Chaka Diakité, docteur à l’Inrsp : «Le virus de l’hépatite B est dangereux et mortel»

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Tout comme le sida, l’hépatite B est considérée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un problème majeur de santé publique. Dans le monde, environ 350 millions de personnes seraient porteuses du virus de cette maladie. Celle-ci entraînerait entre 1 et 2 millions de morts par an. Les continents les plus affectés sont : l’Afrique, l’Asie et l’Amérique du nord. Pour savoir davantage sur cette maladie, nous avons rencontré le Dr Chaka Diakité, responsable de la clinique de l’Institut National de Recherche en Santé Publique (INRSP) et gastro-entérologue du département de la médecine traditionnelle. Dans cette interview, Docteur Diakité nous parle de l’hépatite B, de ses symptômes, de ses modes de contraction, de ses moyens de prévention, des risques y afférents et d’autres sujets très importants sur la question.

 

Ciwara Info: Qu’est-ce que l’hépatite B?

Dr. C.D : L’hépatite B est une inflammation des cellules de l’hépatite, c’est-à-dire, une maladie du foie due à un virus appelé l’ADN (Acide Désoxyribonucléique) de la famille des hépadnavirus.

Comment contracte-t-on cette maladie?

Dr C.D : Il y a trois voies pour contracter l’hépatite B. D’abord de la mère à l’enfant, aux rapports sexuels puis aux produits dérivés du sang. Il y a aussi une 4è voie qui est intrafamiliale. On ne peut pas dire systématiquement comment ça se passe, mais le fait que les gens soient très proches familialement peut engendrer une transmission.

Quels sont les facteurs de risque?

Dr C.D : Bon, il peut avoir un problème au niveau du laboratoire, par exemple, si le sang n’est pas systématiquement contrôlé pour voir si la personne n’est pas porteuse. Il peut aussi s’avérer qu’un conjoint du couple porteur du virus le transmet à l’autre. Cette hypothèse de risque est surtout fréquente chez les jeunes, parce qu’ils ne font pas de test pour savoir s’ils sont porteurs ou pas.

Quels sont les moyens de protection contre l’hépatite B?

Dr C.D : Pour s’en protéger, c’est facile. Il y a le vaccin. Il y a l’angélise B mais c’est le vaque qui est sur le marché. Pour les patients qui en sont atteints, la procédure conseillée est de faire le vaccin qui se fait à trois temps. La première fois, vous êtes traité comme un nouveau, un mois après à la même date vous le refaites et six mois vous le ferez encore. Le mieux est de faire le traitement successivement, c’est-à-dire, pendant trois mois et une année après faire un rappel. J’informe que le vaccin n’est pas trop cher et varie autour de 8 000 FCFA. Même si cela semble cher pour certaines bourses, au regard de l’importance du vaccin et de la gravité de la maladie, je crois qu’il est mieux de le faire.

Considérant que le taux de ravage du virus de l’hépatite B est égal ou supérieur à celui du sida, pourquoi le traitement n’est-il pas moins coûteux ou même gratuit?

Dr C.D : Je sais aujourd’hui que les gens sont conscients de la gravité de la maladie, selon les enquêtes. À la question de savoir pourquoi l’hépatite B n’est pas prise en charge, je pense que c’est purement politique. Sinon, je sais qu’il y a une Association de lutte contre le virus de l’hépatite B.

Quels en sont les symptômes?

Dr C.D : Bien, quand on parle de l’hépatite B il faut faire la différence. Il y a une hépatite aigüe, chronique et sub-chronique. Donc ça dépend à quel niveau vous vous situez. Si vous avez une hépatite aigüe vous allez sentir des symptômes comme les maux de gorge, la fièvre entre autres. Les symptômes varient en fonction du type de maladie.

La maladie peut-elle entraîner d’autres problèmes de santé?

Dr C.D : Oui ! Car elle peut entraîner une cirrhose du foie, un cancer du foie et des infections sur les reins, le cerveau et ceux-ci peuvent aboutir au coma. Pour faire le diagnostic, il faut faire une prise de sang appelée le test de l’anti-gaine HPN. Si ce test est positif on peut dire que la personne est porteuse.

Existe-t-il un médicament contre cette maladie?

Dr C.D : Il n’en existe pas comme celui qui combat le palu. Mais, il y a des médicaments qui permettent d’arrêter l’hépatite B. Dans certains cas, ces médicaments neutralisent mais pas toutes les fois. Par exemple, le virus à un stade avancé peut entraîner une fibrose du foie et plus tard une cirrhose du foie. Parmi les médicaments, il y a un vieux appelé l’interféron que l’on appelle maintenant l’interféron P. Il existe également d’autres médicaments qui donnent de très bons résultats. Je rappelle que l’hépatite B ne se guérit pas comme le palu.

L’hépatite B étant traitée dans votre clinique, quel est le taux des personnes porteuses au Mali et combien de personnes sont-elles traitées?

Dr C.D : Le nombre de porteurs au Mali est aux environs de 14,9% selon les tests qu’on a effectués au niveau dela Banque de sang. En ce qui concerne le nombre de personnes traitées, ici, je ne saurais vous le dire. Mais je sais que dans le groupe Soumaya, c’est l’hépatite B qui occupe la deuxième place. Il faut reconnaître que le Malien connait plus le palu et la typhoïde que l’hépatite B. L’hépatite aigüe est très rare, ici. C’est à la clinique qu’on rencontre le plus et parfois on ne peut faire le constat qu’à un stade avancé.

Quel est votre mot de fin?

Dr C.D : Je dirai que les hépatites sont des problèmes de santé publique. Le traitement n’est pas facile que ce soit par la médecine conventionnelle ou traditionnelle. Il n’y a pas de médicament apte à la guérir totalement. Cependant en médecine traditionnelle, on a des plantes qui permettent au patient de maintenir sa force humaine ou d’augmenter son niveau de survie. Mais, les deux traitements combinés font bon effet. Ils permettent de vivre très longtemps avec la maladie.

Réalisée par Dognoumé Diarra

 

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