Le lieutenant-colonel Abass Ag Mohamed Ahmad est le chef d’état-major du Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA), un groupe armé. Il était à Bamako dans le cadre du comité de suivi de l’accord pour la paix. Il nous donne ici son avis sur les attaques terroristes, le retard dans la mise en application de l’accord et la sécurisation des personnes et de leurs biens. Il était aussi dans la capitale malienne dans le but de négocier l’intégration de son mouvement dans les structures techniques de mise en application de l’accord d’Alger. Dans l’entretien que nous avons eu avec lui, il avoue que «seule une action commune des forces en présence au Mali peut combattre le terrorisme».
Qu’est-ce qui explique votre présence à Bamako ?
Ce n’est pas une première fois pour moi de venir à Bamako, c’est la 3ème fois depuis la création du CJA. En un mot, c’est une routine.
Vous parlez de visites de routine, est-ce que cette fois-ci ce n’est pas pour la mise en application de l’accord ?
On parle toujours des négociations, on en parle encore et toujours dans le même sens, parce qu’il faut l’implication de tous les acteurs pour une meilleure application de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Vous parlez au nom de quel CJA, parce qu’il y a une querelle de leadership ?
Mais il y a eu un congrès à Razelma au siège même de la base militaire du CJA. Il y a eu des propositions qui ont été faites et acceptées. Comme c’est un congrès qui a décidé, nous, on ne suit que le congrès. C’est Azarok le président et le vice-président est l’honorable Oumar Sididjé Traoré, député de Goundam. Hama Ag Mahamoud a été désigné président d’honneur, il a accepté et je ne sais pas pourquoi il a attendu son arrivée à Nouakchott pour refuser.
Hama Ag Mahamoud a-t-il participé aux travaux du congrès à Razelma ?
Bien sûr, il a présidé la cérémonie d’ouverture du congrès, il était avec tout le monde. Il n’y a pas de problème au CJA ; il y a deux grandes bases une à Razelma, l’autre à Gargando. Il y a un poste à Faraje, et pour moi, toutes ces bases appartiennent au CJA qui a fait son congrès du 1er au 3 décembre 2016 à Razelma. Si Hama a une base qu’il nous montre sa base, s’il y a un autre CJA, qu’il nous montre où est la force militaire de ce CJA. Ils sont très forts sur internet, ils sont trop forts dans les médias. Moi, je ne comprends pas pourquoi tout ce remue-ménage.
Revenons à la mise en application de l’accord, est-ce que vous êtes impliqués à hauteur de souhait ?
Vous savez les accords, ça piétine, tout le monde le sait. Ça piétine, ça n’avance pas comme on le souhaite. Ça traîne et il y a certains ennemis qui en profitent. Actuellement, notre problème c’est la question de la représentativité au sein de certaines commissions de l’accord, comme le CSA, la sous-commission défense et la CTS, parce que nous avons un problème sérieux, nous avons quitté la CMA mère. En réalité, nous sommes CMA parce qu’au moment de la signature de l’accord, on était de la CMA, et nous sommes une force. Nous avons un problème de représentativité au niveau de ces commissions et nous nous sentons délaissés. Et il n’y a personne pour parler en notre nom, nous, le CJA bien sûr. On a quitté les mouvements, mais on reste CMA parce que nous sommes signataires de l’accord.
Est-ce que dans ces conditions votre prise en compte sera facile, en tant que nouveau groupe armé ?
Il n’y a pas que le CJA qui a été créé. Il y a le MSA, il y a aussi des mouvements qui sont partis de la CMA. Nous allons faire un bloc parce que nous avons notre mot à dire aussi. Sur tout ce qui se passe, on a un mot à dire. Mieux, nous sommes des forces sur le terrain. Il faut prendre même l’essence des accords, c’est l’implication de toutes les parties. Nous, on voit qu’on a droit à certaines choses, mais qui doit le faire ? La CMA, elle, est contre nous, le gouvernement ne peut pas décider à la place des mouvements. Et la Plateforme, c’est une autre partie des accords. Maintenant, le problème est posé, il faut trouver une solution.
