« Le développement de l’audit interne au sein des entreprises et entités permettra au Mali d’être au rendez-vous du 21e siècle », dixit Almoustaph Diatigui Diarra

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Passionné d’Audit interne, Almoustaph Diatigui Diarra est diplômé de l’université de Bordeaux et du Conservatoire National des Arts et Métiers d’Aquitaine. Il est titulaire entre autre, d’un master 2 Direction Financière Contrôle de Gestion et Audit Interne, d’un master 2 Comptabilité Contrôle Audit, du Diplôme de responsable Comptable et du diplôme Universitaire d’Expertise Judiciaire.

Après son cursus universitaire, il intègre un cabinet régional Bordelais en France « Lagardère audit et Conseil » avant de rejoindre le pôle audit du cabinet d’expertise comptable et de commissariat aux comptes « Audial Expertise & Conseil » pendant une dizaine d’année pour créer par la suite à Bordeaux, Dakar et à Bamako son propre cabinet d’audit C.AU.S.O Expertise & Conseil.

Il intervient essentiellement dans les domaines de l’Audit et du contrôle interne, du management de risques, de la gestion de projet, du suivi et de l’évaluation de projet et pilotage d’organisation.

Monsieur Diarra est membre de l’IFACI (Institut Français des Auditeurs et Contrôleurs Interne), c’est dans ce cadre qu’il travaille régulièrement avec l’ACIAM (Association des Contrôleurs, Inspecteurs et Auditeurs du Mali) pour assurer la promotion de l’audit interne.

Depuis quelques années, Almoustaph Diatigui Diarra anime des séminaires internationaux sur la pratique de l’audit interne et la méthodologie de l’audit opérationnel au Mali, au Sénégal et en France, trois pays dont il détient d’ailleurs les passeports.

Cette année, il a animé le séminaire de Bamako du 10 au 12 août 2016 dans la salle de conférence de GDAM consulting suivi d’une conférence débat à l’hôtel BOUNA au cours de laquelle monsieur Diarra a pu réunir ce qu’il appelle « les acteurs légitimes de la place » autrement dit, les praticiens de l’audit interne, les pouvoirs publics et les représentants de la société civile. Le thème choisi de la conférence était « La gouvernance à l’épreuve des enjeux économiques et des exigences démocratiques au Mali ». La gouvernance d’entreprise étant l’une des trois constituantes de l’audit interne, pour Almoustaph Diatigui Diarra, il était intéressant pour couronner ce séminaire, de faire un parallèle entre gouvernance d’entreprise et bonne gouvernance étatique au Mali.  C’est dans les coulisses de cette conférence, que nous avons rencontré Diarra et que nous avons pu lui poser quelques questions concernant l’audit interne.

Le Débat : Qu’est ce que l’audit interne ?

Almoustaph Diatigui Diarra : Pour faire simple, je dirai que l’audit interne est un ensemble de diligences mises en œuvre par un professionnel indépendant qui évalue de façon objective les pratiques d’une organisation ainsi que les risques qui peuvent faire obstacle à l’atteinte de ses objectifs stratégiques (pris par les instances dirigeantes), de ses objectifs opérationnels (l’adéquation des ressources avec ces objectifs en terme d’effectif et de matériel), de ses objectifs reporting (la sincérité et la vraisemblance des états financiers) et de ses objectifs de conformité (respects des lois et règlements en vigueur). L’auditeur interne rapproche ainsi l’existant au sein de cette organisation à un référentiel (de bonnes pratiques), fait des préconisations, met en place un dispositif de contrôle interne et assure le suivi de la bonne application des ces préconisations.

Autrement dit, l’auditeur interne est le médecin généraliste des personnes morales. Il les ausculte (par une évaluation systématique et méthodique de ses processus de management de risque, de contrôle et de gouvernement d’entreprise) ; il leur prescrit des médicaments (préconisation et mise en place de diapositive de contrôle interne) et s’assure de leur prompt rétablissement (par un suivi via un plan d’action).

Si vous connaissez un jeune qui a une vocation de devenir médecin et pour une raison ou une autre ne réussi pas à intégrer une faculté de médecine, il faudra peut-être penser à l’orienter vers la médecine des organisations.

Quelles sont les structures concernées par l’audit interne ?

Toutes les structures sont concernées par l’audit interne. Les entreprises privées y font recours pour obtenir le degré de maitrise de leurs activités, augmenter leur performance afin de créer de la valeur ajoutée. Les structures à but non lucratif (associations, fondations, ONG, collectivités territoriales) pour la mise en place et les contrôles de procédure dans le but de prévenir et détecter les fraudes. Les bailleurs de fonds, pour les suivis-évaluations des projets dans le but de leurs strictes applications.

L’audit interne est la meilleure chose qui puisse exister pour une organisation et l’auditeur est un « préventeur » de risques. Les facteurs de risque sont des lacunes de l’organisation qui, combinées à la survenance d’événements, vont entraîner des conséquences dommageables à l’entité. C’est pour cela que l’auditeur met en œuvre en son sein un dispositif de  contrôle interne en trois volets : prévention (des causes organisationnelles des risques), détection (de la manifestation du risque au sein de l’organisation) et protection (de l’entité contre les impacts des risques).

