La vision stratégique de l’Autorité routière est de couvrir de façon satisfaisante et pérenne le financement des besoins d’entretien routier afin d’assurer un bon niveau de service à toutes les infrastructures routières du pays. Estimant que le respect des normes d’utilisation des infrastructures est un facteur important de leur entretien, l’Autorité Routière en appelle de tous ses vœux quant à la protection du patrimoine routier. Des actions menées au cours de l’année qui s’achève aux perspectives de 2017, en passant par les défis structurels et conjoncturels auxquels sa structure est confrontée, le Directeur Général de l’Autorité Routière, Baba Moulaye Haidara ne tarit point d’arguments. Entretien.
Quelles sont les actions concrètes qui ont été menées courant 2016 en termes de reformes, de financement et de bonne gouvernance ?
Concernant les reformes, il convient de citer la poursuite de la relecture des textes de l’Autorité Routière pour tenir compte de certaines insuffisances constatées. Nous aspirons à plus d’autonomie et à l’élargissement de notre domaine d’intervention qui ne couvre pas le financement de nouvelles infrastructures.
Pour le financement, je suis heureux de vous annoncer que les prêts bancaires contractés en 2015 ont permis de prendre en charge le GAP constaté d’année en année entre les besoins en ressources d’une part et celle mobilisables d’autre part. Cette situation a toujours compliqué les procédures de planification des travaux d’entretien routier conduisant au niveau de la DNR à des arbitrages souvent difficiles.
Au sujet de la gestion transparente des ressources, il faut noter la reprise et signaler la poursuite des audits techniques et financiers des travaux d’entretien financés par l’Autorité Routière au titre des années 2013, 2014 et 2015 conformément à l’Article 17 du Décret N°01-283/P-RM du 03 juillet 2001 portant organisation de l’Autorité Routière et les modalités d’exécution des travaux qui stipule que « indépendamment de la révision des comptes…le conseil d’administration prescrit périodiquement les audits techniques et financiers des opérations financées par l’Autorité ».
Quels sont les grands projets de l’Autorité Routière en cours de réalisation ?
Les actions en cours de réalisation sur le terrain porte sur le financement de l’entretien courant des routes au titre de l’année 2016 pour un montant de 27 281 615 457 FCFA dont la réparation des bacs de traversée, l’entretien périodique et/ou la réhabilitation des grands ouvrages sur les différents corridors. Il s’agit notamment des ponts de Kayes sur la RN1, de Takoutala sur la RN16, de Bani sur la RN6 et de Kouoro Barrage sur la RN11. A ceux-ci s’ajoute le co-financement, avec l’Union Européenne, des travaux d’Entretien Courant à Haute Intensité de Main d’œuvre « HIMO » pour les exercices 2016-2017-2018 d’un montant de 14 759 032 500 FCFA avec un décaissement annuel de l’ordre de 4 919 677 500 FCFA. La quote-part annuelle de l’Autorité Routière se chiffre à environ 1 milliard FCFA.
L’application intégrale du Règlement n°14/2005/CM/UEMOA du 16 décembre 2005 fait également partie des grands projets de notre structure. Le gouvernement, à travers le département de tutelle, a exprimé une volonté politique forte par la mise en place d’un comité de pilotage regroupant l’ensemble des parties prenantes avec un accompagnement soutenu des partenaires, dont l’Union Européenne.
Nous travaillons également à la mise en place de nouveaux modes de paiement des frais de péage, notamment par voie électronique ou abonnement, et la modernisation du système de travail à la Direction Générale à travers l’informatisation des procédures. Et enfin, les efforts sont en cours pour aboutir au financement du programme pluriannuel d’entretien routier au titre des exercices 2017 et 2018 sur les principaux corridors de desserte du pays ; au renforcement du partenariat avec les usagers de la route à travers les systèmes d’abonnement direct pour le paiement de la redevance péage ; ainsi qu’à l’amélioration du partenariat avec les institutions financières pour une meilleure mobilisation des ressources en faveur du financement de l’entretien routier.
4°) Quelles sont les difficultés rencontrées par l’Autorité Routière dans le cadre de l’entretien routier ?
Les principales difficultés liées au financement de l’entretien routier portent essentiellement sur : l’inadéquation entre les ressources disponibles et les besoins réels ; l’insuffisance des sources de financement et le faible niveau de celles existantes (redevance d’usage routier sur les produits pétroliers, la redevance péage etc.) ; le retard dans le paiement des prestations (Agences, Entreprises, Bureau d’Etudes Techniques, prestataires etc.) en raison d’insuffisances avérées dans la préparation des justificatifs des montants encaissés ou pour cause d’envoi groupé des demandes de décaissement par l’AGEROUTE. Dans ce second cas, le risque de rejet est très élevé surtout en cas d’insuffisances observées dans l’établissement des pièces ; et le chevauchement des travaux d’entretien routier d’une année à une autre. Etc.
5°) en matière d’entretien routier, qu’est ce qui a changé depuis votre arrivée à la direction générale ?
Notre équipe, sous l’impulsion du département de tutelle, s’est déployée au rehaussement substantiel des ressources destinées à l’entretien routier par le biais de : l’augmentation de la redevance d’usage routier sur les produits pétroliers qui est passée de 25 francs le litre à 35 francs le litre depuis 2015 ; les emprunts bancaires, qui permettent d’avoir des fonds disponibles à tout moment ; l’amélioration des recettes de la redevance péage ; le versement intégral des fonds issus des pénalités de surcharge dans le financement de l’entretien routier ; la modernisation et l’optimisation des postes de péage et pesage, et l’amélioration du cadre de travail des agents de péage/pesage à travers la réhabilitation des postes de péage/pesage ainsi que leur équipement en forage d’eau.
L’Autorité Routière du Mali, à l’instar des autres fonds d’entretien routier, peut et doit jouer un rôle moteur dans le processus de relance économique, sociale et culturelle en assurant le financement qualitatif et quantitatif des travaux d’entretien routier. Si les Partenaires Techniques et Financiers nous font l’amitié de contribuer à la réalisation de grands projets routiers, il nous revient de nous investir pleinement dans le financement de leur entretien et de leur protection.
A ce titre nous devons continuer à innover, mettre la qualité et toute la rigueur requise dans la mobilisation et la gestion des ressources financières et humaines destinées à l’entretien routier. Aussi, nous devons veiller aux bonnes conditions d’utilisation des infrastructures par le respect des normes en la matière.
Source Magazine METD