Vous êtes un chef militaire, homme de terrain, qu’est-ce qui explique selon vous l’insécurité au Mali et surtout dans vos zones ?
Dans la région de Tombouctou, je suis presque la seule cible des islamistes. Mon poste de Faraje a été attaqué deux fois. En juin 2016, il a été attaqué, on a eu un mort, les extrémistes ont eu 5 morts. La deuxième attaque, c’était le 18 décembre 2016, on a repoussé les ennemis, ils ont eu deux morts. On n’a pas eu de mort, on n’a pas eu de blessé. L’explication de cette insécurité, c’est que le terrain est vide. On a deux bases seulement, mais il y a des bases de la CMA qui ne bougent pas du tout. Il y a le Mnla et le Hcua, mais ils ne bougent pas. En réalité, ils doivent faire mieux, parce qu’ils doivent patrouiller et lutter contre le terrorisme. Mais ce n’est pas le cas. Il y a aussi le petit banditisme, et les moyens manquent. Combien de fois, j’ai ramené des animaux volés, des centaines de motos volées qu’on a remises à Tonka et à Goundam. Combien de fois, on sécurise les ONG qui circulent dans la zone, tout ça à mes frais. L’Etat ne participe pas ; la CMA ne participe pas ; personne ne participe.
Comment faites-vous pour la prise en charge de vos combattants, la nourriture, le carburant et la logistique ?
C’est avec les contributions des notables, de la société civile, mais surtout la détermination des hommes eux-mêmes, qui savent que c’est un combat patriotique.
Malgré vos efforts, est-ce que l’Etat pense à vous, vous qui avez tendu la main aux autorités maliennes ?
Pour le moment, l’Etat ne fait rien, on souhaite qu’il fasse quelque chose. Avant même la création du CJA, on collaborait avec l’Etat. Je collabore bien avec la Minusma, notamment l’échange des renseignements. J’ai même souhaité des patrouilles mixtes avec les FAMA, ça n’a pas abouti. Il faut voir la place qu’on tient et ce qu’on fait pour l’Etat. Nous aujourd’hui, on fait tout pour l’Etat.
Qu’est-ce que vous avez en contrepartie ?
C’est à l’Etat de voir. On ne peut pas continuer seul à chevaucher ce vaste terrain, parfois avec des conséquences qui s’ensuivent. Même s’il ne peut pas nous aider, il peut participer au moins aux patrouilles.
L’équation de la lutte contre le terrorisme demeure, quelle est votre vision ?
Vous voyez ce que j’ai dit : les islamistes et les terroristes profitent du terrain vide. La solution c’est d’occuper le terrain et de harceler les islamistes dans leur fief dans le désert. On lutte contre le terrorisme avec le droit, alors que ces terroristes n’ont jamais appliqué le droit. La balance est trop penchée. Seule l’occupation des espaces et la rigueur peuvent combattre le terrorisme au Mali. Il faut de la rigueur, or les gens sont en train de s’amuser parce que très souvent, les gens essayent de faire la différence entre les groupes terroristes, alors que ce sont des vases communicants. Même si ce n’est pas le même groupe, c’est le même combat, ce sont les mêmes idéologies.
Est-ce que l’attaque du MOC vous a inquiété, en plein centre de Gao ?
Tout le monde est inquiet. Je suis bien sûr inquiet parce que ça prouve qu’ils sont là, qu’ils sont présents, parce que taper Gao où il y a toutes les forces internationales, FAMA, Minusma, Barkhane, CMA et Plateforme, c’est un véritable coup dur.
Est-ce qu’il ne faut pas changer de fusil d’épaule ?
