Bassary Touré, Vice-président de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) \”Mon rêve, c’est d’aider le Mali à réaliser un hôpital pour les grands blessés de la route\”

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Seul rescapé du grave accident de la circulation qui a coûté la vie, le 20 novembre 2010 au général de Brigade Amadou Baba Touré, conseiller spécial du président de la République, et au colonel Lamine Diabira, directeur du Centre d’Etudes Stratégiques du ministère des Affaires Etrangères, Bassary Touré, qui s’en est  tiré avec des fractures aux membres inférieurs et supérieurs, après des soins intenses à Djeddah, a repris, depuis trois mois,  son poste de Vice-président de la BOAD à Lomé.  Il a fait le déplacement de Bamako à la faveur de la semaine de l’intégration qui vient de prendre fin et  à laquelle il a pris part. Nous avons saisi l’occasion pour nous entretenir avec lui.

L’Indépendant : Monsieur Bassary Touré, vous êtes de passage au Mali dans le cadre des activités de la semaine de l’intégration africaine. Pouvez-vous nous dire comment vous vous portez ?

Bassary  Touré : Dieu merci, je me porte bien. Bien évidemment, je suis encore en rééducation pour ma main gauche. Mais avec les kinésithérapeutes et les ergothérapeutes, tout se passe comme si c’était  déjà réglé. Je me donne un petit laps de temps pour que tout soit complètement dans les formes. En plus, je marche beaucoup, un exercice que, au demeurant, je pratiquais sur des kilomètres avant même l’accident. Donc raisonnablement, j’estime que je vais très bien.

 

L’Indép. : Ça n’a pas entamé vos activités professionnelles ?

 

BT : Non. J’ai commencé à travailler. Depuis trois ou quatre mois je travaille jusque dans l’après-midi. Je suis des séances de kinésithérapie ou de  balnéothérapie ou de marche. L’accident n’a  pas entamé mes aptitudes  habituelles. J’ai tout juste eu quelques fractures qu’il fallait redresser tout simplement. Ce qui est en cours de redressement.

 

L’Indép. : Pouvez-vous nous parler des circonstances précises  de l’accident?

 

BS : Circonstances précises de l’accident ce serait trop dire. Disons que, à l’instar des millions de personnes, j’ai voulu faire mon pèlerinage à la Mecque, cette année. Le  pèlerinage, le 7ème pilier de l’islam, est évidemment un grand moment d’exaltation, de régénération, de pensée par rapport à Dieu.

Il s’agit également de remise en question : comment faire pour  mieux s’insérer dans la société ? Comment rendre grâce à Dieu de tous les privilèges qu’il nous a offerts ?  Comme tout bon musulman, mon souhait, c’était donc d’accomplir le pèlerinage. J’avais déjà effectué la Omra mais pas le grand pèlerinage. J’avais pris donc la ferme  résolution d’ y aller. J’ai donc accompli le pèlerinage dans son intégralité.

A la fin du pèlerinage, je voulais aller prier à la mosquée du prophète (PSL) à Médine comme l’exige la tradition. Comme nous n’avions pas d’avion-il y avait jusqu’à 5 millions de pèlerins et il n’y avait pas de place dans les avions.

Finalement, je me suis résolu à prendre un taxi que le Consulat a mis à notre disposition. Et voilà : c’est comme cela que l’accident a eu lieu. Et curieusement quand l’accident a eu lieu je dormais si bien que je ne l’ai pas vu venir. Je me suis seulement réveillé à l’hôpital pour constater que je n’avais pas de lésions au niveau des organes vitaux comme on peut le craindre en cas d’accident : tête, colonne vertébrale, reins. J’avais des fractures aux deux mains et aux deux pieds. Mon cas était donc loin d’être désespéré. Le point qui pouvait être sérieux était le cas du nerf radial. Le nerf radial, c’est comme le nerf sciatique, m’a-t-on expliqué. Il fallait donc le dégager. L’on est alors passé par une intervention chirurgicale pour que le nerf radial puisse continuer à remplir ses fonctions. C’est ce qui a été fait et explique que les doigts doivent être progressivement  éduqués dans la mesure où  je suis resté trois mois à l’hôpital dans des positions d’immobilisation. Cela a gêné la circulation du sang. Autrement dit, il faut réapprendre aux organes à travailler comme ils avaient l’habitude de le faire. Dieu merci, là aussi j’ai eu beaucoup de chance car j’ai été bien traité à Djeddah qui dispose d’un plateau technique très bon. Par mesure supplémentaire de précaution, j’ai été à l’Institut National des Invalides à Paris où l’on m’a confirmé que les opérations  étaient  bonnes et on m’a aussi prescrit la rééducation, l’ergothérapie notamment. J’ai été ainsi doublement rassuré. Ce qui veut dire maintenant que le reste est une question de patience et de volonté.

Ce que j’ajouterai simplement, c’est que quand on va en pèlerinage à la Mecque, on y va toujours pour être un meilleur homme. Malgré la gravité de l’accident, j’ai eu la vie sauve grâce à Dieu. Ce qui est un vrai miracle puisque je suis le seul rescapé. Ce n’est quand même pas banal. En plus de cela, comme par une protection divine, je ne me souviens même pas des circonstances de l’accident. Tout se passe comme si j’étais la solution la moins compliquée, la plus favorable. Je remercie donc Dieu. Naturellement ceux qui sont passés par les accidents de ce genre dans la réflexion se disent : "Mon Dieu, qu’est-ce que j’aurais pu faire ?".

Pour l’avenir, s’il m’est donné l’occasion d’aider à réaliser ou à financer un hôpital pour grands blessés de la route, ça c’est un de mes rêves. C’est une des conclusions de mon pèlerinage. Sur le plan des émotions, c’était très difficile, mais en même temps cela donne beaucoup à réfléchir, notamment sur la vie qu’on considère parfois comme banale.

Pour répondre à votre question, je remercie le bon Dieu et je peux dire raisonnablement que ça va bien.

Entretien par Yaya SIDIBE

 

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