Cheick Modibo Diarra dans une interview accordée au Flambeau : « Notre jeunesse est pour nous un avantage compétitif. Si elle reste soudée, elle héritera d’une Afrique meilleure que celle d’aujourd’hui ».

0

Si l’on s’en tient à cet adage très connu qui dit « une jeunesse sans repères, est une jeunesse vouée à l’échec », nous pouvons donc affirmer, et sans risque de nous tromper, que la jeunesse malienne voire africaine a devant elle, un avenir radieux et prometteur. Car s’il s’agit de repères, elle en a et même assez. Parmi ces personnalités emblématiques du Mali et hommes de référence pour l’Afrique, figure le Docteur Cheick Modibo Diarra.

C’est dans une interview, pas comme les autres, que notre rédaction  a voulu sans tabous, ni réserves, que le natif de Ségou et véritable sacerdoce de la culture de l’excellence s’est prononcé sur certaines questions jugées de nos jours très importantes. Il s’agit, entre autres, de l’épineux problème de la formation, la jeunesse, l’emploi, la bonne gouvernance, la corruption et la sécurité alimentaire… : vecteurs essentiels pour le développement de toute nation.

Cependant, dans ce paysage médiatique dans lequel il est très difficile d’évoquer les prouesses de quelqu’un, encore moins pour un journaliste, sans se faire taxé de je ne sais quoi. Nous tenons, en guise de précaution, à préciser que cet entretien s’inscrit en droite ligne dans les ambitions d’information, de formation pour la transformation à travers un double changement de mentalité et de comportement de la jeunesse malienne. 

 Le Flambeau : Qui est Cheick M Diarra ?

Dr Cheick : Je suis un malien natif de Nioro grandit à Ségou, fils de cultivateur, ingénieur de génie mécanique et navigateur interplanétaire. Cultivateur par ma passion car je passe beaucoup de temps dans mon champ, mais également passionné par mon pays et l’Afrique aussi. Voilà en quelques mots, ce qui peut me caractériser. Mais en réalité si on me demandait par quoi je veux que les gens se rappellent de moi, je dirai plutôt qu’on se rappelle de moi par le fait que je mets un effort extraordinaire à chaque fois que je peux dans le domaine de l’éducation. Surtout que j’ai beaucoup travaillé et je continue de travailler pour l’atteinte des objectifs de la sécurité alimentaire dans mon pays, pour que mes concitoyens puissent manger à leur faim.  Je suis passionné par tout ce qui est intégrité et transparence dans la gestion de la chose publique. Voila les choses qui me passionnent et par lesquels je veux que les gens se souviennent de moi et aussi un agriculteur pas un très bon mais qui essaie.

Le Flambeau : Quelle est votre impression sur la jeunesse actuelle ?

Dr Cheick Modibo Diarra : J’ai beaucoup d’ambitions pour la jeunesse africaine et en particulier la jeunesse malienne dans la mesure où, je pense que c’est cette jeunesse qui fait notre avantage compétitif dans le monde globalisé d’aujourd’hui. Etant un milliard de personnes en Afrique, avec 60% ayant moins de 30 ans, au lieu de voir cela comme un phénomène qui fait paniquer parce qu’il faut chercher un emploi, soigner, éduquer, moi je le vois comme un avantage compétitif à condition que nous nous en inspirons. Telle est à la fois, mon impression et mes ambitions pour les jeunes. Faire en sorte que cette jeunesse puisse se transformer au niveau des mentalités c’est-à-dire que ce soit une jeunesse qui se détache des gains matériels immédiats pour plutôt se tourner vers un investissement à moyen et à long terme pour son futur. Je vois une jeunesse africaine formée en bloc qui va non seulement travailler pour développer nos nations mais qu’on va exporter, c’est-à-dire les grands leaders dans toutes les sociétés et grandes firmes du monde et dont nous pourrons bénéficier. Je vois une jeunesse pour laquelle il faut se mobiliser et l’aider à créer un Mali meilleur pour elle même  et pour que ses enfants à elle  puissent hériter d’un pays beaucoup mieux géré et plus développé que ce que nous connaissons. Faire en sorte que cette jeunesse puisse adopter de nouvelles valeurs, s’appliquer, s’éduquer et qu’elle puisse devenir une jeunesse partisane pour le développement de son pays.

