A Ouagadougou où s’est tenus la négociation entre le gouvernement du Mali et les rebelles du nord sous l’égide du médiateur, Blaise Compaoré, le cantonnement des combattants du MNLA a été décidé mais leurs désarmements avant la présidentielle. Chose que la plupart des maliens ont déploré et dénoncent. Quelques éléments de réponse avec notre reporteur Albadia Dicko.
Mali Demain : Que pensez- vous du cantonnement du MNLA ?
Moctar Coulibaly dit générale ATT junior
« Je ne suis pas du même avis que les autres. Pour moi, il s’agit de rassembler un groupe armée contre un état souverain. Sur France 24, il parlait de cantonnement pour le moment et non le désarmement. Cela n’est pas normal et inadmissible. Les combattants du MNLA doivent être désarmés, puis cantonnés. Si les rebelles ne sont pas désarmés, rien n’est fait car ils vont vouloir tenir tête à l’état. Je pense le cantonnement le désarmement font deux choses et désarmer est la solution. Nous avions tous eu espoir depuis que le Président et son émissaire ont refusé de signer le 1er accord et proposer leurs idées mais hélas ! Ils ont fini par céder. Nous maliens sommes vraiment déçus. Son excellence le président de la république Pr Djoncounda Traoré devrait résoudre ce problème définitivement avant la fin de son pouvoir intérimaire par ce qu’il a la main libre. Surtout qu’il ne cherche pas à être candidat et il ne lui reste que quelques mois. Donc il pouvait vraiment s’imposer. Depuis l’indépendance, le Mali est toujours confronté à ce même problème. Le président Modibo Keita a eu des problèmes avec ces gents, Moussa Traoré, ATT au moment de la transition et Alpha O Konaré et à chaque fois, il y a eu des accords comme le Pacte National, l’accord de Tamarasseck, la flamme de la paix et les accords d’Alger. Nous en avons assez de ces accords ! Nous n’avons plus besoin d’accords venant de qui que ce soit ! Il faut ces rebelles se considèrent comme des maliens. Revendiquer sans arme et qu’ils apprennent à travailler comme tous les maliens que ça soit du sud, de l’est ou de l’ouest. J’espère que la MINUSMA ne sera pas une force d’interposition pour aider les rebelles. Comment pouvez-vous assassiner de paisibles citoyens et égorger des militaires, en suite nous demander d’oublier §. Le sorcier oublie, mais les parents de la victime, n’oublient jamais. Là ou nous sommes, les gents sont déçus. Particulièrement moi-même. Quand au mot Azawad, il n’a vraiment pas de sens. Il faut que les gars du MNLA se considèrent comme des maliens tout simplement ».
Honnorable Alassane abba : député à l’Assemblé Nationale, secrétaire général du parti CODEM
« Nous savons qu’il y avait eu un 1er accord que le président de la république par intérim, le Pr Djoncounda Traoré et son émissaire Tiébilen Dramé, n’avaient pas voulu signer. Nous ne savons pas vraiment les raisons. Mais nous espérons qu’ils agissaient dans l’intérêt d’un Mali un et indivisible. En tout cas nous mettons en garde contre un accord qui porte en lui des germes de déstabilisation. Nous sommes d’accords avec le principe accord entre les fils du même pays. C’est normal mais il faut qu’il y ait une issue favorable car il y a eu pas mal d’accords qui par la suite se sont avérés négatifs par ce qu’ils étaient mal ficelés, mal conçus sur le dos du peuple malien. On ne veut plus des accords de ce genre. Pour nous, tout accord sur le nord doit impliquer toutes les communautés du nord et les valeurs d’une grande nation. Le Mali c’est Kidal, Gao, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Kayes, Koulikoro et Bamako. La grande contradiction c’est de lancer un mandat d’arrêt international et aller discuter avec les mêmes personnes pour dialoguer. Etiologiquement Azawad c’est une cuvette comme Bandiagara, elle ne peut pas être une République. Le Kaarta a existé mais est ce qu’on acceptera que quelqu’un vient dire qu’il réclame la république du Kaarta. Mais est ce que la France acceptera donner une parti de son territoire aux maliens qui sont là-bas par ce qu’ils ont duré et qu’ils sont nombreux. Nous sommes une mosaïque de personnes et de culture ; d’ailleurs ceux de Kidal sont les plus métissés. Au Mali il n’y a plus de race 100/100 tout est métissé. Je dirai de ne jamais cantonner ces gents là. Nous l’avons toujours fait et chaque fois ils désertent en apportant des matériels militaires et beaucoup d’hommes. Il faut les désarmer et les suivre de près même dans leur vie civile. Qu’on cesse de prendre n’importe qui dans l’armée et que tout le monde ait accès avec la même méthode de recrutement sur tout l’étendu du territoire. Nous sommes contre tout ce qui mettra en doute l’unité nationale de nôtre pays ».
Sergent Abdoul Aziz Diallo du Mouvement Patriotique Ganda Koye
« Je suis contre cet accord. Et je suis sûr et certain que ce n’est pas une bonne solution. Qu’il pleuve ou qu’il neige, Kidal sera libérée. Donc, nous n’avons pas besoin de négocier un quelconque cantonnement qui n’a aucun sens surtout avec des ennemis de la nation. A vraie dire, ce problème est la faute du MNLA ».
Abdrahamane Traoré : électricien
« L’accord de Ouaga n’est pas une bonne chose car, ce n’est pas bien de cantonner seulement ces rebelles qui ont fait tant de mal à leur patrie. Il est question de savoir si ce sont de vrais maliens d’abord, en suite procéder à leur arrestation pour pouvoir les juger. Il est clair qu’il ne peut pas y avoir deux armées dans un même pays. Le MNLA doit être désarmé de gré ou de force ».
