Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, M. Yacouba Berthé, Président sortant de la Fédération Malienne des Clubs, Associations et Centres pour l’UNESCO revient entre autres sur les objectifs du Mouvement UNESCO et les enjeux du Congrès extraordinaire, prévu pour ce samedi 28 mai 2016. A la tête de cette Fédération depuis quelques années, M. Berthé a accepté de nous parler aussi de ses réussites comme de ses regrets. M. Yacouba Berthé, Président sortant, appelé à d’autres fonctions n’est pas candidat à sa propre succession. Il livre ici ses conseils à la jeune génération qu’il exhorte à une bonne organisation du Congrès.
InfoSept : Bonjour M. Berthé, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Yacouba Berthé : Je m’appelle Yacouba Berthé, juriste-politologue, Chargé de Programme à la Konrad-Adenauer-Stiftung et Président sortant de la Fédération Malienne des Clubs, Associations et Centres pour l’UNESCO.
InfoSept : C’est quoi une Association ou un Club UNESCO ? Ses buts et ses objectifs ?
Yacouba Berthé : Un Club ou Association UNESCO est un regroupement volontaire de personnes de tous âges et de tous horizons socioprofessionnels qui partagent un engagement ferme envers les idéaux de l’UNESCO tels qu’ils figurent dans son Acte constitutif, et dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Constitués pour la plupart en réseaux ou fédérations au niveau national, régional et international, les Associations, Centres et Clubs UNESCO (ACU) interviennent sur des enjeux globaux à répercussion locale. Leurs actions sont basées sur le partage, la solidarité et l’échange, et s’inspirent de tous les domaines de compétence de l’UNESCO selon les priorités nationales et les spécificités culturelles. Bien que l’UNESCO permette que son nom soit utilisé par les Clubs, cela ne signifie pas qu’il existe un lien officiel entre l’Organisation et les Clubs en question. L’utilisation du terme Club UNESCO est la plus courante, mais certains pays préfèrent choisir des termes tels que associations UNESCO, centres, cercles ou amis de l’UNESCO. Cependant, la signification reste la même.
Ces entités relèvent directement de leur fédération nationale s’il en existe une et de la Commission nationale pour l’UNESCO de leur pays. Celle-ci sert d’interlocuteur entre l’Organisation et l’État membre et exerce des fonctions consultatives, exécutives et d’information auprès de son gouvernement et de l’UNESCO.
Respecter le libre-arbitre des Clubs a toujours été la règle de l’UNESCO, elle n’intervient ni pour leur création ni pour leur développement. Elle leur apporte cependant son soutien intellectuel, matériel et financier chaque fois qu’elle le peut.
Les buts des Clubs UNESCO sont ceux de l’Organisation elle-même tels que les énonce son Acte constitutif : contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations Unies reconnaît à tous les peuples.
Ainsi les Clubs UNESCO ont trois fonctions essentielles : la formation, la diffusion de l’information et l’action. L’action étant la raison même d’exister d’un Club UNESCO, elle se traduit par les activités entreprises par les membres des Clubs. Qu’elles soient manuelles, intellectuelles, sportives ou artistiques, elles contribuent à la reconnaissance du Club.
InfoSept : Sous quel signe placez-vous ce congrès extraordinaire des clubs UNESCO qui s’annonce ? Quels en sont les points inscrits à son ordre du jour ?
Yacouba Berthé : Le présent congrès, il faut le préciser qui est un congrès extraordinaire est placé sous le signe de la consolidation des acquis mais aussi de la dynamisation du mouvement au Mali. Le Mali a connu la plus grande crise de son histoire en 2012 et cela a malheureusement coincidé avec l’année de notre congrès ordinaire qui devrait me permettre de passer le témoin à un autre Président. Néanmoins nous avons profité de cette période intérimaire pour engager d’autres pistes d’action.
InfoSept : Vous êtes à la tête des clubs UNESCO depuis un certain nombre de temps, pouvez-vous nous faire un bilan de votre mandat, vos réussites et vos regrets?
Yacouba Berthé : Notre bilan, le bilan de l’équipe que j’ai eu le plaisir de conduire se situe à plusieurs niveaux. Tout d’abord nous avons réussi à maintenir le mouvement dans une logique de continuité dans la promotion des idéaux de l’UNESCO. La plupart des Fédérations dans la région Afrique ont connu des difficultés qui ont entraîné pratiquement leur arrêt. A travers le monde nous sommes aujourd’hui l’une des rares fédérations à réussir l’animation de ses Clubs à la base, mais aussi et surtout à continuer à défendre les idéaux de paix suivant les directives de l’UNESCO elle-même. Nous avons participé à toutes les conférences générales de l’UNESCO aux frais de notre Fédération mais aussi à tous les fora de l’UNESCO sans oublier notre participation à toutes les activités de la confédération africaine et de la fédération mondiale des Clubs UNESCO. Il nous est même arrivé d’organiser une journée de solidarité avec le Mali au siège de l’UNESCO à nos frais pendant la période de crise.
Il s’agissait également de maintenir et de promouvoir l’esprit de bénévolat en milieu jeune au Mali qui de notre point de vue est une réalité au sein du mouvement des Clubs UNESCO. Au-delà plusieurs actions ont pu être mises en œuvre en faveur de la protection et de la promotion du patrimoine culturel et de l’environnement. Plusieurs autres activités ont concerné le fleuve Niger, les patrimoines en péril, les camps chantiers de reboisement et les fixations de dune de sable entre autres.
Au sein de notre mouvement, nous ne parlons pas d’échecs dans la mesure où toutes les initiatives s’appuient sur l’engagement individuel des membres qui dans la plus part des situations financent la mise en œuvre des activités. C’est seulement au sein des Clubs UNESCO que vous trouverez des militants, élèves ou étudiants, sans emploi qui malgré leur situation précaire paient des cotisations pour par exemple faire du reboisement pendant que l’Etat lui-même n’a donné aucun centime.
Néanmoins, notre souhait aurait été que les Clubs à la base travaillent beaucoup plus pour animer ou faire vivre la fédération. Malheureusement, il se trouve que c’est le bureau fédéral qui initie beaucoup plus d’activités en direction de la base. Ça devrait être le contraire. Il y a aussi le fait que nous n’avons pas un contrôle suffisant sur les conseils régionaux et de ses clubs membres.
InfoSept : Vous êtes selon nos sources sur le point de passer le témoin à la jeune génération, quels messages précis avez-vous pour elle ?
Yacouba Berthé : Je voudrais inviter tous ceux qui auront la chance de figurer dans le nouvel exécutif au dépassement de soi. Nous sommes l’une des plus vielles associations à caractère éducatif et scientifique au Mali. Nous avons un passé et un présent glorieux. A travers ses anciens leaders auprès desquels la jeune génération doit se former en prenant conseils pour réussir sa mission de génération. Pour ma part, je serai toujours là pour les assister et les accompagner. L’UNESCO pour tous, Tous pour l’UNESCO. Pour que l’idéal de l’UNESCO soit visible, multiplions les actions.
Propos recueillis
Par Dieudonné Tembely