Le Flambeau : En quel terme voyez-vous l’avenir de l’école malienne avec ces grèves intempestives ?

Dr Cheick Modibo Diarra: C’est très malheureux, parfois je me demande si les protagonistes prennent le temps d’analyser ce qu’ils font. Quand je vois que les citoyens, malgré leur pauvreté, cotisent les impôts et les taxes pour pouvoir éduquer la génération à venir, et  des enseignants ou des étudiants  trouvent toujours le moyen de faire des grèves. Quelque soient les revendications que les uns et les autres peuvent avoir et qui sont parfois très valables et justifiées, Il faut qu’on trouve d’autres moyens pour non seulement obtenir cette manifestation et en même ne pas gaspiller les maigres ressources dont nous disposons. Nous devons  optimiser nos faibles moyens pour pouvoir en tirer le plus grand profit. Il est important de reformer le système éducatif  en entier. Mettre une éducation en adéquation  avec les moyens dont dispose l’Etat et en adéquation avec les besoins du marché de l’emploi que nous avons dans le pays et qui permettra d’avoir un enseignement de qualité. Les enseignants pourrons être bien payés et que les  étudiants à leur sorti aient un emploi. Si cela est fait, l’école aura son sens et réoccupera toute sa place dans la communauté. Et dans le cas contraire nous aboutirons à des résultats qui ne satisferont à personne. Ni  pour les élèves eux-mêmes  car les diplômes ne leur servent et les emplois ne sont pas alignés avec les formations reçues, encore moins les  enseignants qui  subissent le contrecoup. Il faudra donc rentrer dans le but de la formation qui consiste à former pour faire face aux besoins de la communauté. Et si cette formation n’est pas alignée aux besoins alors, on déborde sur toutes sortes de choses qui créent  des frustrations débordant sur des gâchis du peu de ressource dont on dispose.

Le Flambeau : Pourquoi tant d’engagement à l’endroit des jeunes et surtout les jeunes filles.

Dr Cheick Modibo Diara : Il y a plusieurs raisons. Je veux  mettre un système qui fera la promotion de l’excellence pour le monde. Mais comme mes ressources sont limitées, je  choisis mes priorités. Je ne suis pas un milliardaire qui peut s’occuper de tout le monde, je suis simplement un ‘’ GAS éduque ’’ qui s’est fait les choses, un bon ingénieur. Quand j’étais enseignant aux USA et par la suite, le directeur du programme d’éducation de la NASA, les statistiques m’ont montré que 80% des enfants vont atteindre le niveau d’éducation de leur mère. Du coup je me suis dis que, si je veux aider mon pays,  je vais investi dans l’éducation des filles pour que sur 5 enfants, 4 enfants puissent avoir l’éducation de leur mère afin que la  génération à venir soit beaucoup plus éduquée que nous. Nous disons toujours, l’avenir de ce pays ce sont les jeunes. Il faut mettre cela en pratique, en mettant des investissements pour que les jeunes puissent s’épanouir et créer de la richesse. Je dis parfois à des gens de ma génération,  que même si on ne veut pas aider les jeunes parce que nous sommes des militants pour nos pays, faisons le par égoïsme car  ce sont ces jeunes qui vont payer nos retraites demain. Quand je dis que la jeunesse est le futur et le fait que j’y crois, me permet de  le prouver en y mettant mes efforts et mes ressources. Si je veux donner un avenir meilleur pour tous les citoyens, il faut que je forme cette jeunesse pour qu’elle puisse se prendre en charge et s’occuper de tous les autres segments de la communauté qui ont participé à cette formation.