Honorable Mahamadou Hawa Gassama Diaby: député à l’Assemblée Nationale
D’abord je tiens à vous saluer vous les journalistes pour l’effort fourni dans cette crise pour sauvegarder de la paix au Mali.
Nous reconnaissons ce que la France a fait pour le Mali et nous en sommes reconnaissants. Mais la France ne doit pas nous imposer quelque chose qui ne va pas dans notre intérêt. François a dit que les élections auront lieu à Kidal, à la date prévue et en présence de l’armée malienne. Je suis sûr qu’il va tenir sa parole. Et ce qui est certain, nos morts qui sont dans les cimetières, les nouveaux nés et mêmes les fous n’accepteront pas la partition du Mali. Non tout sauf cela !
S’agissant du mandat d’arrêt internationale lancé contre les mêmes groupes, cela n’a rien avoir avec les négociations de Ouaga. Quant aux rebelles ils savent qu’ils doivent céder sinon il y a une autre manière. Notre armée est moralement, physiquement et financièrement reformée et nous leur faisons confiance
Fatoumata Dicko : étudiant
« Je pense que dans un Etat digne de ce nom, il doit y avoir un seul gouvernement et une armée. Si le MNLA peine à comprendre cela, que le gouvernement du Mali agisse en conséquence. En aucun cas, je n’accepterai le cantonnement de ces gents là qui ont commis toute sorte d’exaction possible comme le viol, le vol, le mariage forcé, les tueries, amputations, j’en passe. Notre jeune génération avions toujours vu nôtre beau pays comme un exemple de paix, de démocratie et d’entente. Tout cela est nouveau pour nous. Je demande à nos pères, frères, mères et sœurs qui ont un rôle dans cette crise, de penser à nous. Nous sommes fatigués et nous voulons de grâce étudier tranquillement sans d’autres soucis qui nous mettrons en retard inutilement. Nous voulons la paix.
Mr Sidi L Dembélé : ancien conseiller à la mairie de la C lll et président de l’Association Djiguiya
D’abord je ne suis pas d’accord que Dioncounda choisisse Tièblé Dramé pour aller négocier avec le MNLA à Ougadougou sans demander l’opinion nationale. Il doit être choisi lors d’une concertation nationale et puis le MNLA n’existe pas sur le terrain, c’est juste un jeu politique. Cet accord de Ouaga est comme l’accord d’Alger dont ATT président en son temps, a donné de l’argent aux députés pour qu’ils le signent sur le dos des maliens. Mais avant il y avait le pacte nationale dans lequel on parlait de la démilitarisation du Nord. Je suis contre la négociation avec le MNLA à plus forte raison de les cantonner.
Je profite de l’occasion pour dire au gouvernement de mettre fin à l’état d’urgence. Les députés qui représentent le peuple sont inefficaces et inefficients si non l’article 72 précise que l’état d’urgence et l’état de siège sont décrétés par un pouvoir légitime en Conseil des Ministres. Dans le cas actuel du Mali l’article 37 dit « c’est le Président élu démocratiquement pour 5 ans » ce qui n’est pas le cas donc personne ne peut décréter l’état d’urgence pour le moment ni le gouvernement, ni l’Assemblée illégitime. Article 121 la forme républicaine de l’Etat ne peut être remise en cause. Le peuple a le droit à la désobéissance civile pour la préservation de la forme républicaine de l’Etat. Principes de la charte de l‘Unité Africaine concernant le non ingérence respectives, ainsi que le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des Etats. Ils précisaient que « la stabilité et la sécurité de chacun des pays sont indispensables à la stabilité de l’ensemble de la sous région », et que « la mobilisation pour la solidarité régionale » ainsi que la coopération internationale » étaient nécessaires. Pour terminer je dirai que le Mali est un et indivisible ».
Mohamed Dagnoko depuis Dakar
« Je pense que le document proposé par la médiation Burkinabè n’est pas acceptable pour la partie Malienne car faisant la part belle du MNLA et la HCUA. Si non comment expliquer que le MNLA reste en possession de ses armes et pour quoi resteraient-ils cantonnés si ce n’est de former une force de riposte? Le document fait dans le clair obscure en ne déterminant pas comment et quand aura le désarmement total de ces gents. Pour quoi avoir cohabité avec eux lors de leur retour de la Libye avec les armes en bandoulière? Voila ou cela a conduit amené nôtre pays. Et puis quand le MNLA et le HCUA demandent que soient parqués nos soldats entre les forces étrangères et que cela aient été acceptés par Ouaga, quand la France par la voix de son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius dit que ce document est sans reproche. C’est à croire que le Mali dans cette histoire est seule contre tous ».
Hamadoun Dicko : technicien de commerce et président de l’APEF
« Pour quoi, discuter avec ces bandits armés à plus forte raison les cantonner ? Moi je dis non et tous les membres de mon association (Association Promo Enfance Femme) sont contre. Si c’étaient des Maliens et qu’ils revendiquaient un droit, il n’y a pas de problème mais ces gents pensent que les Maliens occupent leur territoire d’où l’emploi du mot libération qui est inconcevable. Les militaires doivent continuer leur progression sur Kidal sans délaie et l’armé française ne peut pas les empêcher. La France retournera bredouille dans cette histoire elle aurait du mieux faire de négocier directement avec les autorités Maliennes. Dans les présentes circonstances, une trahison de sa part fera oublier toutes les exactions de son prédécesseur. S’il parvient à tenir tête à ces apatrides et les ennemies du pays ; le mali lui sera éternellement reconnaissant. Modibo Keita a toujours dit plutôt la mort que la honte.
Propos recueillis par Albadia Dicko