Il faut des moyens communs. Seule une action commune des forces en présence au Mali peut combattre le terrorisme. Quand on regarde bien les choses, les Fama seules ne peuvent rien. La Minusma ou Barkhane seule ne peut rien ; la CMA seule ne peut rien faire. Il faut une certaine collaboration pour lutter contre le terrorisme parce que parfois, certains terroristes se cachent parmi nous-mêmes. Très souvent pas visibles, mais ils sont présents pour avoir des renseignements. Mieux, il y a des ennemis de l’accord, qui ne veulent pas la paix parce que la situation profite à eux. C’est ça même le problème sur le terrain, c’est ce que nous vivons au jour le jour.
Vu les réalités du terrain, est-ce que l’accord peut être la solution ?
Je ne peux pas juger l’accord, je suis petit pour ça, ça a été fait en haut. C’est un accord qui a été fait par des experts et des spécialistes, et qui a été signé par les plus hautes autorités. Pour moi, s’il est applicable, c’est la meilleure solution. S’il n’est pas applicable, là, c’est vraiment un désordre.
Avez-vous un message ?
C’est toujours pour la paix. Mon souhait, c’est la paix. On aime la paix, tout le monde souffre, la société civile souffre, les réfugiés souffrent. Les populations maliennes souffrent à tous les niveaux. Il y a des vols, des braquages et des menaces. C’est pour cela que mon souhait c’est la paix, que la paix s’installe et que tout le rentre chez lui.
Propos recueillis par Kassim TRAORE
Ceux qui ont pondu, comme un œuf du corbeau du désert (azaïdj), le Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA), sont des déçus des mouvements armés CMA et Plateforme et qui rappellent qu’ils existent, étant des cadres kel Antéçar idéologues, par culture politique, qui privilégient la négociation à la guerre, bien que celle-là est maîtrisée par des éléments kel Antéçar qui sont dilués, donc non visibles, dans les bases militaires des rebelles touareg Ifoghas, Imghad et Chamanamas; les rares rebelles assez “froids” kel Antéçar bien minimisés dans la états-majors des chapelles rebelles qui font tapisserie à Bamako.
Je me fais compléter par le pseudo « yugubané » qui dit, je le cite : « Processus d’explosion ou processus de paix ? Pendant que les retombées se font attendre, les conséquences de la supercherie d’Alger ne finissent de se bousculer. On peut dire d’eux tout ce que l’on veut mais il est clair que quand le mouvement politico-militaire devient le business le plus lucratif d’un pays, les plus braves ne pourront se laisser crever de faim. Nous avons vu les Imghads, les Ifoghas, les peuls, les Yèrèwoloton, le CNDERRIÈRE et consorts, maintenant si c’est les Kel Ansar qui veulent leur part, et vu le nombre de kel dans cette région, l’État Malien devrait reconnaître que le prix à payer pour cajoler les Ifoghas est hors de portée. »
Dans son contenu, le Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA) est un machin politico-armé, créé à Nouakchott, pas au nom de la Communauté Kel Antéçar et ses alliés qui ne sont pas réfugiés (sauf quelques éléments « enragés politiciens » à M’Bérra), par des meneurs, agitateurs propagandistes qui sont plus des intellectuels réfugiés désœuvrés comme des touareg SDF sahariens en villégiature que rebelles à la Kalache (comme ceux de Kidal) ; ces cadres kel Antéçar, qui ont la paisibilité maraboutique dans l’âme, de par leur culture islamique millénaire (cf le Serment de Samba, leur ancêtre de Médine), sont issus de la communauté kel Antéçar de la région de Tombouctou.
Il y a un hic dans cette affaire de doublon CJA du Colonel Alghabass ag-Mohamed Ahmad en ce que Azarok ag-Inaborchad, ce SG ou Président du CJA N°2 coopté par Nasser (Amanokal kel Antéçar) dont il est le conseiller principal tribal à Bamako, n’est pas un rebelle et n’entend rien aux techniques troubles des Ichoumar qui se marchent dans les platebandes, sur les unes par les autres.
Sincèrement
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