Colonel Raphaël Bernard, représentant du commandant de la force Barkhane à Gao : «On remarque que les FAMa sont meilleures qu’avant»

8

L’officier supérieur note surtout la montée en gamme des Forces armées maliennes (FAMa) face à un ennemi devenu plus vicieux. Dans cette interview qu’il nous a accordée au mois de février à Gao, il livre aussi son analyse sur
les attaques dans la Région de Kayes et développe l’approche de Barkhane pour juguler le terrorisme au Sahel

L’Essor : Pensez-vous que la situation sécuritaire s’améliore vraiment ?
Colonel Raphaël Bernard : La situation est un petit peu meilleure qu’avant. Ce qu’on remarque surtout, c’est que les FAMa sont meilleures qu’avant. Elles font bien mieux. On a de grandes avancées, notamment ce bataillon FAMa reconstitué qui est arrivé de belle façon à Kidal, où il va commercer à faire des missions. Un autre bataillon est arrivé le18 février à Tombouctou. Ici à Gao, on attend impatiemment le bataillon FAMa reconstitué. Dans le Gourma et dans le Liptako, Barkhane et les FAMa font de grosses opérations et on a de belles réussites. J’avoue que les militaires maliens nous aident énormément, parcequ’ils ont la connaissance du terrain et des populations.
Nous avons de bons espoirs et nous sommes très optimistes sur ce qu’on appelle la montée en gamme de nos partenaires. Mais, la situation sécuritaire reste difficile. Ça, on n’en disconvient pas. En face, on a un ennemi qui est un peu plus vicieux qu’avant. L’EIGS est un ennemi redoutable. Ce n’est pas pour rien que le président Emmanuel Macron et ses homologues du G5 Sahel ont déterminé à Pau que ce groupe était l’ennemi n°1. Et, conformément à cette décision, nous avons adapté la force Barkhane avec 600 hommes supplémentaires qui sont en train d’arriver. Du côté FAMa, il y a tous ces bataillons reconstitués et des nouveaux matériels qui arrivent. À deux, avec la Force conjointe du G5 Sahel, on va se retrousser les manches. Puisque l’ennemi est plus coriace qu’avant, nous on va être beaucoup plus énervés qu’avant. On va réussir à faire redescendre le niveau de l’insécurité.

L’Essor : Quel est le profil des terroristes qui évoluent dans le Liptako? Sont-ils majoritairement des Maliens?
Colonel Raphaël Bernard : On a des terroristes qui ne sont pas forcément homogènes. On a un peu de tout. Ce sont des jeunes qui n’ont pas souvent de grands débouchés dans leur vie et qui, à un moment, rejoignent les terroristes pour vivre une expérience. C’est pour ça que Barkhane a une approche globale, puisque la solution au problème ne peut pas être que sécuritaire. Évidemment, il faut taper sur les terroristes. Mais à côté, il faut qu’il y ait le développement. Barkhane fait des opérations avec des acteurs assez puissants comme l’Agence française de développement qui injecte beaucoup de milliards dans le développement. Et on est là également pour appuyer le retour de l’État. Souvent, on dit que Barkhane, c’est la sécurité. Oui ! Mais, la sécurité au service d’autres choses. Donc, on crée un cercle vertueux. On aide le gouvernement à offrir autre chose aux jeunes Maliens que du terrorisme, qui n’est pas une solution et qui n’est que synonyme de misère et de mort.

L’Essor : À Pau, il avait été effectivement décidé de concentrer l’effort militaire sur la zone des trois frontières, avec l’EIGS comme cible n°1. Que peut-on retenir déjà comme résultats sur le terrain?
Colonel Raphaël Bernard : On a eu de belles victoires. Régulièrement, à travers des communiqués, on rend compte des résultats de nos actions. Je ne vais pas rentrer dans les statistiques mais, ces dix derniers jours, une quarantaine de terroristes ont été frappés. Sur le terrain, nous avons eu des résultats qui font baisser la tête à l’ennemi et du coup, on le voit un petit peu moins. Quand une frappe, tue 15 à 20 terroristes, ça se sait rapidement dans tout le Liptako-Gourma. Et c’est autant d’arguments pour que les groupes terroristes recrutent moins, parce que les gens sont plus enclins à rejoindre des terroristes qui gagnent. Couper les filiales de recrutement, c’est aussi une façon de lutter contre le terrorisme. Je pense qu’il y a déjà de bons résultats, mais on n’est qu’au début de cette campagne. Les gros résultats arriveront dans les mois à venir.

L’Essor : En concentrant l’effort sur les trois frontières, ne risque-t-on pas de voir l’ennemi changer de zone d’opération ? On a déjà l’impression que l’activité terroriste se densifie dans la Région de Kayes.
Colonel Raphaël Bernard : Nous avons des indices que l’ennemi est assez attaché à un territoire. Il n’est pas facile pour un terroriste de la région du Liptako d’aller faire une action à Kayes. C’est pas la même langue parfois, ce n’est pas la même couleur de peau ; on est visible. Donc, l’ennemi bouge un peu, mais il est quand-même assez attaché à son territoire. Quand un groupe terroriste évolue dans une forêt et qu’on tape sur cette forêt, on retrouve quelque temps après dans la même zone ceux qui n’ont pas été tués. Le terroriste reste donc attaché à une région qu’il connaît bien, dans laquelle il a ses repères et ses caches d’armes. Il essaye de connaître son biotope et y évolue.
J’ai constaté comme vous ce qui se passe à Kayes, à Nara. Mais, c’était des endroits où il y avait déjà quelques groupes qui, souvent, passent à l’action. Il peut y avoir une extension, c’est-à-dire un modèle EIGS qui commence à séduire certains jeunes de ces zones. Et c’est pour ça que Barkhane a cette approche globale. On répond à la violence par la violence et en même temps, on mène des actions de développement.

Commentaires via Facebook :

8 COMMENTAIRES

  1. MalibafranceUnion=Bomboté=Maliba24=Diomansi Lo = encore un con koufinden qui ne comprend rien des criems del a franSS …

    Si ton ennemi te dit que tu es bon, c”est que tu es très mauvais !

    la parole d’un soldat franSSait vaut celle d’un serpent venimeux !

    • Tu as parfaitement raison car ce sont ces memes imperialistes francais et amis qui ont invite les rebelles et coupe le Mali en deux en deplacant la guerre dans le centre du Mali d’abord avec l’excuse de donso qui n’a pas marche et ils ont commence cette histoire de Dogons contre Fulanis. La france a travers cette violence au Mali teste ses armes. Ce n’est pas cette meme france et complices qui ont toujours forme les militaires Maliens.

Comments are closed.