Babani Koné en exclusivité à Bamako Hebdo : «La polygamie est une tradition au Mali. Mais chaque femme doit avoir son petit secret pour gérer son homme, voire son foyer»

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Babani Koné, l’une des grosses pointures de la musique malienne,  est en hibernation depuis quelque temps. Ses sorties ne sont plus fréquentes comme avant. Mais ce recul de la scène cache mal la préparation d’un retour en force sur les podiums, grâce à une nouvelle production.  Un album et une cassette qui sont en gestation. Au sujet desquels nous avons discuté avec Sirani, comme l’appellent les fans, dans l’entretien exclusif qu’il nous a accordé et au cours duquel elle parle de la société malienne, du développement de la culture, de la polygamie, entre autres sujets brûlants de l’actualité nationale.

Bamako Hebdo : Cela fait longtemps qu’on n’entend plus parler de vous. Que devient la sirani nationale ?
Babani Koné :
Dieu merci, Sirani se porte à merveille. Je viens juste de passer un moment difficile avec la disparition de mon père. Sinon tout va très bien.

A quand la sortie d’un prochain album ?

La sortie de mon nouvel album ”Maliba” est prévue pour ce mois de juillet, inchallah. C’est un album  qui comporte14 titres sur le CD et 12 sur la cassette. Chacun y trouvera son goût.

Pourquoi avoir baptisé cet album Maliba ?
J’ai décidé de le nommer ainsi pour prouver que le Mali est une terre d’hospitalité  et de traditions séculaires et qu’on doit être fier de nos valeurs sociétales. Nous avons la chance d’avoir un pays dont, jusque-là, beaucoup de personnes ne mesurent pas toute son importance. Le Mali est un pays riche et diversifié, qui a connu de grandes personnalités.

L’une de ces richesses est sa diversité culturelle et son cousinage.  C’est pourquoi, à travers cette œuvre, j’ai fait des compositions dans tous les genres musicaux du Mali. Les mélomanes, qu’ils soient du nord ou du sud, de l’est ou l’ouest, y trouveront leur goût.

C’est un album qui a été réalisé au Mali. Il a été arrangé par le maestro Cheick Tidiane Seck avec la participation du batteur de Madona venu spécialement pour cet album. Il s’agit du mari d’Awa Sangho, Daniel Morano. Guimba Kouyaté y a aussi participé.

En dehors de l’hommage que vous rendez au Mali, quels sont les autres thèmes abordés dans cette œuvre ?
A part Maliba, j’aborde des thèmes qui parlent de l’amour, la paix, l’entente, et la polygamie, entre autres.  Donc, j’aborde des sujets se rapportant surtout aux phénomènes sociaux

Pourquoi la polygamie ?
C’est juste pour faire comprendre aux femmes, mes sœurs, que la polygamie est une réalité dans notre tradition africaine. Elle est aussi recommandée par notre religion. Je ne vois pas de problème  à cela.  Mais il y a lieu de préciser que chaque femme doit avoir sa manière, ses manies propres,  pour bien gérer son homme  et consolider la cohésion de son foyer.

Est-ce une manière de dire que vous êtes pour la polygamie ?
Je ne dirais pas le contraire, mais il faut que les femmes sachent que la polygamie est pratiquée au Mali et qu’on doit savoir la gérer. Je suis issue d’un foyer polygamique et cela n’a rien changé dans ma vie. Je reste égale à moi-même. Comme je l’ai dit tantôt, chaque femme doit avoir son petit secret pour gérer son foyer.

Peut-on savoir votre petit secret ?
C’est confidentiel ! (Rire)
Cet album a été conçu toujours dans la même veine que le précédent ?
Il est différent du précédent dans lequel j’ai rendu un vibrant hommage à tous mes fans et jatigiw.  Cette fois-ci, je rends hommage à une seule jatigi, en l’occurrence Mme Ben et Co. A part cet hommage, j’ai fait des compositions dans lesquelles je prodigue des conseils. Mais toujours dans le style acoustique.

L’album ”Gnoumadon” a fait un véritable carton tant sur le plan national qu’international. Est-ce que Sirani s’attendait à ce succès ?
Bon, je dirai encore Dieu merci, vu le succès qu’a connu cet album. Après avoir remercié Dieu, je dirai également que c’est le travail qui m’a permis d’obtenir un tel résultat. Mais je rassure mes mélomanes que, pour ce nouvel album,  Sirani a encore bossé dur et leur promet quelque chose de plus croustillant.

Qu’est-ce qui fait que vous êtes considérée aujourd’hui  comme une artiste incontournable sur le plan musical au Mali ?
Le mot incontournable est très fort pour moi. Je dirai plutôt que ce sont des artistes comme Salif Kéïta, Oumou Sangaré, Toumani Diabaté et bien d’autres qui sont incontournables. Moi, je ne suis qu’une jeune artiste qui a connu un succès grâce au bon Dieu et aux bénédictions de ses parents.

 Qu’est ce qui explique ce succès ?
Ce n’est rien d’autre que ma foi en Dieu. Je suis une croyante et je me dis toujours que tout ce qui m’arrive est l’œuvre de Dieu.

Et, également, mon amour pour mon prochain y est pour beaucoup dans mon succès. Je suis animée de bons sentiments pour mon prochain. Plus particulièrement envers les enfants et les jeunes avec qui je partage beaucoup de choses.

Qu’est-ce que vous partagez avec les jeunes ?

Un peu de tout. On parle de la vie et je leur conseille de faire extrêmement attention aux fléaux qui minent la société actuellement,  comme le SIDA. Je leur dis de se protéger contre cette maladie qui est une triste  réalité.

Cela vous fait combien d’années de carrière ?

J’ai 22 ans de carrière musicale.

Durant ces 22 ans, qu’est-ce que la musique vous a apporté ?
En un mot, je dirai que la musique m’a tout donné. C’est grâce à la musique que j’ai obtenu cette maison, ma voiture et même mon billet pour le pèlerinage.

Tous les biens que je possède, je les ai eus à travers la notoriété que m’a donnée la musique.

Quelle appréciation faites-vous  de la nouvelle génération ?
C’est une génération très prometteuse et qui pourra dignement faire la fierté de la musique malienne.

Etes-vous sûre qu’elle pourra relever ce défi ?

A condition qu’elle travaille dure et  qu’elle accepte d’écouter les conseils des ainés.

Quels conseils pour cette génération ?
Je lui demande d’être humble et de se mettre au même niveau social que tout le monde car il ne sert à rien d’être orgueilleux.

Le monde est petit, mais on ne peut pas tout connaitre. On ne fait qu’appendre chaque jour que Dieu fait.
                             Réalisé par Bandiougou DIABATE

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