Le Flambeau : En effet, depuis un certain moment votre engagement patriotique et vos ambitions pour 2012 s’illustrent à travers bon nombre d’actions. Quelles sont les véritables raisons de ce militantisme politique ?

Dr Cheick M Diarra : Ecoutez d’abord, je pense qu’il y a un problème de perception. Ce n’est pas vrai ce que vous dites. C’est tout simplement parce que les médias ont toujours refuser de parler de mes actions. C’est mon 11e camp qui vient d’être clos. Je fais ces activités depuis 2000. Ce n’est pas parce que mes activités ont de la visibilité maintenant grâce à certaines radios et journaux qui ont décidé finalement d’en parler, qu’on va se demander quels sont les motivations  politiques. Ma fondation n’a pas été crée pour des raisons politiques. Elle a été créée par l’UNESCO pour moi, parce que j’ai été nommé en 1998 ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO pour la science, la technologie et pour l’entreprise. D’ailleurs je prends le soin de dire que  n’importe qui  peut participer  à mes activités, amélioré son niveau, en tirer  profit et ne pas être  obligé de voter pour moi si j’étais candidat. Ça n’ a rien avoir. Je ne suis pas un politicien qui achète la conscience des citoyens. J’ai trop de respect pour mes concitoyens pour ça.  Le  respect de  l’espoir que je fonde en  ce pays, ne me permet pas de  monnayer  tout ça pour quelques à gauche où à droite. Il faut donc dissocier les deux. Mes activités ont la visibilité depuis un certain temps parce qu’on me prête des intentions politiques. Ces intentions peuvent être réelles ou peut-être pas. Comme je vous l’ai  dit  et je le dis lors de mes interviews.

Je connais les problèmes de ce pays,  le Mali a quatre problèmes fondamentaux : le premier problème  est  que  nous avons des terres et de l’eau qu’il faut mettre en valeur pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et vendre le reste aux autres.

Le deuxième problème est que nous avons une jeunesse en grand nombre qui constitue près de la moitié de la population,  qu’il faut former et  éduquer et lui donner les  moyens de se prendre en charge et de pouvoir bâtir. Nous avons le devoir de leur donner la formation dont ils ont besoin, l’éducation de qualité que nous autres avons eu la chance d’avoir grâce à ceux qui nous ont précédé. Ça c’est une ambition légitime.

Le troisième problème est qu’il faut une restructuration de toutes les institutions au niveau administratif de la douane, de l’armée et de la police…  Il faut reconstruire ce pays dans toutes les transparences en mettant les hommes à la place qu’il faut, avoir une administration transparente,  capable de régler les problèmes de la communauté et administrativement accomplir cette tâche. Nous avons, ne serait-ce qu’en voyant le rapport du vérificateur Général, besoin  de mettre en place des structures transparentes car,  si les sommes dont parlent  les journaux (je n’en aie pas la preuve) étaient sauvées certains de nos problèmes allaient être résolus.

Le quatrième problème est qu’on  doit s’occuper de la santé de nos concitoyens. Quand je parle  de  l’agriculture, on ne peut pas demander aux gens d’aller cultiver sans mettre en place des infrastructures. Je suis entrain de travailler sur certains de ces problèmes et une fois que j’aurais trouvé en toute sincérité un début de solution,  je me sentirai en position de dire à mes concitoyens que j’ai  les solutions aux problèmes dans les cinq ou dix ans à venir. Pas peut-être entièrement mais des solutions à court terme. J’ai une passion pour mon pays et je ne peux pas être l’aventurier qui va l’amener à l’aventure pendant cinq ans.  Ce n’est pas mon genre et  je ne manque  pas d’occupation pour ça. Si je n’ai pas de solutions, je laisse le soin aux autres comme je l’ai fait jusqu’à présent. Le moment viendra où je vais décider. Si mes concitoyens décident de me soutenir et que je suis candidat, aux élections et que  je suis un candidat heureux,  je continuerai à faire ce que je fais et dans le cas contraire je le ferai toujours car je leur doit,  ce que  je  suis aujourd’hui. C’est grâce à leurs impôts et taxes que j’ai pu faire mes études à l’extérieur. Que  je sois président ou pas, que je sois politicien ou pas, cela ne me dérange aucunement.

