Du 10 au 14 mai 2016, à l’invitation d’un de ses amis, le président de Solidaris223 a séjourné à Kidal, la 8ème région administrative du Mali. Un voyage qui a beaucoup marqué Balla Mariko. Dans cet entretien, il nous a livré ses impressions, ses inquiétudes, mais aussi ses espoirs.
Le Reporter Mag : Qu’est-ce qui a motivé ce voyage à Kidal ?
Balla Mariko : J’ai été invité par Sidi Almehdi Albaka dit Malko, un ami kidalois. Je n’ai pas hésité un seul instant à dire oui. Kidal est une énigme pour le reste de la population malienne. J’ai été choqué en voyant l’état de la 8ème région administrative de mon pays.
Quelles sont les activités que vous y avez menées ?
En tant qu’humanitaire, j’ai cherché à savoir s’il y avait possibilité de faire un don à l’hôpital ou au CCRF. Le CCRF m’a été recommandé et j’ai effectué une remise de don d’environ 400 couches T1 et une centaine de vêtements pour les nouveau-nés. J’ai aussi tenu à rencontrer les femmes de Kidal. Ce fut lors d’une réunion avec 104 femmes et environ une cinquantaine d’hommes. Nous avons échangé sur les difficultés de la vie courante et les possibilités pour trouver des AGR (Activités génératrices de revenus) à impact rapide. J’ai visité deux écoles (Centre de formation accélérée et curative) qui accueillent des élèves de 6 à 12 ans. Des écoles gérées, sans les femmes qui en sont les initiatrices. J’ai enfin visité les zones où les femmes de Kidal font du maraîchage. Malgré le manque d’eau, elles se débrouillent.
Comment avez-vous été accueilli par les populations ?
L’accueil était chaleureux ! Malgré la problématique que nous connaissons, je n’ai pas senti de différence entre Kidal et Bamako.
N’avez-vous pas craint pour votre sécurité ?
(Rires). Non ! Je n’ai jamais eu peur pour ma sécurité. Je suis humanitaire, je cherche donc à apporter des solutions aux problèmes de base de mes frères et sœurs.
Quels sont les besoins urgents pour ces populations, notamment les femmes et les enfants ?
L’eau vaut de l’or à Kidal. Trouver une solution pérenne à ce problème crucial soulagerait tout le monde. Il faut rapidement trouver le moyen de scolariser les enfants, sinon c’est une pépinière de futurs combattants qui est en train de voir le jour sous nos yeux. Lors de la réunion avec les femmes et lors des différentes visites, des préoccupations et des besoins ont été émis. C’est maintenant de mon devoir de trouver une réponse rapide.
Depuis votre retour, avez-vous pris des initiatives dans ce sens ?
Dès mon retour, j’ai sollicité auprès d’Open-Mali, une association partenaire de Solidaris223, l’obtention de kits scolaires. Je tiens à remercier le président de cette association pour sa réactivité. En effet, aussitôt demandé, aussitôt donné. Et les kits ont été expédiés et sont utilisés par les écoliers à Kidal. Le vendredi 17 juin 2016, nous avons également été invités pour défendre notre projet pour les femmes de Kidal, lors de la cérémonie de rupture de jeûne organisée par l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, à l’hôtel Radisson Blu de Bamako. Cette cérémonie réunissait les responsables d’associations et les opérateurs économiques. Avec mon ami Sidi Almehdi Albaka dit Malko de «Kidal Respire Le Mali», nous avons défendu le projet d’achat de motopompes pour les femmes de la Cité de l’Adrar des Ifoghas. Dieu merci, deux opérateurs ont été séduits par cette initiative et ont promis de financer le projet à hauteur de 1 800 000 Fcfa. Séance tenante, l’un a même déboursé la somme de 250 000 Fcfa sur place. C’est le lieu de remercier l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, et son équipe pour cette initiative qui a permis à plusieurs projets d’être financés. Nous continuons à nous battre pour avoir d’autres soutiens financiers et matériels au profit des femmes et des enfants de Kidal.
Pensez-vous que Kidal a encore un lien avec le Mali ?
Jusqu’à preuve du contraire, Kidal est la 8ème région administrative du Mali. Les deux seuls lieux visités sont Orange et Malitel parce que l’administration y est absente pour le moment.
D’après vous, quelle est la solution aujourd’hui à la situation de Kidal ?
Un dialogue franc et sincère entre les fils du Mali ainsi que des actions concrètes à impact direct pour soulager le quotidien des Kidalois.
Où se situe le blocage du processus de mise en œuvre de l’accord pour la paix, selon vous ?
En tant qu’humanitaire et n’étant pas au cœur de l’activité politique, je ne peux pas me prononcer là-dessus.
Compte tenu de votre engagement socio-humanitaire, ne pensez-vous pas que vous devez vous engager en politique pour faire bouger les lignes ?
(Rires) ! On me pose cette question à longueur de journée. Je suis à mon dernier mandat à la présidence de Solidaris223. Lorsque je quitterai, je prendrai une décision. L’engagement politique pour faire bouger les lignes est un acte patriotique. Et la situation actuelle du pays appelle à l’engagement de tous. Un ami me disait que ne pas faire de la politique, ce serait une trahison, tellement que les choses vont dans le mauvais sens.
Quel appel avez-vous à lancer aux Maliens en faveur de la paix ?
Un peuple ! Un but ! Une foi ! Nous devons comprendre que personne ne viendra faire le Mali à notre place.
Propos recueillis par Moussa BOLLY