et défense malienne vers Bar-Mali. C’est ainsi que ses camarades Ahmed Sidibé, Ali Niang et feu Boubacar Amadoum Kebe ont passé toute la nuit à rédiger une déclaration au nom du SNEC et que j’ai signé en tant SG par intérim à 6h30mn du 23 mars 1991. Dans cette déclaration la plus essentielle était ‘’la démission du gouvernement et la dissolution de l’Assemblé Nationale ‘’ C’est une première, les syndicats s’invitaient dans la politique au grand public.
Toujours avec le doyen Issaga Traoré, il nous dira que vers 10h, l’UNTM a convoqué une réunion extraordinaire au cours de laquelle, l’UNTM décréta une grève illimitée jusqu’à la chute du régime Moussa Traoré. Juste après la déclaration de l’UNTM, les associations politiques et mouvements des étudiants rejoignent l’UNTM pour mettre en place une coordination des mouvements des acteurs démocratiques dirigés par le feu camarade Bakary Karembe SG UNTM. A notre grande surprise certains compagnons du mouvement démocratique ont tous mis en œuvre pour affaiblir le syndicalisme. Avant de clore cette parenthèse de la politique au syndicalisme, M Issaga Traoré avec fierté se réjouit de dire que la création des partis politiques doivent leurs salut à l’UNTM. Fulmine en disant au lieu de remercier ils ont cherché à nous combattre et affaiblir le mouvement syndicaliste surtout le parti ADEMA/PAJS.
Regret d’être syndicaliste….
« Nous n’avions pas de regret pour tous ceux que nous avions fait pour les travailleurs du Mali, le regret doit venir des partis politiques. En réalité, il n’y a pas de partis politiques au Mali, nous avons plus tôt des ONG … Je pense le Parti SADI peut être le seul au Mali. A mon humble avis j’ai servi honnêtement le mouvement syndicaliste au Mali et à l’internationale. » Nous explique notre interlocuteur.
Perplexe d’un côté en baissant sa tête, il dira ceci : « si j’ai un regret c’est de voir dans quel état se trouve le mouvement syndical malien aujourd’hui, des travailleurs divisés face aux vrais problèmes confrontés par-ci et par-là. Cela est un danger pour eux et pour l’Etat car cette division mène à une anarchie. C’est vrai que chaque génération a ses réalités mais il faut qu’ils sachent on peut rien gagner dans la division. Le grand problème est que les membres du bureau exécutif de l’UNTM sont de grands intellectuels mais sans formation syndicaliste, ils doivent chercher à se former syndicalement pour pouvoir bien mener leurs combats. Ils ont toujours la chance d’avoir Ahmed Sidibé qui assiste le SG M Yacouba Katilé, ils peuvent en profiter d’avantage. Ils doivent aussi privilégier le dialogue social dans la lutte avec le gouvernement pour qu’ensemble chaque côté soit satisfait. A en croire, le syndicaliste, c’est le SYNAPRO à sa connaissance qui prône le dialogue social entre ses militants et avec des programmes d’éducation et de formation…
Entretien réalisé par
BOKOUM Abdoul Momini/Maliweb.net
Il appartient à chaque génération de s’assumer au lieu de regarder en arrière en accusant le passé, tout au moins son héritage. En se mettant bien en tête la pensée fulgurante de ce poète: “Notre héritage n’est précédé d’ aucun testament.”
Oui, bien comprendre en effet, qu’il s’agit de ne pas attendre de prendre l’héritage des parents (le testament qu’ils vont vous léguer bêtement), qu’on vous le donne, mais de créer sa propre œuvre avec ses propres moyens.
Que tes parents aient réussi ou pas, c’est à toi de réussir ta vie, au lieu d’attendre passivement leur héritage, le testament qu’ils vont te léguer.
Vous n’avez rien réussi quand vous étiez plus jeune, arrêtez de nous tympaniser avec des regrets imaginaires. Qu’est ce que vous avez pu faire à votre temps qui ne soit pas possible aujourd’hui? Si nous sommes dans cette merde aujourd’hui, c’est parce que ça a commence depuis votre temps. Il est grand temps qu’on arrête de se foutre de nous!
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