Le Flambeau : Dans quelles perspectives voyez-vous le développement de ce pays ?

Dr Cheick M Diarra : Je pense que ce pays a deux avantages compétitifs : le premier est l’agriculture, nous avons 2 millions  d’hectares à l’office du Niger qui peuvent être aménagé. Imaginez  si nous pouvons produire en moyenne,  même  huit tonnes par hectare pendant deux récoltes.   Ce qui fera 32 millions de tonnes. Imaginez  vendre ça  à l’extérieur. C’est une grande richesse. Au fur et à mesure que la population globale  s’accélère,  la nourriture deviendra un des plus gros problèmes  de l’humanité.

Le deuxième, c’est la population, la jeunesse. Le malien est un entrepreneur né. Dans n’importe quel pays,  le malien est entrain de se débrouiller, on sait comment,  pour créer la richesse. Nous avons des gens brillants dans toutes  les grandes institutions à travers le monde, il faut miser la dessus, former la jeunesse  et donner les ressources  aux entrepreneurs jeunes, même ceux qui n’ont pas été à l’école. Si nous créons  cette richesse à travers nos hommes et nos savoir-faire  innés,  nous pourrons développer ce pays. Si tout le monde travaille que ce soit en fabrication de  savon ou  en teinture,  chacun pourra construire sa maison, ce qui permettra de construire un quartier par la suite une ville et finalement développer un pays.

Le Flambeau : Dans votre intervention vous dites que vous êtes le fils d’un pauvre qui a fait ses études grâce aux impôts et aux taxes. Pensez-vous que cela est possible de nos jours ?

Dr  Cheick M Diarra : Je pense que cela est possible mais il faut un système transparent, il faut la bonne gouvernance. Si vous  voyez que les jeunes filles de mon camp d’excellence  qui malgré des résultats désastreux ont fait 100%. Une  en science exacte avec mention excellente, deux avec mention assez bien et les autres avec mention passable. Si nous avons un environnement transparent,  ceux qui méritent pourront avoir des bourses et aller étudier. Il faut que nous puissions être  transparents et corrects. Il ne faudrait pas que j’appelle au ministère et proposer  une nièce  alors qu’une fille de mon camp qui a la mention très bien soit punit parce qu’elle n’a pas quelqu’un à appeler. Il faut que tous les citoyens résistent à ces tentations et dire non à  ces sollicitations. Il faut que nous nous retournions à un pays où le mérite est récompensé,  Mais pas le réseau de connaissance dans le domaine social. Il faut garder le réseau au niveau social.  Mais s’il s’agit d’outiller et d’armer nos enfants pour construire ce pays, il faudra donner les outils  à ceux qui le méritent. Quand on ne donne pas aux gens qui ont le savoir – faire pour créer  de la richesse et que tout le monde consomme la richesse, il est évident que nous nous en sentirons jamais. Il y’a la possibilité de retourner à la valeur du mérite et cela permettra  à l’enfant d’un pauvre d’aller faire ses études à l’extérieur.

Le Flambeau : toutes ces activités sont financées par des partenaires ou par Docteur  lui-même ?

