Cinema : La pièce de théâtre « Tête d’or » au Mali

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 Jean Claude Fall: La pièce de théâtre  « Tête d’or »
Jean Claude Fall

 La pièce de théâtre  « Tête d’or » mise en  scène par Jean Claude Fall , metteur en scène français et produite en collaboration avec PAM une association culturelle  malienne créée par Jean Louis Sagot Duvauroux et co-fondateur du BlonBa  et écrite par Paul Claudel, sera joué pour  la première fois au Mali par des acteurs maliens du BlonBa Ramsès, Bougounieré, Ba Niengo, Adama, Ismael, N’Tji, Kerfa fatô et autres…

 

Le débat : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Jean Claude Fall: J’ai un long parcours, parce que je ne suis pas un jeune homme (sourire). Je suis un metteur en scène, j’ai eu une compagnie assez longtemps en 1974 et  animé plusieurs autres  puis j’ai crée et dirigé le théâtre de la Bastille à Paris ensuite. J’ai dirigé le théâtre Gérard Philipe qui est un centre dramatique national à Saint Denis en région parisienne. Pendant 13 ans,  j’ai dirigé le Théâtre des Treize Vents qui est aussi  un centre national à Montpellier .Aujourd’hui,  j’ai monté 70 spectacles, des opéras. Juste pour vous dire que  j’ai un parcours de metteur en scène dans le service public  depuis 40 ans.

 

 

Le débat : d’où vient votre engagement pour la promotion du  théâtre?

Jean Claude Fall : C’est difficile de parler de soi. Je n’aime pas parler de moi. Je crois avoir cette réputation de faire un théâtre très  engagé politiquement. C’est un théâtre qui essaye de  renouer avec  toutes les traditions grecques ou  des autres à savoir : interroger des histoires  anciennes, histoires contemporaines. J’ai  cette chose qui est tout le temps ancré chez moi qui fait que tout mon théâtre   essaie de parler de politique ; de philosophie… Je ne crois pas monter beaucoup de spectacles de pur divertissement…Je pense que  je n’en ai jamais fait.

 

 

Le débat : Parlons de la pièce de théâtre « Tête d’or », quels sont le ou les sujets qui vous inspirent ?

Jean Claude Fall : Le sujet qui m’inspire principalement dans « Tête d’or », d’abord c’est une pièce d’un très grand auteur français que tout le monde l’admire pour la poésie, la langue extraordinaire etc. La pièce « Tête d’or »  est de Paul Claudel, c’est l’histoire éternelle de ces figures d’aventuriers et conquérants, d’Alexandre le Grand à Cortez en passant par Jules César ou Pizarro. « Tête d’or »  a tout perdu, femme, parents, maison, attaches. Il est celui qui n’a plus rien à perdre et qui cherche la confrontation avec la mort. Il se croit investi d’un destin hors norme. D’un destin fixé par les dieux. C’est un desperado qui arrive dans un pays perdu au bout du monde d’où tous les habitants ont fui devant l’arrivée imminente d’ennemis puissants. Il prend la tête de l’ultime résistance et renverse le cours de l’histoire en faisant fuir les ennemis, leur présentant le visage de ceux qui sont prêts à mourir. De retour au palais, il demande sa récompense, c’est à dire « tout ».Il revendique le pouvoir absolu, tue l’ancien roi, met au défi les opposants de se mettre sur son chemin. Faisant la critique de l’abandon des « vraies valeurs » par les « pseudos démocrates », aux jeux politiques cyniques et mensongers (« vraies valeurs » auxquelles lui se rattache, le courage, la volonté, la fierté, la discipline, la solidarité, l’ordre), il devient à la fois le sauveur et le nouveau despote de ce pays et part à la conquête du monde (toute ressemblance avec des situations et des personnages contemporains  n’est  que fortuite). Comme toujours, au bout de sa route, abandonnée de tous, il rencontrera sa compagne, celle qu’il a toujours recherchée, la mort. Cette histoire éternelle peut aujourd’hui rappeler certaines figures de la vie politique.  Au moment où on confond rébellion, révolution, régression, et obscurantisme, c’est  des choses qui ont eu lieu partout dans le monde mais qui parlent particulier de la situation africaine dans un certain nombre de pays.

 

 

Le débat : Pourquoi le choix du Mali et avec des acteurs maliens ?

Jean Claude Fall: Ce projet, je l’avais bien avant que la crise malienne n’arrive .C’est un projet que nous avions initié avec le Blonba depuis deux ans et curieusement, elle rencontre l’histoire que vit le Mali d’aujourd’hui d’une manière très surprenante comme si cela soulignait la pertinence de l’idée. Je ne voulais pas venir et monter cette pièce avec des acteurs français, d’ailleurs une pièce qui parle de la culture française cela ne m’intéressait pas du tout. Ce qui m’intéressais, c’est que des acteurs maliens se saisissent de cette langue d’une part et racontent quelque chose au Mali pour les Maliens aujourd’hui .Je ne voulais pas du tout être dans la logique entre «  post colonial », du genre on va les montrer les bonne manières, le bon théâtre, on va les parler de notre culture non, nous sommes en train de faire une pièce de théâtre malien.

 

 

Le débat : Est-vous avez une invitation à envoyer pour les premières présentations de « Tête d’or » à Bamako

Jean Claude Fall : Le 5, 6,7, 8 février 2014 au Palais de la culture à partir de 20 heures et l’année d’après nous  irons le jouer  à Paris. Mais, j’espère entre temps à la rentrée prochaine que nous pourrions avoir une série de présentation dans la ville de  Bamako et autour de Bamako ou peut être dans la sous région.

 

 

Le débat : Comment voyez vous en 5 mots le théâtre de demain ?

Jean Claude Fall : Le théâtre, c’est aujourd’hui. Vous savez, c’est très difficile de prévoir le théâtre de demain. Il a cette particularité d’être quelque chose qui existe au moment où il se joue et c’est cela qui fait sa force,  car c’est un théâtre de l’instant donc c’est difficile. Les choses bougent tout les temps. Il y’a aussi l’aspect technologique. Les outils technologiques que nous avons je pense à la vidéo, la réalisation, la lumière, les effets sonores, sont des outils formidables ;  ici évidement que nous n’avions pas tous ces outils, quand ces outils arriveront et ne seront tardés, cela donnera des ouvertures artistiques absolument extraordinaires.

Arouna Sissoko, stagiaire

 

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