Pour secourir les commerçants victimes des incendies des marchés (Médine, Cola et Rose), le gouvernement vient de remettre une enveloppe de 400 millions de FCFA au Syndicat national des Commerçants détaillants du Mali « Synacomdem ». Ce geste des autorités à l’endroit des commerçants sinistrés est-il suffisant? A quoi est destiné le fonds? L’origine exacte des incendies est-elle établie ? Qu’attendent aujourd’hui les commerçants des autorités en vue de mettre un terme à ces incendies ? Le président du Synacodem, Cheick Oumar Sacko donne, dans cet entretien, les éléments de réponses.
Le Républicain : Quel était l’objet de votre conférence du 29 mars 2014 ?
Cheick Oumar Sacko : La conférence consistait primo à faire le point des incendies survenues ces derniers temps au grand marché de Bamako à savoir : le marché du cola, le marché Rose et le marché Médine, et informer nos militants par rapport à la solidarité exprimée par l’Etat pour soutenir les victimes. Deuxièment, nous tenons aussi à entretenir les commerçants sur les nouvelles modalités de payement des vignettes synthétiques proposées par la direction nationale des Impôts. Avant ce sont les agents des impôts qui venaient dans la boutique du commerçant pour évaluer ses bénéfices afin de le taxer. Mais, dans les nouvelles dispositions de la direction nationale des Impôts, le commerçant est invité à venir lui-même faire une déclaration sur son chiffre d’affaires. C’est en fonction des informations que lui-même donnera que les services des impôts fixent le montant de sa patente vignette. Mais, ceux-ci pourront après effectuées des visites inopinées pour s’assurer que le commerçant a fourni les bonnes informations. Et si leurs enquêtes révèlent que le commerçant n’a pas donné les bonnes informations, ils peuvent le sanctionner. Donc, l’autre objectif de la rencontre était d’informer les commerçants par rapport à cette nouvelle mesure les concernant. Mais, aussi inviter la direction nationale des impôts à décréter l’année 2014 comme étant une année facultative. Car la bonne marche de cette nouvelle disposition nécessite une vaste campagne de sensibilisation auprès des commerçants. Cela nous permettra d’organiser des séances de formation à l’intention des commerçants sur la question.
Quelle évaluation faites-vous des dégâts de ces différents incendies ?
A la date d’aujourd’hui, nous ne disposons toujours pas de bilan des dégâts matériels et financiers. Cela n’a pas encore été établi.
Quelles sont les dispositions prises par les autorités pour soutenir les sinistrés ?
Aujourd’hui, l’Etat a décidé de donner la somme de 400 millions de F CFA aux victimes. En prenant une telle initiative, il a fait un grand pas. Mais, force est de reconnaître qu’il y’a encore du travail à faire. Aujourd’hui, nous voudrions qu’il s’implique davantage pour mettre à la disposition des commerçants des places adéquates et dignes de nom, pouvant leur permettre de mener leurs activités dans les meilleures conditions et en toute sécurité. Et l’idéal serait le plus tôt. Mais, pour l’heure, nous attendons des autorités compétentes une intervention rapide pour trouver des places aménagées pour les victimes de ces incendies. Étant donné qu’ils sont pour la plupart des débrouillards, si on ne leur trouve pas rapidement des places pour exercer leurs activités, ils finiront par bouffer tout l’argent qu’on vient de mettre à leur disposition. Et les efforts pour les aider seront vains. Je profite également de l’occasion pour interpeller les autorités par rapport à la question relative au recasement des commerçants déguerpis. Elles nous ont démarchées pour sensibiliser nos adhérents à accepter la mesure au motif qu’ils seront recasés dans les trois jours qui suivront l’opération. Mais, un mois après le déguerpissement, on constate malheureusement que ces promesses n’ont pas été tenues. Les commerçants ne sont toujours pas installés. Car, les autorités communales chargées de trouver les sites de recasement ont notifié à l’Etat que 21 sites aménagés ont été identifiés pour recaser les commerçants détaillants touchés par l’opération. Mais hélas, aujourd’hui, à part le boulevard du Peuple, aucun autre site n’a été aménagé pour accueillir les commerçants. Conséquence : sur plus 1400 commerçants frappés par le déguerpissement, on a trouvé de la place que pour seulement 594 commerçants. Donc, il faut que l’Etat fasse tout pour recaser tous les commerçants déguerpi dans un bref délai.
Concrètement le fonds mis à la disposition des victimes des incendies est destiné à quoi ? Servira-t-il à la reconstruction des marchés incendiés ou c’est pour aider les commerçants sinistrés à reprendre leurs activités ?
L’aide consiste à soutenir les commerçants victimes des trois incendies mentionnées ci-haut. C’est pour les aider à reprendre leurs activités de commerce. D’ailleurs le 29 mars 2014, on a tenu une réunion à la Chambre du Commerce et de l’Industrie pour échanger sur la répartition du montant entre les commerçants touchés par ces trois incendies. Et le président de la CCIM a même fait une très bonne proposition même si la décision finale appartient aux commerçants concernés. Il a proposé de placer la somme dans une banque. Ce qui permettra à chaque commerçant concerné d’avoir au moins un prêt bancaire de 800 000 F CFA. Toute chose qui s’avère plus bénéfique pour eux que s’il faut les repartir les 400 millions de F CFA.
Quelles sont aujourd’hui les mesures prises par les autorités en vue de mettre un terme à ces incendies ?
Aujourd’hui, une Commission de lutte contre les incendies dans les marchés a été mise en place par le ministère du Commerce et de l’Industrie. Cette commission est en train de réfléchir sur un plan de lutte contre les incendies. Pour l’instant, nous ne pouvons que nous en réjouir. Nous attendons de ladite commission des propositions concrètes en vue de mettre un terme à ces récurrents incendies.
A la date d’aujourd’hui, est- ce que l’origine de l’incendie du marché Rose est connue?
A notre niveau, nous ne disposons toujours pas d’information à ce sujet. Par ailleurs, nous interpellons avec insistance les autorités afin que toutes les mesures soient prises pour faire toute la lumière sur l’origine de ces incendies. Car ces incendies répétés, dans la nuit et non la journée, suscitent aujourd’hui moult interrogations. C’est trop bizarre que ces incendies interviennent uniquement pendant la nuit et non pas pendant la journée où l’ambiance est très forte dans les marchés. Cela nous laisse perplexe.
Youssouf Z KEITA