Dr Cheick M Diarra : J’ai des partenaires pour le camp d’excellence dont 80% sont financés. Mais pour les semences et les engrais, je  n’ai pas encore eu de partenaire, mais cela ne m’empêche pas de les faire. La plus part de mes activités sont financées par moi-même. C’est comme le programme des femmes qui se mettent en association pour faire la teinture, le savon… Mais qui ont des fonds qui ne leur permettaient pas de faire leur  travail correctement, je les aide en créant des crédits avec la banque commerciale ECOBANK par mes propres fonds que je mets comme garantie. Je n’ai pas encore de partenaire pour ça. Avec l’argent que je gagne, j’arrive à me prendre en charge et j’investis le reste dans d’autres personnes pour que nous puissions tous en profiter. Il nous faut aider les gens à se prendre en charge. Au lieu de donner tous les jours du poisson à quelqu’un,  aide lui à pêcher. Ce qui te permettra de faire plus d’économie pour toi. Cessons d’être égoïstes et  soyons plus généreux. C’est pourquoi mes activités s’adressent aux communautés et pas un individu.

 Le Flambeau : ces prêts sont-ils remboursables avec ou sans intérêts ?

 Dr Cheick M Diarra : C’est avec intérêt, mais ces intérêts ne sont pas pour moi. Quand je dépose mes économies à la banque et  quant  elle veut me payer les  6%,  je lui demande de les garder et donner les crédits aux femmes avec 9%  ou  plus d’intérêts puisque les banques prêtent  avec un intérêt de 11 à 15%. Donc ma contribution est de 6%.

Le Flambeau : Quels conseils pouvez-vous donner à  cette jeunesse malienne en particulier et africaine en général ?

Dr Cheick M Diarra : Il est temps que cette jeunesse devienne une jeunesse participante. Qu’elle prenne parti pour son pays. Il faut aimer  votre pays. Il faut décider de tout  ce qui est meilleur pour votre pays et aller le soutenir partout où besoin sera.  Pour cela, il faut qu’elle se compose en une armée de développement. Au lieu de se laisser diviser,  nous avons intérêt à unir cette jeunesse. Manifester sa solidarité les uns vis- à- vis des autres, que ce soit au niveau des études ou de la vie en général. Qu’elle adopte les valeurs propres du bien fait, de l’intégrité, de la solidarité et la passion pour son pays et se mettre ensemble et refuser de se laisser diviser  pour des raisons politiques. Si vous restez comme des espèces de jouets entre les mains  des gens et pour des intérêts très éphémères et matériels ; vous aller rester à voir  votre environnement se dégrader et finalement vous aller finir par hériter d’un continent qui sera sur les rails. Si la jeunesse reste  soudée, elle héritera  d’une Afrique plus meilleure qu’aujourd’hui, il faut développer un nouveau comportement entre vous car votre intérêt personnel ne sera jamais satisfait tant que l’intérêt du pays n’est pas satisfait. Travaillez ensemble et vous allez être jugés positivement  par vos enfants car vous leur léguerez un avenir certain.

 Le Flambeau : Quelles sont vos impressions sur l’initiative de la presse universitaire que Le Journal  Le Flambeau représente aujourd’hui dans notre pays ?

Docteur Cheick M Diarra : Je ne savais pas l’existence de cette presse. C’est  absolument extraordinaire. Les étudiants qui se dotent d’un organe d’information c’est magnifique. Mais magnifique si vous pouvez vous soustraire, vous mettre au dessus des manipulations politiques. Utilisez votre journal pour donner des informations et guider avec les opportunités d’emplois existants, c’est comme votre rôle .Mais de grâce, essayez de vous battre pour rester à l’abri des prédateurs surtout que vous êtes des élèves qui constituent une grande majorité dans ce pays et une grande capacité de mobilisation, cela attire les politiciens. Ils viendront transformer cette presse en une presse biaisée qui va perdre sa crédibilité comme la plupart des presses nationales, que les gens regardent parfois avec tristesse. Lorsqu’on voit certains évènements qu’ils relatent à leur manière, c’est triste et lamentable. Je pris pour que vous puissiez échapper à cette tentation. Si jamais je croise cette presse universitaire et que je peux l’aider à atteindre ses objectifs,  je le ferai et sans arrière pensée. Je le ferai en toute indépendance, en toute simplicité mais pas pour obtenir un certain avantage, il faut que cela soit clair. C’est ce qui est plus malheureux il faut que des gens soient payés  pour dire la vérité mais parfois c’est l’inverse. Ce sont  des gens qui sont plutôt payés pour dire la contrevérité.  L’argent est en train de tout gâté et je souhaite à votre génération d’échapper à cela et je vous le souhaite franchement.