Vous voyez que la démarche d’audit permet à une entité de se mettre à l’abri des « intempéries » que sont les risques c’est à dire la possibilité que la combinaison d’un évènement et d’un mode de fonctionnement (ou facteur organisationnel) empêche l’atteinte des objectifs stratégiques, opérationnels, de conformité et de reporting.

Pour reprendre Pierre SCHICK, un de mes professeurs à l’université de Bordeaux,«  Face aux opportunités, celui qui, à enjeux identiques, sait réduire les risques peut aussi saisir plus d’opportunités et se donner un avantage compétitif ».Les organisations qui auront su tirer parti des contraintes nouvelles pour mettre en place des dispositifs de contrôle interne permettant de saisir les opportunités créatrices de valeur et de cantonner les risques au niveau accepté seront les grandes gagnantes.

Quelles sont les solutions pour promouvoir l’audit interne au Mali ?

A l’instar de l’IFACI (Institut Français des Auditeurs et Contrôleurs Interne) dont je suis membre depuis 2011, c’est l’ACIAM (Association des Contrôleurs, Inspecteurs et Auditeurs du Mali) qui est en charge de la promotion de l’audit interne au Mali.

Je travaille en étroite collaboration avec la présidente de l’ACIAM madame Kadiatou KONATE qui représente avec fierté les auditeurs du Mali au niveau des institutions internationales d’audit comme l’IFACI et l’UFAI.

Aussi, en ma qualité de consultant au Mali, mon cabinet d’audit C.AU.S.O Expertise & Conseil, en collaboration avec Gdam Consulting et l’ACIAM nous organisons depuis deux saisons des séminaires internationaux sur la pratique professionnelle des missions d’audit. Après chaque séminaire nous organisons, en guise de clôture de ces sessions de formation, un évènement de niveau national afin de permettre d’une part, le rapprochement de tous les acteurs de l’audit et d’autre part, la promotion de l’audit interne qui reste malgré tout méconnu du grand public et des principaux intéressés que sont les dirigeants d’entreprises.

Cette année nous avons organisé une conférence-débat sur la bonne gouvernance. Cette conférence a permis de réunir monsieur Mohamed Ali BATHILY, ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières, madame Kadiatou KONATE, présidente de l’ACIAM et maître Amadou Tiéoulé DIARRA, avocat à la cour et président de la Ligue pour la Justice et des Droits de l’homme.

Nous contribuons ainsi à la promotion de l’audit interne au Mali et apportons notre pierre à la construction de l’édifice.

D’ailleurs avec l’ACIAM, les cabinets C.AU.S.O Expertise & Conseil et Gdam Consulting réfléchissent à la pérennisation et à l’amplification de cet évènement annuel qui commence à s’inscrire dans le paysage économique et entrepreneurial du Mali.

En la matière, le facteur clé de succès est bien la pratique professionnelle. Il est primordial que les diplômés en audit interne mènent réellement des missions de terrain au lieu de se cantonner exclusivement à l’enseignement de la théorie de l’audit. C’est pourquoi je privilégie, lors des séminaires, la méthodologie de l’audit opérationnel, c’est à dire le « pratico-pratique ».

Après deux années de formations au Mali, quels sont les impacts ?

Après deux sessions de formation au Mali, nous commençons à sentir des frémissements. Dès la deuxième saison, quelques grands groupes bamakois dotées de services d’audit interne nous ont fait confiance. Nous avons rencontré ces derniers jours beaucoup de chefs d’entreprises qui commencent à être sensibles à la mise en place ou au renforcement de leur service d’audit interne.

Afin de répondre à leurs sollicitations, nous venons de décider d’organiser au mois de novembre prochain un séminaire international sur« la pratique de l’audit interne : méthodologie  de l’audit opérationnel ».

Il est important que les entrepreneurs maliens comprennent que la nomination d’un auditeur financier (ou commissaire aux comptes) ne les exempte pas de solliciter une mission d’audit interne  ou d’intégrer un auditeur ou un service d’audit au sein de leur entité. Je pense qu’il faudra beaucoup de pédagogie à ce niveau dans les années à venir.

 

Le chemin est encore long, nous en avons conscience et sommes déterminés à relever le défi afin que le Mali soit au rendez-vous du 21ème siècle.

Propos recueillis par Yacouba Doumbia

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1 commentaire

  1. Bravo Almoustapha DIARRA! Votre contribution est remarquable et démontre avec vigueur l’intérêt de l’audit interne au Mali et plus généralement en Afrique même si d’autres pays africains s’y sont déjà mis… Nul doute que dans toute chose, il faut un pionner et des suiveurs, je vous conseille humblement de continuer vos séminaires tout en essayant de mettre en place les bases de cette discipline dans nos mœurs entrepreneuriales. Le Mali et l’Afrique en général ne manque pas de talents, nous manquons juste d’Hommes politiques qui osent mettre les femmes ou les hommes à la place qu’il faut! En d’autres termes, promouvoir la compétence au que la complaisance… Bon vent!

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