Le Flambeau : Votre mot de fin

Docteur  Cheick M Diarra : Mon  mot de fin,  c’est simplement  dire à tout le monde que la vie est difficile chez nous. Mais nous avons espoir car nous croyons en  la jeunesse et nous prions pour que vous puissiez accomplir ce que vous a été confié (je parle des études) pour pouvoir améliorer notre quotidien. Notre espoir c’est vous en réalité et nous sommes prêts à vous accompagner avec des bénédictions, de bons mots avec le partage de nos expériences. Mais aussi avec nos capacités, sans que cela soit dans un domaine de corruption, pour non seulement gagner un certain avantage et  pour que vous puissiez bâtir un monde meilleur,  mais aussi pour que nous puissions avoir notre vieillesse dans un environnement meilleur. Encore une fois je vous souhaite le mieux de tous. Merci. 

  Propos recueillis par Koumba Sangaré et Chata Sangaré

 Portrait :

Le parcours de Cheick Modibo Diarra

Né en 1952 dans la région de Ségou, Cheick Modibo Diarra est un astrophysicien Malien très réputé dans la communauté scientifique. Il est devenu depuis 2006 le président de Microsoft Afrique. Il est également ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco. Après avoir obtenu son bac au Mali, Cheick Modibo Diarra étudie les mathématiques, la physique et la mécanique analytique à Paris à l’Université Pierre et Marie Curie, puis l’ingénierie aérospatiale aux États-Unis à Howard Université (Washington D.C.). Il est recruté  par la NASA, en tant que premier chercheur africain, il a participé aux programmes Magellan (vénus), Ulysse (Pôle du Soleil), Galileo (Jupiter), Mars Observer et Mars Pathfinder. En 1999, il crée la Fondation Pathfinder pour l’éducation et le développement en Afrique et développe à partir de 2002, un laboratoire de recherche sur l’énergie solaire à Bamako
Il cherche à s’impliquer davantage dans des initiatives en faveur du développement en Afrique.
« La fracture numérique » entre le continent et le reste du monde est pour lui un réel défi pour l’Afrique. Il a alors créé le Sommet africain de la science et des nouvelles technologies (SASNET) qui a déjà tenu plusieurs réunions en Afrique (Gabon, Mauritanie) et a apporté des soutiens à divers projets d’étudiants africains. Il est nommé le 20 Février 2006 à la tête de Microsoft Afrique. La nomination de Cheick Diarra vient soutenir les plans de Microsoft en faveur du développement du projet Pathfinder qui a été lancé comme projet pilote en Namibie. Neuf pays africains ont été sélectionnés pour la mise en place de ce projet, dont l’objectif est de redéployer des PC remis à neuf dans le cadre d’un réseau permettant aux utilisateurs d’utiliser des logiciels modernes qu’ils ne seraient autrement pas capables d’exploiter. Cheick Modibo Diarra a été fondateur et Président du Sommet Africain de la science et des nouvelles technologies (SASNET), Vice-président de
la Commission
mondiale d’éthique des connaissances scientifiques et des technologies (COMEST) de l’ONU, membre de la commission indépendante sur l’Afrique et le millénaire. Par ailleurs, il a été le premier Président-directeur général de l’Université virtuelle africaine et membre de l’Union africaine pour le panel sur la biotechnologie du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) ; il s’est également vu attribuer le prix African Lifetime Achievement Award.  En outre, il intervient activement dans le cadre de l’éducation en Afrique et du développement en octroyant en partenariat avec Ecobank des crédits aux associations féminines et de jeunesse en vue de faciliter leur épanouissement social et économique.

MARIAM SANOGO

 

Commentaires via Facebook :